
"Cabaret" de Bob Fosse est l'apport hollywoodien à toute une vague de films "retro" mettant en scènes les années troubles de la montée en puissance du nazisme. L'esthétique doit être flamboyante et décadente, tout comme le propos : "Les damnés" en est le mètre-étalon, mais on peut aussi signaler "Le conformiste", "La banquière", "Le tambour", dans un genre proche "Portier de nuit", etc... Comparer à ces titres, "Cabaret" paraît d'ailleurs un film bien classique, moyennement porté sur les audaces. Le visuel et la reconstitution historique (le film est tourné en Allemagne avec un casting en très grande majorité allemand) sont magnifiques. On est vraiment en plein Weimar, entre les toiles d'Otto Dix citées très exprèssement et les trognes incroyables de certains figurants, paraissant surgir des photos d'époque. Mais la montée du nazisme reste une toile de fond relativement secondaire face à l'histoire d'amour entre les deux protagonistes principaux - histoire somme toute assez classique.
La différence est quand même faite par une distribution intéressante (Liza Minnelli qui reste définitivement associée à ce métrage, Michael York, Helmut Griem) ; et puis bien sur par la mise en scène de Bob Fosse qui fait quand même la différence. L'action est ainsi entrecoupée de numéros musicaux du cabaret, animés par un maitre de cérémonie méphistophélien, numéros faisant échos à la progression du métrage. Certains permettent à Fosse de mettre en oeuvre ses talents hors du commun en matière de chorégraphie, de filmage et de montage ; d'autres ont des résonances extrêmement aigres quant à leur rapport au métrage (le mariage avec un singe)...
"Cabaret" reste quand même un film un peu sage, un peu trop conventionnel, où l'on ne sent pas forcément l'investissement total de son metteur en scène. Mais il apporte tout de même les satisfactions toujours plaisantes d'un drame hollywoodien de qualité solide...