Naked fear - Thom Eberhardt (2007)

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manuma
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Naked fear - Thom Eberhardt (2007)

Message par manuma »

En rupture de ban familial, la jolie et naïve Diana débarque dans une petite ville du Nouveau-Mexique pour y honorer un contrat de danseuse. Elle se retrouve illico dans un bar à strip-teases, contrainte d’accepter son nouvel emploi afin de rembourser l’escroc l’ayant fait venir à ses frais. Se résignant bientôt à se prostituer pour quitter au plus vite la région, Diana croise sur son chemin Colin, un détraqué kidnappant des filles à la dérive comme elle pour les violer puis les chasser nues en pleine nature.


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A la lecture du petit résumé que je vous ai concocté, j’admets que le contenu de cette septième réalisation de Thom Eberhardt évoque plus aisément celui d'un improbable nanar tirant vers le Z qu’un solide survival / rape & revenge féministe. Et pourtant, à partir d’un budget probablement en totale adéquation avec la première alternative proposée, ce Naked fear s’avère finalement tenir intégralement de la seconde option. Presque un exploit déjà … d’autant qu’à priori rien ne prédisposait Thom Eberhardt, réalisateur du génial Without a clue (classé à vie dans mon top 5 comédie), de l’épisode pilote de Parker ne perd jamais et de 2 comédies Disney fort sympathiques, Gross anatomy et Captain Ron, à s’illustrer sur un tel sujet, brutal, sombre, pouvant facilement virer au bassement racoleur et, dans tous les cas de figure, très éloigné de ses précédents travaux.

Et pourtant Eberhardt et sa scénariste Christine Vasquez (une inconnue, comme à peu près tous les intervenants au film) sont indubitablement les deux principaux instigateurs du succès de ce Naked fear. La réussite de film tient en effet en premier lieu à l’originalité de leur approche : froide, ironique, évitant brillamment toute complaisance et étoffée d’une intéressante petite réflexion sociale sur la place des laissés pour compte dans nos sociétés modernes pas si civilisées que ça. Un dernier aspect qui pourrait rapprocher légèrement Naked fear du film d'Ernest Dickerson, Surviving the game, à la différence près que ce dernier tournait rapidement au divertissement fun et crétin alors qu'Eberhardt et Vasquez se refusent à la surenchère et au spectaculaire, optant pour quelque chose de beaucoup plus cru et intelligent.

Les amateurs de bis trash le regretterons peut-être mais, là où un tel sujet aurait facilement pu verser dans le mauvais goût, le graveleux ou toute autre forme de facilité, les 2 auteurs, sans non plus se défiler devant l’âpreté de leur propos – qui nous parle tout de même d’exploitation de la misère humaine, de viols et de tortures, et SPOILERS aligne les meurtres brutaux, de celui de la femme traquée au générique de début à ceux des 2 adolescents auprès de qui Diana trouve momentanément secours SPOILERS choisissent presque toujours l’ellipse pudique ou posent sur tout ça un regard presque détaché, pour ne pas dire amusé (cf. l’épisode avec les 2 ados du van), avec pour résultat de placer le spectateur dans une drôle de situation, étrange, inconfortable, souvent oppressante. Du coup, et c’est peut-là le tour de force du film, on en oublie (presque) de reluquer l’héroïne pendant les 20 bonnes minutes du récit où celle-ci court totalement nue à l’écran, pour n’y voir qu’une bête traquée tentant d’échapper à son prédateur. SPOILERS Tout aussi inattendue est la conclusion, qui nous renvoie malicieusement aux meilleures bandes d’autodéfense féminine des seventies / eighties SPOILERS. Le seul gros reproche que je puisse faire au scénario est finalement la durée un peu excessive de son exposition, soit, avant que l’on ne rentre vraiment dans le vif du sujet, une trentaine de minutes consacrées aux déboires de la malheureuse Diana et à la présentation d’un personnage un peu fadasse d’adjoint au shérif … mais même ainsi, cela reste du très bon boulot donc, niveau écriture comme réalisation.

Maintenant, à coté de toutes ces bonnes choses – et cela en est d'ailleurs vraiment frustrant par moment – Naked fear souffre indéniablement d’un manque d’argent et de talent, voir à certains postes d’un manque de professionnalisme tout court. Si la partie « in the wild » du film passe encore assez bien, la plupart des séquences urbaines sentent elles franchement trop la production indépendante locale filmée à l’arrache avec, à la prise de son, Ricky, le fils du frère de Mr Ortega, patron de la quincaillerie du coin et principal investisseur du film. De la même façon, ça laisse un peu à désirer du côté de l’interprétation. Si Danielle De Luca, l’héroïne, s’en sort avec les honneurs dans un rôle pour le moins exposé, du côté de ses partenaires – mis à part Joe Mantegna, qui n’a malheureusement pas grand-chose à faire dans le film – cela va du médiocre au catastrophique.

Sentiment mitigé donc, au sortir de ce film. Un contenu intelligemment traité, mais en partie gâché par une exécution dépassant parfois le minimum qualitatif tolérable.
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