
Bon allez, on va dire poliment que je suis passé à côté.
J'ai été terriblement déçu par ce "Battala en el cielo" et pourtant j'en attendais beaucoup. Mes griefs ? Je le trouve tout simplement extrémement surfait, artificiel, balisé et manquant singulièrement de sincérité. On devrait se méfier des cinéastes qui sont capables de disséquer leurs films dans leurs moindres détails et qui semblent ne laisser aucune place à la zone d'ombre... Carlos Reygadas parle parfaitement de son film, trop parfaitement, il l'analyse à la perfection et c'est peut-être dans cela que "Battala en el cielo" me paraît raté car entièrement calculé du début jusqu'à la fin.
Chaque scène paraît marqué d'un sceau symbolique ou esthétique, un peu comme si l'on pouvait nous livrer un mode d'emploi avant la projection : scène du rapport entre le sexe et le divin, scène documentaire portrait de Mexico, scène du tourment expiatoire, scène de la beauté de la laideur, scène poétique etc...etc...(avec des influences diverses qui vont de G. Bataille à Bunuel). Le cinéaste explique d'ailleurs parfaitement le sens de chaque image et justement le fait est que l'on ressent ses intentions derrière chaque scène. Le film est trop réfléchi, pensé, sans spontanéité...
Contrairement à un Tarkovski la foi apparaît beaucoup plus comme un thème qu'une hantise . Ainsi le film présente des personnages tourmentés sans être vraiment tourmenté et laisse très souvent le spectateur de côté en un spectacle extrémement froid et finalement enfermé dans un processus de construction plus que d'inspiration authentique. C'est en tout cas ce que j'ai ressenti. Reste quelques scènes poignantes et qui atteignent leur but et en particulier ces quelques scènes de sexe baignées dans une blancheur immaculée (y compris la fameuse scène de fellation où les larmes de la jeune femme ont une densité incroyable), où là, brusquement l'émotion parvient à nous faire ressentir la notion même de sacré. Mais dans l'ensemble "Battala en el cielo" manque terriblement d'unité et d'authenticité : elle est une oeuvre qui s'auto-analyse en permanence avant de se créer...