Après avoir chassé des délinquants sexuels frustrés pendant presque 20 années, Erroll Babbage doit céder sa place à un remplaçant. Celui-ci se trouve être la jeune Allison Lowry qui n’a que deux semaines pour être préparée à ce long travail émotionnellement dur. Allisson se rend très vite compte du fanatisme d’Erroll mais son patron lui laisse entendre qu’il n’est absolument pas l’exemple à suivre. Quand Erroll, obsédé par son travail, lit dans le journal qu’une fillette a disparu ; il voit immédiatement l’implication possible d’un déliquant dont il a la charge.
Réalisé en 2006 mais toujours pas sorti chez nous (ce qui sent un peu le film à problème …), cette première réalisation américaine du hong-kongais Andrew Lau, produite – entre autre – par Philippe Martinez (L’Empreinte de la mort) et Elie Samaha, aborde sur le mode du thriller horrifique à la se7en, Saw and co le délicat problème du contrôle des délinquants sexuels. A charge pour notre american gigolo préféré de Richard Gere de jouer les justiciers casseurs de pédophiles, ce qui, sur le papier du moins, ne laisse évidemment rien augurer de bon. D'autant qu'on sait bien que, lorsque Richard se met en tête de faire du cinéma à message, comme c’est un peu le cas ici, cela peut donner des films redoutablement mauvais.
Une oeuvre sur une pente savonneuse donc, qui s’avère au final pas si mauvaise que ça. Première bonne surprise : le scénario, relativement dense, est plutôt bien fichu. Bon, ce n’est pas parfait : On n’échappe pas à quelques facilités dans le récit policier, que Gere boucle au nez et à la barbe d’une police un peu trop absente de l’histoire. L’univers des pervers sexuels sado-maso que nous décrit le film donne un peu trop dans le grand-guignol flashy. Quant au portrait de Babbage, dont les méthodes de travail sont pour le moins discutables, il manque sans doute un brin de finesse. Mais l’ensemble s’avère finalement assez bien équilibré dans son dosage pas évident entre suspense et peinture d’une personnalité borderline (qui m’a fait par moment un peu pensé au Jack Nicholson de The Pledge). SPOILERS En outre le final ne sombre pas dans la démagogie nauséeuse (comme c’était le cas sur Highwaymen, le précédent script de Hans Bauer et Craig Mitchell … scénario qui semble par ailleurs partagé avec The Flock une même obsession de la chair meurtrie) mais s’achève beaucoup plus courageusement sur quelques plans ambigus, qui laissent planer comme une incertitude sur le devenir psychologique du personnage central. SPOILERS
A cela s’ajoute une mise en scène sans génie mais très efficace et une belle photo en scope – il y a même 2, 3 plans que j’ai trouvés de toute beauté – l’une et l’autre mettant parfaitement en valeur les paysages ruraux plus ou moins désolés du Nouveau-Mexique dans lesquels se déroule un bonne partie de l’intrigue. Enfin, sans être exceptionnelle l’interprétation tient plutôt bien la route. A ce sujet, signalons pour conclure la présence de la chanteuse April Lavigne dans un rôle étrangement court, qui là aussi laisse à penser que le film n’a pas connu une gestation des plus sereines.