Ancienne accro à l'héroïne, Sherry sort de prison. Elle cherche à se réinsérer pour récupérer la garde de sa fille. Mais il lui faut faire face à la liberté et à ses responsabilités.

Bien qu’ayant un gros faible pour Maggie Gyllenhaal, j’avoue que ce Sherrybaby ne m’inspirait pas énormément sur le papier. Les portraits de femme à problèmes, c’est un peu le fond de commerce du cinéma indie américain de ces dernières années. Plus c’est tristounet, mieux c’est et s’il n’y a pas que des mauvaises choses dans ce filon (Loin du paradis, par exemple, est une bien belle réussite, North Country, avec son petit côté Ken Loach, est pas mal du tout aussi), l’étiquette produit Sundance on road to the oscars que se trimballent tout ces films tend à galvauder en partie leurs qualités et personnalité, à les rendre interchangeables (du moins, à mes yeux …).
Ce premier long (de fiction) de sa réalisatrice, souffre donc de ce symptôme post-Boys don’t cry. On pige donc vite que 1) on n’est pas là pour rigoler mais bien face à un vrai sujet de société traité de la façon la plus dépouillée, la moins glamour possible, et 2) que tout tourne autour de la prestation de l’actrice principale, censé logiquement nous livrer une performance de calibre golden globisable. Et pourtant, tout en sachant cela et en découvrant un film conforme au programme exposé précédemment, j’ai quand même marché à fond à la vision de celui-ci.
Il faut dire aussi que le film est très bien écrit, qu’il évite brillamment le côté catalogue sur le sujet, les lourdeurs explicatives et la redondance (la relation incestueuse avec le père – sans doute à l’origine de la prise de stupéfiants par le personnage principal - est ainsi traitée sans une seule ligne de dialogue par la réalisatrice, qui n’y revient jamais par la suite), et que l’implication de Maggie Gyllenhaal dans ce rôle très « exposé » d'ex-taularde camée est évidente. Elle sait rapidement rendre son personnage très attachant, en dévoiler sans trop en faire les multiples facettes, les forces et les faiblesses. Giancarlo Esposito est pas mal non plus dans son personnage d’agent de probation, de même que Danny Trejo dans un rôle inhabituellement humain.
Dommage cependant que la forme relativement peu audacieuse et personnelle du métrage – mise en scène semi-documentaire sans grande originalité, photo crue, limite blafarde – en limite les ambitions et l’empêche de sortir franchement du lot des productions indépendantes de cet acabit. Ce script et cette interprétation associés à une réalisation plus ambitieuse, et on tenait peut-être la version indie féminine de l’excellent Straight time d’Ulu Grosbard.