
J'ai été surpris à plus d'un titre en découvrant ce reportage passionnant sur un des plus monumentaux échecs que tout les brillant protagonistes du film aient vécus au court de leurs glorieuses carrières.
La première a été de constater l'ancienneté de ce métrage.
Réalisé en 1965, le film commence dans les ruines des studio de Korda et commenté par Dirk Bogard, c'est d'abord le plaisir -vu l'âge du bidule- de rencontrer la plupart de protagoniste encore vivant et donnant leurs points de vues sur la tumultueuse productions de ce qui devait être "an epic to dwarf all epics" et dont le tournage devait s'interrompre définitivement moins d'un mois après son début.
Si Laughton -hélas!- et Korda venaient de disparaître lors de la réalisations de cette enquête nous rencontrons toute une galerie de noms légendaires: Dame Flora Robson, qui habituée des rôles de compositions extravagants incarne ici une diabolique -et octogénaire alors que l'actrice n'a que 30 ans!- Livia
la toujours très belle Merle Oberon qui incarnait Messaline

, Emlyn Williams qui jouait un Caligula perfide et éfféminé, l'écrivain et scénariste Robert Graves, et, cerise sur le gâteau, Josef Von Sternberg him-self.
Le film est remarquablement construit, insinuant une sorte de suspens, et ménage très bien la découverte des bobine ayant survécu au naufrage et la raison de celui ci.
Et c'est là que se situe la meilleur surprise du film, car alors que je m'attendait à une reconstitution en photo, dans le style de ce qui a pu être fait pour "London after midnight" ou la version "intégrale" des RAPACES de Von Stroheim, on découvre des scènes entières du films, d'abord sous forme de rushes avec le clap de fin, les hurlement du Herr Direktor et tout le toutim, et ensuite complètement montées.
Et là aussi, surprise, car au lieu d'avoir une suite de plans insipides comme pour le SOMETHING GOT TO GIVE de Cukor avec Marilyn, le film se termine sur plusieurs scènes non seulement complètes, mais surtout, incroyablement brillante, tant au niveau des dialogues que de l'interprétation ou encore de la photo.

...Et c'est à la vue de ces quelques scènes qu'on l'on est pris d'une immense tristesse face à ce qui avait bien toute les chances -malgré l'avis générale- d'être, comme le voulait Korda, un film majeure qui allait damer le pion à l'hégémonie Hollywoodienne, un chef d'oeuvre épique aux envolées rien moins que Shakespeariennes.
Il faut voir la rencontre orchestrée par Livia (Dame Robson donc, vieillie et enlaidie comme elle savait si bien le faire) entre Claude et Caligula, ou la revanche de Claude quand l'armée le fait empereur contre l'avis du sénat, ou encore la scène splendide ou il rencontre Caligula alors que celui ci est persuadé être devenu une divinité.
Laughton était incroyablement mal à l'aise durant le tournage, ayant les plus grandes difficultés à trouver l'angle d'attaque pour bâtir son personnage; et pourtant au vu de ces quelques scènes, on a encore une preuve magistrale -s'il en était besoin- du génie versatile de l'immense comédien.

A ranger au côté -et comme précurseur- des LOST IN LA MANCHA et autre FORGOTTEN SILVER, THE EPIC THAT NEVER WAS s'impose comme un document aussi incontournable que précieux, fascinant et bouleversant sur ce chef-d'oeuvre qui ne sera jamais.
Pour finir, apprécions cet échange magnifique entre Livia et son petit fils, Caligula, dont est témoin Claude:
LIVIA:

"C'est le plus vil et le méprisable reptile que les dieux aient jamais créé; il est perfide, malhonnête..."
CALIGULA::

...Sublime non?