Titre US : Topaz
Au début des années 60.... Informé par un transfuge des services secrets soviétiques, la CIA demande à un diplomate français d'effectuer une mission d'espionnage pour son compte. Cette mission porte sur des informations affirmant que les cubains vont recevoir des armes nucléaires en provenance d'URSS...
"L'étau" est sans doute le film d'Hitchcock le plus reconnu comme un échec, y compris par son réalisateur lui-même ! Gros budget et tournage international sont pourtant au rendez-vous dans cette production d'espionnage sur fond de guerre froide.
Le film se compose de trois actes assez distincts. Le premier, aux USA, est sans doute le plus réussi, étayé d'un très joli moment de suspens (le vol de la valise chez les cubains). La seconde partie à Cuba prend la direction d'un drame d'aventure romantique presque "à l'ancienne". Les invraisemblances commencent tout de même à s'accumuler, malgré quelques jolies scènes. Et puis la dernière partie à Paris où l'on coule franchement dans le Z, dans une insignifiance indigne d'Hitchcock... On reste donc sur une très mauvaise impression, celle d'un gâchis, d'un projet très ambitieux aboutissant sur un résultat bâtard, un soufflé qui retombe de façon particulièrement fumiste !
SPOILERS
Pour info, le film a connu des soucis de production, il a été au moins en partie remonté, en particulier pour sa fin qui existe dans trois versions (toutes en circulation au jour d'aujourd'hui...). Une avec un duel à Paris entre le héros et le personnage de Piccoli ; cette fin fut détestée par le public lors des projections test et remplacé à la va-vite par un plan bricolé évoquant le suicide du même personnage (un arrêt et zoom sur image de sa maison accompagné d'un son de coup de feu : un bricolage digne d'Eurociné !). Puis une troisième fin plus professionnelle fut fabriquée par Hitchcock (le personnage de Piccoli part en URSS en avion). Les 3 fins sont apparemment sur le dvd zone 1.
FIN SPOILERS
Pour info, il faut absolument éviter le dvd zone 2 universal de ce film qui est en 1.33 recadré !!! Le zone 1 est au bon format 1.85, tout comme la belle copie actuellement diffusée sur ciné cinéma classic (avec la fin numéro 2 toutefois...)...
L'étau - 1969 - Alfred Hitchcock
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C'est vrai que c'est pas joli joli tout ça... La preuve, j'ai vu le film il y a quelques années (je dirai 6-7 ans) et j'en ai tout simplement aucun souvenir, si ce n'est celui des 3 fins (que Cine Cinemas avait diffusées) et le sentiment persistant de m'être fait chier de bout en bout du film... Mon plus mauvais souvenir ds la filmo du maitre en tout cas. 

"J'ai essayé de me suicider en sautant du haut de mon égo. J'ai pas encore atteri... "
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Re: L'étau - 1969 - Alfred Hitchcock
Je partais sur un à priori négatif, n'ayant aucun souvenir du film... et force est de reconnaitre que j'ai du réviser mon jugement à la hausse.
Premier point positif : la copie du Blu Ray est positivement splendide. Si l'on passe un générique qui fait peur, bourré de grain et à la définition défaillante, le reste a bénéficié d'un traitement exceptionnel.!
Ensuite, Hitchcock tranche radicalement de ce qu'il a pu faire auparavant. c'est peut-etre ce qui a du dérouter pas mal de spectateurs.
L'intrigue d'espionnage est tortueuse à souhait, élégante et aux implications politiques en phase avec 1962 et la crise des missiles à Cuba (NB voir aussi l'interprétation de ce sujet dans X-Men : First Class).
Mais il y a surtout des choix d'acteurs étonnants. Pas de grosses stars (bon, vu es problèmes qu'il a eu avec Paul Newman, peut-être pas si étonnant que ça), pour éviter des problèmes d'ego? Tous s'acquittent de leurs tâches avec honneur (mention spéciale à Karin Dor et John Vernon.); Le plus curieux, c'est FredericK 'Atout coeur à Tokyo" Stafford. Solide performance, mais de marcher dans les pas de Cary Grant ou James Stewart, c'est dur. et il ne fait passer aucune émotion - quand il essaye, (dans l'avion, p.ex) ça ne marche pas.
Il y a comme un glissement stylistique qui s'éloigne clairement du glamour hollywoodien. ET l'absence de scènes d'action phares.
La scène de début est très caractéristique : Hitchcockienne en diable (peu ou pas de dialogue, plans calibrés, jeux de regard) avec un relatif calme sur les travellings avant (voir la grosse différence sur Psychose, p.ex, avec Vera Miles s'approchant de la maison Bates). C'est toujours aussi ambitieux sur le sujet et le rendu à l'écran, mais il sacrifie moins aux acteurs, plus concentré sur l'intrigue. On a bien sur de la transgression fine : Devereaux (Stafford) trompe sa femme outrageusement avec la rebelle cubaine mais ne sera pas inquiété outre-mesure : un mordant dans la censure US. La mari volage trompe à la fois son gouvernement et sa femme! Ca pointe aussi les liaisons dangereuses entre journalisme, politique et espionnage... pas mal d’ambiguïtés mises en avant. le récit est très complexe, avec des ramifications infinies. Une rupture là aussi avec la simplicité bicéphale de Torn curtain.
Cela n’empêche pas des incohérences assez flagrantes. Devereaux est français, y compris sa femme et sa fille - mais ils s'expriment en anglais le long du film, même entre eux. idem pour les militaires cubains qui parlent anglais avec accent espagnol entre eux. Pour des anti-US, c'est complètement ridicule
et même étonnant de la part de Hitch.
