Tempête sur l'Asie - 1928 - Vsevolod Poudovkine

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Manolito
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Tempête sur l'Asie - 1928 - Vsevolod Poudovkine

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Titre russe : Potomok Chingis-Khana

En 1918, alors que la guerre entre Rouges et Blancs bat son plein en Russie, la Mongolie est encore sous la coupe militaire de la puissance coloniale anglaise. Un jeune chasseur nomade se rend à la ville pour y vendre une superbe peau de renard, d'une valeur inestimable. Mais les acheteurs de fourrure sont des occidentaux capitalistes méprisants, qui ne lui en offrent qu'une somme dérisoire. Le chasseur se révolte, tue un des acheteurs et s'enfuit dans la toundra. Il y rencontre des partisans communistes avec lesquels il sympathise et fait cause commune. Il est néanmoins capturé par les anglais un peu plus tard. Suite à un quiproquo, ces derniers sont convaincus que ce chasseur est un descendant en ligne directe de l'empereur Genghis Khan...

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Révélé internationalement par son film le plus célèbre ("La mère") en 1926, le réalisateur soviétique Poudovkine, réalise trois ans plus tard "Tempête sur l'Asie", à mi-chemin entre le film d'aventures orientales et le film de propagande. Il faut bien le reconnaître, la partie propagande n'est pas ce qui a le mieux vieilli, en particulier avec les descriptions hyper insistantes de capitalistes ricanant à gros cigares et autres militaires inflexibles bardés de médailles. Le propos est alors simpliste et commun, malgré quelques touches bien envoyées sur la mentalité coloniale des puissances occidentales de ce temps-là - pétries d'un paternalisme et d'un racisme odieux.

Mais ce qui différencie "Tempête sur l'Asie" du tout venant du cinéma Stalinien, c'est le cadre mongol de l'action. Poudovkine ridiculise non seulement les puissances coloniales anglaises, mais aussi les autorités religieuses bouddhistes, les croyances en la réincarnation du lama en particulier, décrites comme autant de superstitions destinés à oppresser le peuple et à assurer la prospérité d'un clergé couvert de joyaux, entretenant de superbes et gigantesques bouddhas dorés. Cette manière de tourner en dérision le bouddhisme trouve néanmoins ses limites dans la fascination paradoxale et évidente de Poudovkine pour la civilisation mongole.

La cérémonie bouddhiste et ses danses, ses défilés fastueux, sont ainsi filmés longuement lors de la visite des anglais au Lama, séquence au cours de laquelle poudovkine se régale de cadrages constructivistes et de montage expérimental frénétique. Il se régale aussi de paysages de Toundra, de chevauchées sauvages dans les steppes. Néanmoins, la pauvreté de l'anecdote soutenant le film, la passivité de son personnage principal ne permettent pas à "Tempête sur l'asie" d'atteindre le souffle lyrique voulu... même s'il s'agit d'un solide film d'aventures.

Vu sur le dvd bach films, qui a le mérite de proposer la version intégrale du métrage (125 minutes contrairement à la durée plus courte indiquée par erreur sur la jaquette), mais propose une copie assez médiocre, la faute surtout à une facture vidéo et numérique grossière. Une piste sonore (musicale) mono est proposée. Pas de bonus à part une fiche technique et un résumé du métrage...
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