être papa au sein du fantastique

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mercredi
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être papa au sein du fantastique

Message par mercredi »

Nul besoin de dire à qui je pense en rédigeant ces quelques lignes :)
Constatons d’abord la récurrence tant littéraire que cinématographique d’un motif quasi obsessionnel: l’Absence du Père, celle qui dès l’Antiquité (“L’Odyssée”) ne cesse de générer fantasmes, tristesses et craintes afin de susciter chez maintes rejetons l’envie de retrouver un géniteur, figure emblématique des Origines.
Moins enclins à se lancer dans l’aventure (les exceptions telles “La Secte sans nom” et “Abandonnée” confirment la règle), les garçonnets et petites filles de l’Épouvante tendent au contraire à consacrer une disparition perçue comme nécessaire à la “mythique” fusion Mère/Enfant. Éjecté dans les méandres d’un monde parallèle (“Silent Hill”) ou d’une mémoire fort lacunaire (“Baby Blood”), les pères s’effacent devant l’extrême violence d’une passion qui, bien souvent, s’avère destructrice (“Psychose”, “Le Cercle infernal”). Réelle ou fantasmée (de multiples veufs appréhendent spontanément la perte des êtres aimés comme “Une” - “The Changeling”; “Obsession”), cette assimilation des femmes à leur progéniture singularise l’évanescente présence d’un “étalon” dorénavant considéré comme l’Étranger. Victime de ces terribles petits Oedipes, le père s’accommodera plus ou moins bien de la situation. Rendre la pareille (dans “Rosmary’s baby”, Guy tente symboliquement de se débarrasser du môme) ou s’éclipser (attitude la plus courante: “La Mauvaise graine”, “Carrie”, “L’Exorciste”, “L’Échine du Diable”, “Les Griffes de la nuit”...), l’homme ne peut même pas bénéficier des conséquences a priori valorisantes induites par l’injustice de l’éviction originelle. De martyre biologique, notre malheureux protagoniste devient Bourreau, voire “Père fouettard” (“Shining”, “La Sentinelle des maudits”, père adoptive du “Labyrinthe de Pan”, “La Secte sans nom”). Dur, Dur... Et pourtant, messieurs, pourtant, vos homologues sur pellicule restent pour moi les personnages les plus intéressants et émouvants du genre. Donner la vie sans être capable de la porter; voilà une damnation qui certainement explique la magnifique conclusion de “La Malédiction”. Comme Rosmary, le papa ne peut ici se décider à accomplir l’infanticide qu’il sait pourtant être juste. Toujours irrationnel, l’amour (certes conjugué à la censure des producteurs) prime sur la raison, quitte à lui sacrifier sa vie (chose que Rosemary ne fait pas). Instinct maternel vs Amour paternel; ma sensibilité me porte à estimer peut-être davantage le deuxième terme, celui à l’origine de deux sublimes oeuvres du genre: “Ne vous retournez pas” et “The Changeling”.
Defest
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Message par Defest »

Je pensais qu'il allait s'agir d'un thread sur comment concilier budget couches et budget DVD et planning ciné avec planning biberons ! :wink:
romain2
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Message par romain2 »

Defest a écrit :Je pensais qu'il allait s'agir d'un thread sur comment concilier budget couches et budget DVD et planning ciné avec planning biberons ! :wink:
moi aussi, il faudrait lancer un tread "paternité et cinephile "
Defest
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Message par Defest »

ouais (... ou alors on se contente de troller celui de Mercredi :twisted: )
Seb2
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Message par Seb2 »

romain2 a écrit :
Defest a écrit :Je pensais qu'il allait s'agir d'un thread sur comment concilier budget couches et budget DVD et planning ciné avec planning biberons ! :wink:
moi aussi, il faudrait lancer un tread "paternité et cinephile "

ba pour ma part... ça se passe bien ! 8)

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MadXav
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Re: être papa au sein du fantastique

Message par MadXav »

mercredi a écrit :Nul besoin de dire à qui je pense en rédigeant ces quelques lignes :)
T'essayerais pas de faire oublier que t'as pas lu ma chronique du "village des damnés" et que t'as dit une bétise sur le thread ? :D :wink:

Pour répondre plus précisement à ton post, je dirai que globalement, de ce que j'en vois ou du moins en retiens, le père à très souvent le mauvais rôle dans le fantastique en général. Je pense que le fait de donner le mauvais rôle au père est un moyen détourné pour mettre la mère (ô, la pauvre faible femme) dans une position délicate, voire terrifiante.

L'exemple qui me frappe le plus vient tout d'abord de la litterature avec Stephen King qui fut bien entendu décliné quasi-systématiquement au cinéma. Le mec, sans doute victime de son passé, ne brosse que des portrais de pères absents, alcooliques ou/et violents. Un trait récurrent qui met souvent l'enfant et/ou la mère dans une position dure. L'excepton sera bien entendu FireStarter dans lequel on nous décrit une relation père/fille tout simplement magnifique (sans doute la raison qui fait qu'il s'agit là de mon King préféré)...
Sinon cinématographiquement, je distinguerai les pères et les beaux-pères. Ces derniers me semblent être une vision "allégée" du père. Parce qu'un père cruel, c'est quand même plus terrifiant qu'un beau-père cruel...
Le beau-père, on le retrouve bien entendu dans les films homonymes mais aussi dans le terrifiant "La nuit du chasseur" et son remake pas si mauvais que ça. Bref, dans ces derniers, on a une mère aveuglée par l'amour (ce qui sera presque systématiquement le cas lorsqu'on à faire à un beau père) et des enfants confrontés à la dure réalité...

Dans le cas du père, c'est les enfants mais aussi la mère qui font les frais. On a bien entendu Shinning pour en revenir à King mais aussi et surtout le Rosemary's Baby que tu cites bien évidement. Deux exemples parfait d'un père diabolisé à l'extreme...
Le père est aussi diabolisé parce qu'il est bien entendu plus "simple" pour un père d'être un salaud que ça ne l'ai pour une mère. Une mère porte l'enfant et le met au monde. C'est un bonheur mais aussi une souffrance qui crée un lien de l'on peut difficilement qualifier de "factice" à l'écran (en plus, c'est pas très politiquement correct je pense). Alors qu'un père, il ne vit la grossesse que par procuration et pourrait très bien s'en détacher, nier tout investissement émotionnel. C'est le cas du film de Polanski entres autres ("le village des damnés" nous montre aussi un père "détaché" -bien que tout à fait sain- pouvant éliminer son propre fils). De plus, pour un enfant, la colère d'un père est souvent plus effrayante que celle d'une mère. On joue donc sur les peurs infantiles en mettant un père dans la position de l'agresseur.

Donc non, pour moi, le père n'a pas le beau rôle dans l'univers du fantastique... Rien de vraiment étrange à cela, ça me semble même assez logique à la vue des élements que j'évoque.
Dessin et sketching liés au cinéma, au voyage, etc. :
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mercredi
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Re: être papa au sein du fantastique

Message par mercredi »

MadXav a écrit : T'essayerais pas de faire oublier que t'as pas lu ma chronique du "village des damnés" et que t'as dit une bétise sur le thread ? :D :wink:
Comment penser une telle chose de moi? :) J' évoquais simplement les qualités techniques de la galette.
MadXav a écrit :Rien de vraiment étrange à cela, ça me semble même assez logique à la vue des élements que j'évoque.

Tout de même, sachant que la plupart des écrivains et cinéastes sont des pères (ou supposés "futurs"), cette valorisation négative reste surprenante (de là à référer à un éventuel complexe d'Oedipe...)
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