La musique de Maurice Jarre est curieuse, avec un très beau thème principal - mais là aussi, on attend du Herrmann. Ceci posé, il faut aussi voir le film non pas avec ce qui est attendu, plutôt avec ce qui est. De ce fait, immanquablement différent de sa période avant Le rideau déchiré (que je n'ai pas beaucoup aimé à la revoyure, ceci dit). En même temps, je me disais que le film était assez en avance sur ces thrillers : FILMS d'espionnage des années 70 avec des héros qui n'en sont pas forcément, et aux physiques passe-partout, moins orienté sur le "star power", et sur une certaine désillusion des puissants,
Il y a un côté un peu plus brut ici, moins policé dans le ton et l'intrigue. Reste qu'en effet la troisième partie s'avère la moins intéressante d'un point de vue intrigue et narration. Ex :La présence de Claude Jade (merci Truffaut?), aussi charmante soit-elle, ne sert à rien.
Au final, même s'il ne s'agit pas d'un des plus grands Hitchcock, c'est un suspense solide, sérieux (trop?), avec un lead pas aussi charismatique qu'espéré. mais je me dis qu'après tout, c'est que Hitchcock souhaitait... et quelle copie sur le Blu Ray, qui appuye vraiment le plaisir de la vision.
1.85:1
2H22
DTS HD MA 2.0
stf
bonus : les trois fins alternatives (SD) qui sont indeed pas bonnes (quoique certains plans du duel sont typiquement Hitchcockiens, notamment avec le flingue)
et le reste que j'ai pas vu : (dont un entretien avec Leonard Maltin de 29 mn)
Premier point positif : la copie du Blu Ray est positivement splendide. Si l'on passe un générique qui fait peur, bourré de grain et à la définition défaillante, le reste a bénéficié d'un traitement exceptionnel.!
Ensuite, Hitchcock tranche radicalement de ce qu'il a pu faire auparavant. c'est peut-etre ce qui a du dérouter pas mal de spectateurs.
L'intrigue d'espionnage est tortueuse à souhait, élégante et aux implications politiques en phase avec 1962 et la crise des missiles à Cuba (NB voir aussi l'interprétation de ce sujet dans X-Men : First Class).
Mais il y a surtout des choix d'acteurs étonnants. Pas de grosses stars (bon, vu es problèmes qu'il a eu avec Paul Newman, peut-être pas si étonnant que ça), pour éviter des problèmes d'ego? Tous s'acquittent de leurs tâches avec honneur (mention spéciale à Karin Dor et John Vernon.); Le plus curieux, c'est FredericK 'Atout coeur à Tokyo" Stafford. Solide performance, mais de marcher dans les pas de Cary Grant ou James Stewart, c'est dur. et il ne fait passer aucune émotion - quand il essaye, (dans l'avion, p.ex) ça ne marche pas.
Il y a comme un glissement stylistique qui s'éloigne clairement du glamour hollywoodien. ET l'absence de scènes d'action phares.
La scène de début est très caractéristique : Hitchcockienne en diable (peu ou pas de dialogue, plans calibrés, jeux de regard) avec un relatif calme sur les travellings avant (voir la grosse différence sur Psychose, p.ex, avec Vera Miles s'approchant de la maison Bates). C'est toujours aussi ambitieux sur le sujet et le rendu à l'écran, mais il sacrifie moins aux acteurs, plus concentré sur l'intrigue. On a bien sur de la transgression fine : Devereaux (Stafford) trompe sa femme outrageusement avec la rebelle cubaine mais ne sera pas inquiété outre-mesure : un mordant dans la censure US. La mari volage trompe à la fois son gouvernement et sa femme! Ca pointe aussi les liaisons dangereuses entre journalisme, politique et espionnage... pas mal d’ambiguïtés mises en avant. le récit est très complexe, avec des ramifications infinies. Une rupture là aussi avec la simplicité bicéphale de Torn curtain.
Cela n’empêche pas des incohérences assez flagrantes. Devereaux est français, y compris sa femme et sa fille - mais ils s'expriment en anglais le long du film, même entre eux. idem pour les militaires cubains qui parlent anglais avec accent espagnol entre eux. Pour des anti-US, c'est complètement ridicule

La musique de Maurice Jarre est curieuse, avec un très beau thème principal - mais là aussi, on attend du Herrmann. Ceci posé, il faut aussi voir le film non pas avec ce qui est attendu, plutôt avec ce qui est. De ce fait, immanquablement différent de sa période avant Le rideau déchiré (que je n'ai pas beaucoup aimé à la revoyure, ceci dit). En même temps, je me disais que le film était assez en avance sur ces thrillers : FILMS d'espionnage des années 70 avec des héros qui n'en sont pas forcément, et aux physiques passe-partout, moins orienté sur le "star power", et sur une certaine désillusion des puissants,
Il y a un côté un peu plus brut ici, moins policé dans le ton et l'intrigue. Reste qu'en effet la troisième partie s'avère la moins intéressante d'un point de vue intrigue et narration. Ex :La présence de Claude Jade (merci Truffaut?), aussi charmante soit-elle, ne sert à rien.
Au final, même s'il ne s'agit pas d'un des plus grands Hitchcock, c'est un suspense solide, sérieux (trop?), avec un lead pas aussi charismatique qu'espéré. mais je me dis qu'après tout, c'est que Hitchcock souhaitait... et quelle copie sur le Blu Ray, qui appuye vraiment le plaisir de la vision.
1.85:1
2H22
DTS HD MA 2.0
stf
bonus : les trois fins alternatives (SD) qui sont indeed pas bonnes (quoique certains plans du duel sont typiquement Hitchcockiens, notamment avec le flingue)
et le reste que j'ai pas vu : (dont un entretien avec Leonard Maltin de 29 mn)
Oh really? Well then I'm sure you wouldn't mind giving us a detailed account of exactly how you concocted this miracle glue, would you ?