Revu Pain & Gain en VO pour la quatrième fois sur Amazon Prime Vidéo.
C'est toujours aussi bon, mais je vais aller plus loin :
ce Pain & Gain permet à Michael Bay de gagner définitivement son statut d'artiste. Bien sûr, ce n'est que mon avis.
C’est pourquoi je poste cela ici plus que sur le sujet dédié au film.
Ainsi, Michael Bay présente pour la première fois un film (Pain & Gain) qui permet rétrospectivement de dessiner une vision cohérente de son œuvre.
Mais, le diable se cache dans les détails et je pense qu'on a collé une mauvaise image à Bay après le naufrage Pearl Harbor.
Je vais tenter de prouver que Michael Bay est un génie qui mettra des années avant d’être reconnu. J’ajoute que son œuvre n’est qu’
un commentaire acide sur la vulgarité d’une Amérique déliquescente.
Oui Michael Bay c’est l’anti- »Make América Great Again ».
Si on remonte au début, je pense que tout part
du premier Bad Boys son premier long en tant que réalisateur (je reviendrai plus tard sur sa carrière de producteur).
Bay choisi de viser clairement la police en icônisant des flics racailles où tout est improbable (du langage à la Porsche). On fait passer le tout avec de l’action, de l’humour bien con et des drapeaux US en veux-tu en voilà pour noyer le poisson.

Une bonne partie de la presse française se fait baiser et n’y comprend rien, comme souvent : « Bad Boys est un de ces nombreux films américains promus pendant l'été mais vite oubliés.N°415, septembre 1995 »
The Rock arrive et poursuit sur sa lancée. Le film parle de lui-même : on fait appelle à un détenu (puisque les USA sont nuls) pour aller déloger des terroristes américains (anciens militaires). Michael Bay reprend la formule de mise en scène de Bad Boys et envoie du lourd à tous les niveaux (Tarantino travaillera sur certains dialogues).
Le cas
Armageddon est plus délicat, car il ne fonctionne pas totalement. Le film est déjà trop gros pour Bay qui ne semble pas avoir les mains libres. Je ne m’éternise pas puisque je considère que c’est la première période sombre de Bay avec le suivant Perl Harbor.
Ce film s’inscrit pourtant totalement dans la thématique de l’œuvre de Bay puisque c’est la mise en échec des USA via un fait historique. Malheureusement, la deuxième partie du film (après l’attaque) vient contredire cette thématique déjà bancale au début. A mon sens, c’est encore son plus gros échec (peut être avec Transformers 4).
Dans Pearl Harbor, Bau détruit l’Amérique… pour mieux la reconstruire. Il fait la même erreur que dans Armageddon en somme.
On pensait que Bay était fini. Pourtant, et c’est très intéressant, Michael Bay choisi de revenir à sa thématique première en tirant sur tout ce qui bouge avec
Bad Boys 2. La suite d’un film rentable mais détesté par la critique (une constante depuis ses débuts).

Bad Boys 2 marque les esprits car pour la première fois Bay va jusqu’au bout. Même Telerama semble commencer à comprendre (source Allociné) et écrit ce qui ressemble à quelques lignes vaguement positives : « Il y a bien une histoire de trafic d'ecstasy, mais tout le monde s'en fout dans le fracas des bagnoles qui explosent. Tout pète en permanence, même les cadavres dans la morgue, où enquêtent nos deux compères. C'est vous dire si on rigole. »
Bien sûr, i semble impossible de prendre au sérieux cela, même si quelques scènes (celles du KKK du début ou la thérapie chelou pour calmer Martin Laurence) sont explicites : oui les USA ne vont pas très bien…
Les placements de produits sont vulgaires et sans limites. D’ailleurs, Bay ne semble plus s’imposer aucune limite, il sait qu’il est grillé de toute façon.
Vient ensuite le cas particulier
The Island. Je pense que c’est un mauvais film, bien qu’on retrouve des thématiques propres au cinéma de Michael Bay. Je suis encore partagé sur ce The Island qui a été une vision difficile (je ne l’ai vu que deux fois, difficile de creuser).
J’ai pensé que la science-fiction n’était pas faite pour Bay. Mais je me suis trompé et la vision de Transformers est intéressante à plus d’un titre.
Transformers c’est un peu comme si toutes les obsessions de Bay étaient concentrées dans un seul film. Une bobine vulgaire (on pisse même sur un membre du gouvernement – comme on chiera sur les murs d’un hopital publique incapable d’assurer la sécurité des immigrants dans Pain & Gain), qui explose tout et qui tente de redonner espoir (un ado semble plus efficace que toute une armée). Le sommet du fuck you arrive quand on apprend que les USA sont incapables de protéger la planète et qu’il faut s’en remettre à une bande d’extraterrestre. Yeah !
Formellement, je trouve aussi Transformers plus facile à suivre et bien rythmé. Est-ce l’influence de Spielberg ? Difficile à dire, mais on sent que Bay a progressé depuis Armageddon.
Par la suite Bay exploite sa franchise avec
Transformers 2 & 3.
Transformers 2 se veut plus vulgaire et ressemble plus à un bazar visuel qu’à un véritable film. Le tournage et l’écriture ont été, il paraît, très cahotique. Je veux bien, mais le film est quand même raté.
Transformers 3 rattrape les choses et termine un cycle. C’est mieux que le 2 mais on ne retrouve pas totalement l’énergie du premier film. La mise en scène se pose un peu et les scènes d’actions sont plus lisibles. C’est déjà ça !
Vient le chef-d’œuvre de Michael Bay avec
Pain & Gain.
La mise en scène de ce Pain & Gain est toujours proche des sujets et la photographie colle parfaitement à leur état d'esprit. C'est particulièrement flagrant quand Dwayne est déboussolé par les kilos de coke qu'il sniffe à mi-parcourt.
Mais, quand on parle de décadence de l’Amérique, Pain & Gain se pose là !
Mieux, on retrouve un autre thème récurrent chez Bay : l’argent ne mène pas vraiment au bonheur et les possessions physiques luxueuses finiront par être détruites (les voitures en font particulièrement les frais dans les films de bay). Pain & Gain ressemble à ce titre à une conclusion pour Michael Bay.
Justement,
Transformers 4 n’est ni vraiment une suite, ni vraiment un reboot. Il introduit un nouveau type de personnage : l’outcast, personnage qui vit à la campagne et pas vraiment intégré au paysage étasunien classique.
Bay délocalise aussi une partie de la production en Chine et perd une grande partie de son propos au passage. Difficile de chier sur l'Amérique pour semer le doute en mettant des drapeaux US partout si on est en Chine... Le film est anecdotique sauf pour ses spectaculaires batailles qui s’avèrent aussi malheureusement interminables.
Un problème renforcé par
Transformers 5 qui vient pousser le bouchon encore plus loin. Il est intéressant de trouver un parallèle entre ce film et Pearl Harbor dans la mesure où les deux métrages trouvent leur fondation dans un registre historique.
Malheureusement, Transformers 5 est raté : trop long, trop moche et chiant. Le film ne trouve jamais son rythme. Le seul intérêt réside dans le titre du film : « the last knight » qui fait vaguement écho à la thématique de Bay sur l’Amérique qui a perdu ses vertus.
Désolé, mais
j’ai pas encore vu 13 Hours qui semble intéressant.
J’ai pondu ce texte d’un tenant et j’espère qu’il aura au moins donné envie de revoir les films de Bay sous un autre angle. Je pense qu’à minima tout le monde admet maintenant que ce réalisateur à une identité visuelle bien à lui.
