Deux jours à tuer - Jean Becker (2008)

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Gronf
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Deux jours à tuer - Jean Becker (2008)

Message par Gronf »

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Antoine a réussi sa vie: Associé d'une boîte de publicité, il a une jolie femme, deux enfants, une belle maison, une belle bagnole, bref, il a tout pour être heureux. Seulement, il va tout envoyer valser en balançant clairement ce qu'ils pensent de son entourage aux personnes intéressés.

Un film avec Albert Dupontel provoque toujours un certain intérêt pour moi, tant j'admire son talent. A cela s'ajoute un sujet tout aussi intéressant, celui qui n'en peut plus des hypocrisies et qui va les briser. Ca me parle clairement et fait écho en moi à ce que je ressens parfois, à ce que j'ai envie de faire parfois, une sorte de fantasme que j'ai parfois envie de réaliser mais que les convenances et autres codes de société me font toujours reculer. Ici, le personnage de Dupontel réalise ce fantasme.

Ca donne quelques scènes franchement jouissives, drôlement grinçantes et tout le talent de Dupontel ajoute du piment à plusieurs situations.

Mais...
Mais il y a un mais qui finalement gâche le plaisir, que la bande-annonce n'évoque pas et qui la fait passer pour mensongère, hypocrite même alors que dans un premier temps, ce sont les hyposcrisies de la vie en société que l'on est venu voir mises à mal.



GROS SPOILERS

En réalité, Antoine est atteint d'une maladie incurable (dont on ne sait jamais de quoi il s'agit) et il n'en a plus pour longtemps à vivre. Alors pour éviter que son entourage s'apitoie sur son sort, il l'humilie, de ses clients à ses amis en passant par sa femme.
Puis il va rejoindre son père qu'il n'a pas vu depuis des années pour passer ses derniers instants et à qui il révèle tout et surtout son comportement odieux en disant: "c'est difficile de passer pour un salaud auprès des autres".

Ainsi, tout ce dont on a assisté auparavant est remis en question et l'hypocrite dans l'affaire, c'est le personnage de Dupontel qui, en vérité, ne rejette en rien les valeurs bourgeoises, sa vie modèle et tout ce qui va avec.


FIN GROS SPOILERS


Ainsi, ça me fait chier d'être de l'avis de Télérama qui explique sans spoiler pourquoi le film n'est pas aussi sincère qu'il en a l'air:

Télérama:http://www.telerama.fr/cine/film.php?id ... t=critique
"Alors, atavisme familial, salutaire prise de conscience ou delirium tremens ? Cherchez encore ailleurs. La réponse affleure peu à peu, et elle est accablante. On pourrait arguer que le personnage a plutôt raison sur le fond (oui, l'existence est un jeu de dupes) et tort sur la forme (la conscience de l'absurde n'oblige pas à injurier ses proches). Mais c'est justement l'inverse que soutient Jean Becker au terme d'une manipulation éhontée : son héros a des raisons d'être odieux, alors même que les valeurs qu'il rejette (famille modèle, amis riches, propriété foncière) seraient les bonnes. Pas très ragoûtant..."


Reste un fameux numéro d'acteur de la part de Dupontel mais la fin qui se veut émouvante ne l'est pas autant qu'elle le voudrait tant le personnage principal passe alors pour un hypocrite.
DPG
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Re: Deux jours à tuer - Jean Becker (2008)

Message par DPG »

J'ai trouvé la bande annonce insupportable. Ca m'a donné envie d'avoir deux hommes à tuer : Dupontel et Jean Becker !
"J'ai essayé de me suicider en sautant du haut de mon égo. J'ai pas encore atteri... "
mercredi
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Re: Deux jours à tuer - Jean Becker (2008)

Message par mercredi »

L’oeuvre de Jean Becker rentre directement dans le vif du sujet en soumettant la naturelle lucidité induite par toute crise existentielle à une critique sociologique souvent jouissive. Après avoir pointé du doigt le ridicule d’une campagne publicitaire au cours d’une scène fort drôle, notre personnage s’en prend à son épouse en s’attachant à revenir sur la médiocrité d’une petite vie rangée puis lance au visage de ses meilleurs amis des vérités, certes dérangeantes, mais pareillement empruntes d’une lucidité non dénuée d’ironie.
Amusante, la répartie du protagoniste désabusé dévoile le caractère dérisoire de relations humaines artificielles conditionnées par certaines normes sociales. Le non-dit, le tabou s’exposent au grand jour, occasionnant des joutes verbales, peu originales - il est vrai - mais toujours efficaces. Davantage complexe, le sentiment amoureux se teinte d’une amertume étrange dont une conclusion se chargera d’élucider un mystère qui, je tombe d’accord avec Gronf, invalide complètement l’humour grinçant utilisé au préalable. Frustrant et très très énervant.
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