Le Grand Alibi, Pascal Bonitzer, 2008

Modérateurs : Karen, savoy1, DeVilDead Team

Répondre
mercredi
DeVilDead Team
Messages : 1107
Enregistré le : mer. déc. 06, 2006 2:55 pm

Le Grand Alibi, Pascal Bonitzer, 2008

Message par mercredi »

Une réunion de famille occasionne le meurtre d’un brillant psychiatre (Lambert Wilson) lequel aurait été apparemment victime de son épouse (Anne Consigny) jalouse. Néanmoins, les choses ne sont pas aussi évidentes qu’il n’y paraît de prime abord...
Adaptation du “Vallon”, le “Grand Alibi” de Pascal Bonitzer surprend d’emblée par une réelle de volonté de s’éloigner des codes vulgarisés par l’intertexte dont il s’inspire, à savoir “l’enquête cluedo” chère à Agatha Christie. Certes, nous retrouvons les éléments indispensables au développement de ladite trame - quasi huis clos; personnages stéréotypés; énigme - lesquels se trouvent pourtant complexifiés par des enjeux qui les dépassent ouvertement (auparavant esquissés ou suggérés). Les relations entretenues par les protagonistes accusent une charge émotive doublée par des tenants aboutissants sociologiques relativement surprenants dans ce contexte. Le nombrilisme de l’artiste (Valeria Bruni-Tedeschi) devient passion amoureuse, le patriarche amateur d’armes (Pierre Arditi) éprouve une véritable tendresse pour une femme (Miou-Miou) dont l’apparente futilité bourgeoise (respect des conventions jusqu’à l’absurde) revêt une dimension psychologique (tentative d’échapper à la réalité), la femme fatale (Caterina Murino) accuse une certaine fragilité et l’épouse trompée (Anne Consigny) une force de caractère inédite. À cela s’ajoutent des scènes d’action parfaitement amenées, des dialogues parfois très drôles et une élucidation, certes non renversante, mais fort intelligente. En bref, un bon moment...
Jarlow
Messages : 809
Enregistré le : mer. sept. 21, 2005 3:01 pm

Re: Le Grand Alibi, Pascal Bonitzer, 2008

Message par Jarlow »

Je ne rejoins pas du tout l’avis de Mercredi...
Un film particulierement mou dans sa mise en scène, particulierement vide d’idées et de propositions. Bonitzer exclue le decorum Christiesque, mais pour le remplacer par quoi ? le quotidien bourgeois du cinema français actuel. Je suis desolé mais j’ai beaucoup de mal à y voir une bonne idée. Les references hitchcockiennes sont carrement genantes venant d’un critique plutôt coherent mais incapable de mettre en image sa perception, son regard de l’oeuvre du maitre du suspens. On reste dans la citation, pas dans le reinvestissement.
Dans « Le Grand Alibi », tout est spongieux. Les acteurs, l’intrigue, la musique, les decors même semblent comme contaminés par la texture et la forme d’une eponge bon marché.
Je ne reviendrais pas sur le discours sur l’artiste/l’oeuvre d’art qui semble une piste, vite abandonnée, pour l’auteur... Il y avait pourtant à faire.
SPOILERS
Par contre j’aime beaucoup la tentative de suicide par ethylisme lourd qui se conclut par une magnifique conduite à fond sur l’autoroute. Un grand moment de n’importe quoi, meme venant de la part d’un personnage qui visiblement oublie un tiers de ses journées ( un alcolique bien peu resistant aux effets de l’alcool, le ptit gros ).
Nouveau numéro de Torso, revue de cinéma: JOE DANTE !!!
Pour nous contacter: torsofanzine@hotmail.com
Notre site web : http://torsorevuedecinema.fr/
mercredi
DeVilDead Team
Messages : 1107
Enregistré le : mer. déc. 06, 2006 2:55 pm

Re: Le Grand Alibi, Pascal Bonitzer, 2008

Message par mercredi »

Jarlow a écrit : Un film particulierement mou dans sa mise en scène, particulierement vide d’idées et de propositions. Bonitzer exclue le decorum Christiesque, mais pour le remplacer par quoi ? le quotidien bourgeois du cinema français actuel.
J'avoue que je n'avais pas vu la chose sous cet angle. La disparition du "decorum Christiesque" au profit du quotidien bourgeois soutient une actualisation significative qui abonde pourtant dans ton sens, Jarlow. Substituer le dit cadre référentiel à celui, extrêmement codifié de la romancière, revient à octroyer au premier la dimension proprement artificielle du modèle. Le cinéaste remet en cause la vraisemblance d'un univers (sorte de bourgeoisie oisive) validé et exploité à outrance par maintes productions françaises actuelles. En ce sens, l'intertexte policier nourrit une parodie somme toute appréciable. Ceci dit, les personnages et décors demeurant ce qu'ils sont au niveau narratif (lequel reste primordial au regard du genre); je comprends qu'ils puissent horripiler...
Jarlow
Messages : 809
Enregistré le : mer. sept. 21, 2005 3:01 pm

Re: Le Grand Alibi, Pascal Bonitzer, 2008

Message par Jarlow »

Oui tu as raison, cela pourrait être une critique en creux du cinema français actuel si le film allait un peu plus loin dans ses propositions, notamment peut-être en accentuant le portrait au vitriol, qui n’est qu’esquissé, de cette micro-societé (rapports uniquement basé sur l’apparence, l’argent, la reussite – comme le dit le jeune artiste au debut du film en parlant de son livre en preparation « personne va le lire, mais ils me demandent tous si ca avance »)

Concernant Bonitzer je prefere relire "Le champ aveugle" ouvrage avec lequel je me trouve parfois en position d'opposition, mais qui me parait d'une bien plus grande richesse que ce film... Les bons critiques, les bons theoriciens ne font pas forcement de grands artistes.
Nouveau numéro de Torso, revue de cinéma: JOE DANTE !!!
Pour nous contacter: torsofanzine@hotmail.com
Notre site web : http://torsorevuedecinema.fr/
mercredi
DeVilDead Team
Messages : 1107
Enregistré le : mer. déc. 06, 2006 2:55 pm

Re: Le Grand Alibi, Pascal Bonitzer, 2008

Message par mercredi »

Jarlow a écrit : Concernant Bonitzer je prefere relire "Le champ aveugle" ouvrage avec lequel je me trouve parfois en position d'opposition, mais qui me parait d'une bien plus grande richesse que ce film...

Je note :wink:
Jarlow a écrit :Les bons critiques, les bons theoriciens ne font pas forcement de grands artistes.
et suis complètement d'accord avec toi.
Jarlow
Messages : 809
Enregistré le : mer. sept. 21, 2005 3:01 pm

Re: Le Grand Alibi, Pascal Bonitzer, 2008

Message par Jarlow »

C’est un livre sur les liens entre le cinéma et la realité, construit à partir d’articles écrits dans les Cahiers dans les 80’s. Je me souviens particulierement d’une tres bonne partie sur l’oeuvre d’Hitchcock, ou il mettait en avant l’importance de la « tache » dans les films de l’auteur, analyse tres fine sur l’idée de contamination du plan par son détail puis du film par un de ses plans. Le reste est parfois un peu facile, du genre blah blah sur Rossellini qu’on croirait écrit par Godard ou Bazin 30 ans avant, petit retour sur les notions de hors-champ et d’arriere-plan... Mais enfin un bon ouvrage theorique.
Nouveau numéro de Torso, revue de cinéma: JOE DANTE !!!
Pour nous contacter: torsofanzine@hotmail.com
Notre site web : http://torsorevuedecinema.fr/
Répondre