
Au cours du XXème siècle, Agaguk, le fils du shaman d'un village inuit, se fache avec son père, poignarde un négociant blanc installé auprès d'eux et part s'installer à l'écart avec sa femme Igiyook...

Jacques Dorfmann, un nom qui reste pour beaucoup associé au naufrage "Vercingétorix", sa troisième réalisation. Mais aussi un producteur au palmarès desquels nous trouvons des projets aussi courageux que "L'armée des ombres" ou "La guerre du feu".

"Agaguk" est sa seconde réalisation, après "Le palanquin des larmes", il s'agit d'une production franco-candienne, transcrivant un roman d'aventures du québecois Yves Thériault.
Dès le générique, à l'audition des premières mesures tonitruantes et surexcitées de Maurice Jarre, nous comprenons que Dorfman veut se la jouer hollywoodien, grand film d'aventures à grand spectacle. Si l'on s'attend à un film d'eskimo à tendance documentaire, comme "Kooblanak" ou "Nanouk", on en sera pour ses frais. Dès le départ, le casting choque. Bernard-Pierre Donadieu est très mauvais dans le rôle d'un négociant sans scrupule, mais il est vite écarté de l'histoire. Lou Diamond Phillips fait ce qu'il peut dans la limite de son talent pour incarner le rôle-titre, et il s'en sort honorablement. Toshiro Mifune et Jennifer Tilly en inuits hirsutes, je ne vous cache pas qu'au début...



Si on peut comparer des films comme "Aux sources du nil" ou "Aguirre" à des films d'aventures pour adultes, dans la tradition de Joseph Conrad, "Agaguk" paraît quelque plus simple, plus infantile, plutôt dans l'esprit Bibliothèque verte ou des livres Rouge et Or. Les eskimos parlent en anglais typé "indien du far west" ("Homme blanc écouter paroles du grand esprit..."). Si, dans un premier temps, on est rebuté par pas mal de maladresses et de détails un peu Z, comme cette peu convaincante attaque d'ours polaire, il faut reconnaître qu'"Agaguk", en dépit de sa mauvais réputation, s'avère un spectacle honnête. Certaines scènes d'action (signées en fait Christian Duguay) marchent plutôt bien, comme le combat contre la baleine. La beauté du voyage et des paysages canadiens, la morale certes un peu simple, mais néanmoins touchante, fait son effet ; on finit par s'attacher à ses faux eskimos de cinéma et au destin de leur peuple, voué à être broyé, vivant selon des valeurs incompréhensibles pour leurs conquérants blancs. "Agaguk" est un film boiteux et maladroit, mais il fait passer une certaine conviction...
Il existe en dvd française chez Opening. Il passe en ce moment sur ciné cinéma famiz en 2.35, stéréo d'origine, en VM français et anglais, l'anglais étant la vraie langue de production).