
Deux ans après "Le dernier métro", Depardieu continue son ascension en tant que star du cinéma français, commençant même à faire parler de lui dans les pays anglo-saxons. Il joue dans ce drame historique signé par Daniel Vigne, lequel ne s'était alors signalé que par l'honnête petit polar "Les hommes", plus de dix ans auparavant.
"Le retour de Martin Guerre" fut un succès populaire comme le cinéma français pouvait alors en connaître : deux vedettes, un film encore bien écrit et dialogué (par Jean-Claude Carrière en l'occurence), un travail de reconstitution historique typique du savoir-faire national en matière de décors et de costumes ; mais aussi un travail cinématographique un peu trop "invisible" et passe-partout. La structure est très classique, avec un dernier tiers qui s'avère une scène de procès sans grande surprise...

Dans ce village à l'ambiance Bruegel, on suit donc cette histoire certes classique, mais rendue intéressante par l'exploration thèmes qui la sous-tend : l'identité construite par le regard des autres, la manipulation, la place de l'individu dans un groupe, et aussi des questions morales face à une société dont les rigueurs et les codes perpétuent impitoyablement le malheur. Il n'y a ainsi pas vraiment de "méchant" et de "gentil" dans l'affaire Martin Guerre, comme le révèle un final pathétique de ce film tiré d'une histoire vraie - ce qui est exact, en l'occurence !
Si Depardieu continua son ascension dans les années suivantes, Daniel Vigne ne parvint pas à renouveller le succès du "Retour de Martin Guerre", sa carrière se voyant vite cantonnée à la télévision ; domaine dont il est tout de même sorti récemment pour "Jean de la Fontaine - le Défi"...
L'histoire de Martin Guerre a par ailleurs été retransposée au cinéma une dizaine d'années plus tard à Hollywood, dans "Sommersby", avec Richard Gere et Jodie Foster.
"Le retour de Martin Guerre" est dispo en dvd chez TF1 vidéo et passe en ce moment sur ciné cinéma émotion dans une copie 1.77 honnête, mono d'origine...