Beati i ricchi - Salvatore Samperi (1972)

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manuma
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Beati i ricchi - Salvatore Samperi (1972)

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Geremia, vivant du commerce illicite d’alcool et de cigarettes entre l’Italie et la Suisse, et son ami Augusto, un agent de la paix décidé à se lancer lui aussi dans la contrebande, tombent fortuitement sur un sac rempli d’argent lors d’une traversée nocturne entre les 2 pays. Ne réussissant pas bien longtemps à garder cette découverte secrète, les deux malheureux attirent la convoitise de tous les notables locaux, bien décidés à s’approprier le pactole en misant sur la naïveté de leurs proies.

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Salvatore Samperi est essentiellement connu chez nous pour son Malizia (pas vu), sa suite, Péché véniel (vu il y a longtemps … plutôt un bon souvenir) et – thématiquement pas très éloigné des deux films pré-cités – La Bonne, multi-diffusé sur M6 et RTL9. Estampillé me semble t’il un peu hâtivement réalisateur de comédies coquines et films érotiques chez nous, Samperi est pourtant avant tout un contestataire aimant tout particulièrement casser du bourgeois. Bien que moins ambitieux qu’un Bernardo Bertolucci ou un Fernando Di Leo, pour citer 2 autres cinéastes italiens à l’½uvre se nourrissant comme la sienne de revendications soixante-huitardes, Salvatore Samperi est donc quelqu’un qui a des choses à dire. Et qui ne privilégie aucun mode d’expression cinématographique pour se faire entendre, comme en témoignent 2 films aussi radicalement différents, et cependant porteurs du même message anti-establishment, que le très sérieux (mais un peu obtus, en ce qui me concerne) Cuore di Mamma ou ce Beati i ricchi, grosse farce au sub-texte socio-politique tout aussi engagé.

Co-écrit par Aldo Lado, Beati i ricchi empreinte donc prioritairement la voie du gros comique pour railler l’hypocrisie et la cupidité des classes supérieures. Tout cela n’est pas d’une grande légèreté, l’humour ne tape pas constamment dans le mille, mais certaines idées, comme celle de l’emploi du sérum de vérité destiné à faire avouer à Geremia la cachette de son magot, s’avèrent très drôles et dans l’ensemble l’aspect à la fois bon enfant et impertinent de cette oeuvrette lui confère un fort capital sympathie, d’autant que le film se pare également d’une petite ambiance coquine pas du tout désagréable, façon sexy comédie de la première heure – la plus politisée et la plus intéressante – genre dont le Malizia de Samperi deviendra d’ailleurs l’un des fers de lance. Quant au message que souhaite faire passer les auteurs, il se résume apparemment aux joyeux bras d’honneur lancés à la fin par Geremia à tout son entourage, prolos et bourges se révélant en fin de compte tous pareil, aussi avides et prêts à tout pour l’argent les uns que les autres. Un message pas forcement original, mais incontestablement lucide.

A signaler niveau interprétation, aux côté de ces 2 cabotins de Paolo Villaggio et Lino Toffolo, la présence de la divine Sylva Koscina, parfaite dans son xième rôle d’aristo vénéneuse. La musique elle est signée de l’argentin Luis Bacalov – sa seule collaboration avec Samperi – qu’on a connu beaucoup plus inspiré à l'époque (sur Roma bene, par exemple). A retenir tout de même l’entraînante chanson-titre du film, interprétée par un certain Ivano Fossati.
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