EL JOROBADO DE LA MORGUE . De Javier Aguirre . Avec Paul Naschy , Rossanna Yanni , Vic Winner .
Un pauvre malheureux , bossu , qui travaille dans une morgue accepte d'aider un savant fou à creer une creature a partir de cadavres . Ce dernier s'engage a faire revivre la femme qu'il aime , une mourrante qu'il a rencontré a l'hopital . Gotho le bossu va s'occuper des basses besognes tandis que le professeur Orla ( un clin d'oeil a Orlof ? ) sait pertinemment que son aimée ne pourra jamais revenir parmi nous ...
Si vous avez été rebuté par les films de loups-garous espagnols de Paul Naschy , je vous conseille celui-ci pour vous reconcilier avec ce grand Monsieur . LE BOSSU DE LA MORGUE marie le gore le plus salace avec une vraie poesie -comme les films d'horreur d'antans savaient le faire. Ca charcle beaucoup ici et pourtant c'est cette atmosphere macabre et ce pauvre bossu sentimental qui retiennent toute notre attention , Javier aguirre reussissant une oeuvre trés bis et en meme temps tres belle . On nage presque en plein surrealisme .Tout est triste et surtout pathetique : les moqueries subies par le bossu - agressé y compris par des bambins , les infirmiers qui detroussent les cadavres et les raillent , le bossu amoureux d'une femme splendide mais mourrante , les relations qu'entretiennent absolument tous les personnages ...
Paul Naschy decapite , ouvre les ventres avec une hache , kidnappe des jeunes filles , et pourtant on est content quand une doctoresse -au courant de ses crimes- tombe amoureuse de lui .
Javier Aguirre a vraiment soigné son oeuvre , y ajoutant des effets quasi-snuffs ( rats brulés vifs , utilisation de vrais cadavres ) et S.M ( Gotho embrasse les pieds d'une femme , le plan suivant montre une fille se faisant fouetter par sa collegue de chambrée ) , ne lesinant ni sur le gore ni sur les scenes les plus pathetiques , comme dit precedemment .
La creature du Professeur Orla , qu'on entend hurler pendant une grande partie du metrage , apparait seulement a la toute fin , et la encore l'effet est saisissant : un amas informe de chair rouge , vociferant a la mort ...
On le sait , le general Franco-dont Naschy etait un admirateur- etait tres indulgent avec les films d'horreur , a condition que ceux-ci soient censés se derouler dans un autre pays . C'est ici la Baviere qui est "reconstituée" . De nombreux realisateurs hispaniques de l'epoque ont utilisé cette bienveillance de la censure pour faire passer des messages subversifs : Eloy De La Iglesia dans le genial Cannibal man , Jorge Grau dans Le massacre des morts vivants ou Claudio Guerin dans Les cloches de l'enfer . C'est ici moins flagrant , mais Javier aguirre semble denoncer l'inhumanité des humains et faire l'eloge de l'humanité ... Des monstres .
La legende ( en tout cas IMDB et le Monster bis cannibales et mondos , un ouvrage pas tres serieux mais qui fera rever les collectionneurs de vhs ) raconte que de vrais cadavres ont été utilisés .
D'autre part l'edition video est cut , cette derniere fait environ 1 h 10 alors que la durée du film est environ d'1h20 . Si certains ont vu la version integrale et ont pu comparé , ce serait interessant de savoir ce qu'il manque .
Javier Aguirre :
L'edition VIP la plus jolie :

Celle qui reprend l'affiche d'epoque -toute aussi jolie :

Sinon il est sorti en dvd chez les Allemands ( Uncut ? ) et chez les Espagnols ( Cut ) mais peu de zob niveau sous-titres . La video est en vente en ce moment pas cher sur e-bay dans une reedition avec une jaquette atroce , mais c'est le bon film .