Certains attendaient un giallo, ça n'a, en fait, rien à voir et ça a du leur gacher leur seance. Tant pis pour eux !

En fait, c'est avant tout un petit film policier qui a surtout de vagues accointances avec les krimis allemand en raison de son mystere et de quelques situation curieuses. En 1953, Terence Fisher tourne un tas de polars pour le compte de la Hammer. Pas franchement des chef d'oeuvre pour autant, la Dream Team n'étant pas encore assemblée sur les bons sujets. On reconnaitra dans un petit rôle un plus jeune Michael Ripper qu'à l'accoutumée.
Alors, l'orange sanguine est elle amer ou délicieuse ? Tout depend la façon dont on va appréhender le film. Ce qui est plutôt intéressant, c'est surtout de prendre chacun des personnages pour s'apercevoir qu'ils sont traites de maniere tres differente et, parfois, plutot curieuse. Etais ce dans le scénario original ? Est ce que cela s'est fait ainsi sur le plateau ? Y'a t'il eu une veritable influence de Fisher à ce propos ? Aucune idée, on ne le saura jamais...
Quoi qu'il en soit, il est intéressant de noter que le héros, incarné par Tom Conway, et qui s'appelle dans le film Tom Conway est un gars bien pêpère, tranquille et zen. Un mec a qui on ne l'a fait pas et qui fait marcher sa tête plutôt que ses muscles. Son sourire satisfait et ses réparties ont insupporté madame Mercredi qui a dit, je cites, "Le héros, je peux pas !". Pourtant, il est plus amusant de voir ce personnage qui se la pête un peu en claironnant son passé au FBI et son statut de détective privé alors qu'il se fait démonter la gueule par les premiers voyous venus, se fait chopper la main au milieu des petits culottes dans un tiroir d'une nana ou se fait berner avec la police par un amusant stratagème parfumé (le spectateur ne peut que sourire devant la naïveté des forces de l'ordre). Bon, notre héros, il a la classe mais c'est aussi un peu la loose sans se presser. Reste qu'il est plutot malin (son évasion participe encore au côté amusant du film), il fonctionne un peu comme la tortue dans Le Lievre et la Tortue. Du coup, il laisse les trucs se dérouler, il se pose des questions mais il ne finira par comprendre que lors de la dernière bobine qu'il s'est fait embobiner comme un bleu. Cela dit, il ne le montrera pas, Tom Conway est un homme cool qui arrive a sortir grandi d'un grand nombre de "loose". Et puis rien que pour la répartie qui tue "Excusez moi, j'aurais du amener ma robe sanguine !" en s'adressant aux deux tueurs qui ont déjà refroidi des nanas portant toutes la même robe !
On passe à Mr Mercedes, personnage qui en impose par sa bonhommie et sa barbe racé. On pourrait presque croire qu'il s'agit du docteur maléfique de RENDEZ-VOUS AVEC LA PEUR (mais, non, du tout !). C'est donc un joaillier qui, si il a perdu un max de thunes en bijou, prefere etouffer l'affaire pour eviter la mauvaise publicité en laissant un detective privé s'occuper de découvrir les coupables. L'homme est affable, posé et ne se laisse jamais démonter en toute circonstance, même les plus improbables.
La patrone de la maison de couture est surjoué par Mila Pareli genre roman photo. C'est d'ailleurs le seul personnage qui se vautre dans le mélodrame, les autres etant etrangement plus sobre à ce niveau. Du coup, on en vient donc à penser que ce qui lui arrive et la facon dont elle retranscrit a l'ecran est un élément voulu dans le film à l'image de son personnage principal. La pauvrette est amoureuse d'un homme à femmes avec qui elle est prête à s'associer en espérant qu'il oubliera d'aller regarder de trop près les jupons de la maison de couture ! Naïve, va ! Serait elle prête pour autant à trucider ceux qui sont sur son chemin à coups de ciseaux et autres subterfuges ?
Et le film contient quelques fausses pistes ainsi qu'un tas d'autres personnages aussi amusants dans la façon dont ils sont décrits. Comme dans tous les polars, il y a la belle nana, celle que le héros embrasse apres lui avoir fait du gringue. L'etrange madame Fernande qui cache un truc avec un mystérieux Eddie. Il y a ces deux cambrioleurs, homme de mains aux mines patibulaires, qui n'hésitent pas à refroidir une petite vieille qui parle à son perroquet. Etc... Etc...
Petit polar qui ne changera pas la face du monde mais qui s'avère plutôt ludique sur laquelle se plaque une ambiance british. Plutot amusant, donc, si on essaie de percer les travers de chacun des personnages plutot que s'interesser à une action, à vrai dire, quelque peu inexistante !