Berlin- 2eme guerre mondiale- Dans les bordels berlinois, Max vit son homosexualité de façon violente avec un jeune danseur. Quand celui ci est égorgé par les SS, Max fuit mais il est capturé et déporté à Dachau.
Contraint de faire l'amour au cadavre d'une enfant de 13 ans, ce à quoi il prend goût, il est déclaré hetero. Mais son homosexualité resurgit lorsqu'il rencontre Horst, compagnon de camp. Les deux hommes vont devoir cacher leur amour naissant...
Bent- état du pénis en demi erection en phase d'excitation- est bien plus qu'un simple film sur le nazisme et les rapports entre bourreaux SS et déportés.
Le principal sujet du film est Max, un homme qui accepte d'aimer un autre homme et vice versa, l'histoire d'une passion, d'une relation quasi mythique entre 2 hommes qui refusent au départ ce qu'ils sont, ceci dans le contexte d'un camp de la mort.
Si on excepte l'ouverture, vertigineuse plongée dans le milieu gay berlinois et ses bordels décadents où se retrouve toute une faune bigarrée entre orgies carnavalesques et cabarets avant gardistes où on se sodomise dans chaque coin et recoin
![Very Happy :-D](./images/smilies/icon_biggrin.gif)
Tout passe par le texte et la portée du discours. Tous les sentiments et toute la tragédie de la situation passe par les mots créant un univers intime et terriblement fragile.
Bent est un chant d'amour avant de se muer en chant de mort.
Bent c'est la solitude, celle des lieux, celle des hommes et celle des sentiments. Hormis quelques SS fantomatiques, il n'y a que ces 2 hommes dans ce camp, nu total, nu des décors, absence de toute figuration, 2 hommes seuls face à la solitude de leurs sentiments qu'ils doivent taire.
Bent est une métaphore sur la solitude des homosexuels face à l'incomprehension et la cruauté du monde qui les entoure symbolisée ici par les SS et ce camp. Cette tragédie est en fait une visualisation de la peur inconsciente de vivre son homosexualité au grand jour, de la cruauté des autres face aux homosexuels et du comportement des homosexuels qui en découle donc, comportement incarné par Max.
Max avant sa deportation refusait d'assumer son homosexualité et la réalité des sentiments, l'amour pour lui ne pouvant exister entre 2 hommes, en vivant des relations violentes et cruelles avec de jeunes débauchés. Le sexe est violence, le sexe est sale. Il est égoiste, Max ne pensant qu'à satisfaire ses instincts.
Le film se divise en 4 parties:
La 1ere est donc ce bordel où Max vit sa sexualité egoistement et sauvagement.
La 2eme débute lors de sa déportation. Devant cacher son homosexualité, il est contraint de violer le cadavre d'une enfant. Il rencontre alors Horst, son compagnon de camp mais il continue à cacher son homosexualité même s'il tente de le sauver. Geste égoiste puisque à travers ce geste, il pense encore à son propre salut.
La 3eme verra Max admettre son homosexualité mais il se leurre en la justifiant par l'absence de sexe. Ceci donnera une magnifique scéne d'une intensité rare.
Au garde à vous, cote à cote sous un soleil de plomb, les 2 hommes vont se faire l'amour par la force des mots jusqu'à l'orgasme. On retrouve là toute la force des dialogues et l'impact de la parole, l'efficacité de la suggestion verbale... si intense qu'elle a même agi sur Eric!
![Shocked :shock:](./images/smilies/icon_eek.gif)
![Embarassed :oops:](./images/smilies/icon_redface.gif)
Une des plus belles et intenses scene sd'amour du cinéma sans sexe aucun!
Lors de la 4eme partie, Max admettra enfin son homosexualité et l'existence de l'amour passion entre 2 hommes, déclaration d'amour, déclaration de mort.
Bent est le parcours initiatique d'un homme se révelant au grand jour quitte à être tué, là encore belle métaphore sur le rejet et la condamnation de l'homosexualité dans notre société.
Intelligente métaphore certes mais alors d'où vient cet ennui qui suinte du film?
Outre le très beau début orgiaque dans les décors décadents de ce bordel pour hommes, la débauche sexuelle et l'egorgement du jeune danseur, Bent, piece de theatre au départ, souffre de sa transposition à l'ecran. Ce qui passe sur une scene ne passe forcément à l'écran d'autant plus que Matthias a gardé une mise en scene trés theatrale d'où ce coté artificiel.
Décor de théatre: un camp reconstitué dans des décors de théatre, cette carrière symbolisant un camp de travail, tout sonne faux jusqu'à cette neige artificielle simulant l'hiver.
Artifice pour un film artifice qui pourtant au départ n'a rien d'artificiel, porteur d'un message universel. Dommage!
Pénible aussi ces dialogues incessants donnant une impression de cours magistral de philo tandis que les 2 hommes passent leur temps à faire des va-et-vient geometriques dans des espaces geometriques en portant des pierres. Lassant!
Tout le pouvoir emotionel s'en trouve trop désamorcé sur grand écran et les sentiments, la passion, le desespoir des 2 hommes ne passent pas ou mal.
On saluera Lothaire Bluteau et son petit fessier entrapercu, sorte de Ruppert Everett jeune, le décharné Clive Owen et l'apparition de Ian McKellen mais on retiendra surtout la composition de notre Mick Jagger
![Shocked :shock:](./images/smilies/icon_eek.gif)
Bent, message universel sur l'amour viril, fait partie de ses oeuvres cérébrales, idéales pour un Thema d'ARTE des familles, un soir.. prodigieusement beau mais sideralement chiant. Bzzzzz!
Le corbeau qui aime les hommes au grand jour mais aussi en pleine nuit et pas par la seule force des mots!
![Laughing :lol:](./images/smilies/icon_lol.gif)
![Laughing :lol:](./images/smilies/icon_lol.gif)