De retour d’Amérique, Tony Anianti est chargé par Don Cascemi de rétablir l’ordre dans un petit village sicilien où deux familles mafieuses se livrent une guerre sanglante, guerre susceptible mettre à mal la bonne marche des affaires de la mafia.

Quelques années avant de nous pondre ces 2 perles du bis trash-gore transalpin que sont Malabimba et Le Manoir de la terreur, Andrea Bianchi signait ce polar mafieux déjà bien allumé dans son genre. Au départ, rien de très original pourtant : un casting d’habitués à ce genre de bandes (Henry Silva, Barbara Bouchet, Fausto Tozzi, Patrizia Gori) et une classique histoire de rivalité entre clans mafieux. Tout ça parait presque plié d’avance. Sauf que c’est Andrea Bianchi aux commandes et lui et son scénariste Piero Regnoli ne savent visiblement pas ce qu’est le bon goût et la demi-mesure. Du coup, le résultat s’avère, tout comme ultérieurement Le Manoir de la terreur, aussi grotesque que quelque part fascinant. Le film flirte ainsi constamment avec le nanardesque (Henry Silva qui achève son gars en l’écrasant avec un rouleau compresseur sorti de nulle part) tout en baignant dans une ambiance de dégénérescence et de folie morbide particulièrement réussie.
On évitera donc de s’attarder sur le ridicule de certaines idées (la scène du rouleau compresseur sus mentionnée), l‘incongruité de quelques autres (la scène du bain au lait, les apparitions quasi fantomatiques d’Henry Silva dans ses premières opérations de « nettoyage » comme plus généralement les nombreux empreints faits au western spaghetti, davantage plaqués qu’intégrés à l’intrigue) pour ne retenir de cette histoire qu’un grand moment de sauvagerie complaisante - le viol de Barbara Bouchet, agonisante après une magistrale correction administrée à coups de ceinturon – et, d’une manière générale, son portrait gratiné de 2 familles mafieuses composées presque exclusivement de fous sanguinaires, d’arriérés et de dépravés.
Bien aidé par une photo en scope soignée du vétéran Carlo Carlini et une belle variété de décors naturels siciliens écrasés sous le soleil, Bianchi arrive à nous livrer une mise en scène à peu près correcte. Son approche n’est certes pas très élégante. Ainsi, lorsque l’un des protagonistes du film se fait décapiter dans un accident automobile, il n’hésite pas en introduction de la scène suivante à nous balancer en gros plan la tête démembrée de celui-ci sans véritable raison, just for fun. Mais dans l’ensemble, et même si on le sent plus inspiré lorsqu’il filme la sexy Barbara que taciturne Henry Silva jouant du pistolet, sa réalisation demeure décente.
Silva, parlons- en rapido … ben il est on ne peut plus à sa place dans un rôle de mafioso imperturbable aussi frappé et pourri que tous ceux qu'il est chargé d'éliminer. Du sur mesure également pour la toujours troublante Barbara Bouchet, dans un emploi de vamp des campagnes un peu alcoolo.
Film à voir donc prioritairement si vous êtes « sensible » à l’univers de Bianchi et par conséquent enclin à faire l’impasse sur un fond intelligent et cohérent et une forme très étudiée …