Picone vient de perdre son emploi. Afin d’attirer l’attention des autorités locales sur son sort, il s’immole devant le tribunal de Naples sous les yeux de sa femme Luciella. Transporté à l’hôpital le plus proche, Picone disparaît. Ne sachant où chercher et n’obtenant aucune aide significative de la part des instances officielles napolitaines, Luciella charge un certain Salvatore Cannavacciuolo, petit magouilleur proposant ses services aux citoyens perdus dans leurs démarches administratives, de retrouver la trace de son potentiellement défunt mari.

Encore un film de Nanni Loy qui, à l’image d’ailleurs de l’ensemble de son œuvre, mériterait bien sa petite reconnaissance de ce côté-ci des Alpes, d’autant qu’il me semble que celui-ci est totalement inédit chez nous, à la différence des 4 jours de Naples ou de Café express par exemple.
Mi Manda Picone (que je traduirais, sans être très sûr de moi, par « C’est Picone qui m’envoi ») est pourtant une remarquable tragi-comédie à l’italienne d’une richesse et d’une force égale à celle de Détenu en attente de jugement ou de Café express. On recense d’ailleurs de nombreux traits communs entre ces 3 films (comme d’ailleurs avec plusieurs autres films de Loy), similarités aussi bien d’ordre stylistiques que thématiques. Tout comme Détenu … le film nous narre dans un style proche du documentaire la plongée d’un individu un peu médiocre mais avant tout humain dans un monde de plus en plus inquiétant, presque kafkaïen. Et tout comme dans Café express, l’intrigue est faite d’une succession de rencontres entre notre héros (plus ou moins) candide et une galerie de personnages pittoresques issus d’à peu près toutes les strates de la société italienne. Le film fonctionne également comme un suspense, les rebondissements se succédant à un rythme très soutenu, au fur et à mesure que Salvatore découvre la face obscure de Picone et ses activités interlopes des bas-fonds de Naples.
Oeuvre 100% napolitaine, Mi Manda Picone fait évidemment appel à d’authentiques seconds rôles locaux comme l’imposant Aldo Giuffrè (vu précédemment en chef de gang dans le tout aussi napolitain Ursula l’anti-gang de Di Leo) ou Lina Sastri. Giancarlo Giannini est lui impeccable en escroc / détective, usurpateur d’identité. Certes on se dit bien que c’est un petit cran en dessous de ce qu’un Nino Manfredi ou un Alberto Sordi nous auraient livré comme prestation en pareilles circonstances, mais ça demeure quand même digne d’éloges.
Reste que, l’ayant vu en italien, je n’ai pu profiter pleinement de dialogues que j’imagine bien relevés, et qu’une seconde vision me serait nécessaire pour en apprécier totalement le contenu. Peut-être qu’une chaîne du câble s’y intéressa un jour … on a le droit d’espérer.