Londres, 2 personnes se défenestrent dans des conditions similaires à seulement 24 heures d’intervalle. La première est un vieux professeur de musique, que l’on disait sujet à de fréquentes crises de folie, la seconde une jeune fille nommée Katherine, au sortir d’une déception amoureuse selon son amie et colocataire Helen. De retour dans la capitale anglaise, Richard, le frère de Katherine, apprend la tragique nouvelle et, n’acceptant pas la thèse du suicide, décide de mener sa propre enquête avec l’aide d’Helen.

Au croisement du film noir et du giallo, Las Trompetas del apocalipsis est signé de l’espagnol Julio Buchs, dont la carrière de réalisateur, davantage tournée vers la comédie et le western spaghetti, s’achèvera brusquement 4 ans plus tard, par sa disparition prématurée à l’age de 47 ans. Le film est également connu sous le titre beaucoup moins justifié de Perversion Story (Achtung à la confusion avec le Fulci de la même époque, donc …), ainsi que, en Italie, sous celui encore plus farfelu de I Caldi amori di una minorenne (sans doute afin d’attirer plus facilement le chaland en capitalisant abusivement sur la présence de la jeune Romina Power dans le film).
S’il serait excessif de parler de classique méconnu dans son genre, disons que Trompetas del apocalipsis constitue un spectacle tout à fait honorable pour l’amateur de bisseries européennes rétro, très classique dans sa mise en forme et sa narration – à l’exception peut-être de son approprié psychédélique générique de début – mais bien mené, avec tout de même quelques petites surprises à la clef, comme sa bifurcation vers le fantastique lorsque arrive l’heure des révélations.
L’intérêt du métrage me semble cependant résider prioritairement dans son ambiance londonienne assez particulière, mi-swinging sixties mi-Victorienne période Jack l’éventreur. Une bonne partie de l’intrigue se déroule en effet de nuit, dans d’inquiétantes ruelles désertes embrumées ou d’inhospitaliers immeubles en ruines hantés par de peu recommandables hippies au visage peinturluré. Une vision de la communauté baba-cool plus ugly que groovy qui confère au film un amusant côté kitsch. L’interprétation est, comme le reste, compétente sans non plus faire vraiment d’étincelles. Plus que les prestations passe-partout de Brett Halsey et Marilu Tolo, on retiendra ici la jolie frimousse de Romina Power, en fausse ingénue adepte de l’amour libre.
Un intéressant petit suspense pré-giallesque en résumé ... et un flop annoncé pour le thread qui l'accompagne ...