Dans l'Angleterre puritaine de la fin du XIXe siècle, Benjamin Oakes, publicitaire peu scrupuleux, imagine un plan qui devrait s'avérer fort lucratif. En effet, la prostitution est interdite par la loi mais envahit les rues de Londres. Oakes est convaincu qu'il peut tirer parti de la situation. Il se lance dans une campagne de persuasion auprès du ministre de l'intérieur afin d'autoriser les maisons closes. Celles-ci seraient évidemment surveillées - et cofinancées - par le gouvernement. Rapidement, l'opinion publique s'émeut. Pendant ce temps, Walter Leybourne, sincèrement concerné par le sort réservé aux prostituées, lutte pour améliorer leurs conditions de vie...

Je ne connaissais jusqu'à présent de l’œuvre de Philip Saville que 2 réalisations, son intéressante mini–série de science-fiction First Born et Le Crash du vol 1501, film télé sur une catastrophe aérienne et l’enquête d’experts qui s’en suit. La vision de ce Club des libertins (titre en VF) vient donc m’apporter un complément d’informations sur l’œuvre de ce cinéaste sans pour autant m’éclairer davantage sur la personnalité de celui-ci tant le contenu de ce film s’avère éloigné de celui des 2 travaux œuvres pré-cités.
Premier constatation : cette production Carlo Ponti a visiblement bénéficiée d’un budget plus que confortable. Aucune déficience budgétaire visible dans la reconstitution du Londres de la fin du 19eme siècle. Les décors, intérieurs comme extérieurs, sont tous richement ornés jusqu'à la surcharge. Le film nous offre en outre quelques sans doute coûteuses séquences/ plans à effets visuels, dont les derniers plutôt réussis, via la présence prépondérante d’un ballon dirigeable au sein de l’intrigue. Une débauche de richesses à l’écran, de couleurs, de babioles et de frou-frou qui flirte constamment avec un mauvais goût finalement en parfait accord avec l’esprit subversif du film.
Car The Best house in London est avant tout une comédie grivoise et libertine d’un goût toujours douteux. La farce est lourde, grasse, un brin provocatrice dans sa description de l’hypocrisie des mœurs anglais, les personnages volontairement caricaturaux et les rapports homme – femme décrits comme régis essentiellement par l’argent et le plaisir. Bref, on ne fait pas dans la dentelle et le résultat est très inégal : parfois on se marre, comme dans la séquence de la mort de George Sanders (avec à ses côtés John Cleese), parfois ça tombe complètement à plat. Certains pourront voir là dedans un message féministe mais cet aspect du film reste à l’appréciation de chacun, l’ensemble étant bien trop brouillon pour qu’une quelconque réflexion sérieuse puisse clairement se dégager de tout ça. Petite particularité de l’intrigue : celle-ci fait intervenir à intervalles réguliers des personnages fictionnelles ou réels de l’époque, tels que Oscar Wilde, Charles Dickens ou Sherlock Holmes et son comparse Watson, dans des cameos destinés principalement à les démystifier.
L’interprétation est au diapason. tout le monde en fait des caisses, David Hemmings le premier dans un double rôle, d’un côté libertaire snobinard, de l’autre défenseur des droits des prostituées et amoureux coincé du derche. On note également la présence de la française Dany Robin dans l’un de ses derniers rôles.
Je ne sais pas si le film a subit quelques coupes sauvages en salle de montage mais son intrigue est traversée de nombreuses et brutales ellipses, qui si elles n’ôtent rien à la compréhension globale de l’histoire, surprennent à chaque fois. Pour l’anecdote le film récolta à sa sortie aux Etats-Unis une abusive classification X. Une décision qui me semble plus motivée par le caractère outrageant de certaines pratiques sexuelle plus ou moins déviantes décrites dans le film (l’un des 2 perso qu’interprète David Hemmings tente tout de même de violer la chaste héroïne après l’avoir droguée, pendant que son domestiques observe le tout à travers un trou de serrure), et à la légèreté avec laquelle celles-ci sont présentées, qu’au audaces des quelques séquences déshabillées du film (2 ou 3 plans cul / nibards et c’est tout).
La copie présentée actuellement sur TCM n'est pas très recommandable. Le son est pourri et le format plein cadre, ne rendant certainement pas justice au travail photographique d’Alex Thomson. Quant aux sous titres français de la version multilingue, je les cherche encore ….