Boston- de nos jours. Johanna est devenue adulte, clouée dans une chaise roulante. Elle ne se souvient de rien. Alors qu'un faux prêtre commet des crimes, Johanna décide de se marier avec son entraineur qui la presse de l'épouser au grand desespoir de sa jeune nurse qui semble en être amoureuse. Johanna ignore qu'un machiavelique complot s'est dressé autour d'elle afin de lui voler son héritage...
Albertino De Martino est depuis toujours pour les amateurs de cinéma de genre synonyme d'un certain cinéma italien tourné à l'américaine. Du polar efficace- Magnum Special- au thriller politique nerveux- Le conciliateur- en passant par le giallo- L'homme aux yeux de glace- et le cinéma d'horreur matiné de satanisme- Holocaust 2000 ou L'antechrist- De Martino a toujours su délivrer un cinéma efficace et souvent passionnant.
Aprés une longue carrière, il signait son chant du cygne en 1985 pour ce Formule pour un meurtre qui tente de renouer avec le giallo d'antan.
L'ouverture filmée au ralenti ne manquera pas de faire penser à celle d'Ombres sanguinaires de Bido, une petite fille tentant de fuir un pretre, une poupée à la main avant le terrible drame au son d'une comptine.
Particulièrement alléchante, celle ci laisse augurer du meilleur. Malheureusement De Martino va trop vite s'enliser dans le déjà vu et les grosses ficelles tant et si bien que cette Formule ne laisse plus place ni au suspens ni à la surprise.
On a alors droit à la comptine rythmant chaque meurtre, l'ombre du prêtre tueur tout en chapeau et gant noir tenant une poupée ensanglantée, les meurtres à l'arme blanche et l'inévitable complot qu'on devine très vite.
La recette pourrait prendre sans problème aucun si De Martino n'avait pas eu la mauvaise idée de dévoiler son intrigue dés la 45eme minute en découvrant le visage du tueur et le complot qui se trame autour de Johanna, complot qu'on aura vite deviné d'ailleurs.
Il ne reste donc plus qu'à attendre sagement la fin du film et se demander si Johanna sera ou non tuée et si oui comment.
La réponse est vite trouvée et De Martino semble lui même à court d'idée puisqu'il enchaine les scénes certes bonnes mais qui sentent le remplissage pour arriver aux 90mn de bon aloi. Ainsi les scenes de cauchemars sont elles ici quelque peu inutiles.
Aucune surprise donc et c'est là où le bât blesse, tout est ici tellement conventionnel que tout l'interet retombe très vite d'autant plus que la réalisation manque sincèrement de force, trop molassonne.
Pourtant Formule pour un meurtre demeure un agréable petit giallo et se laisse regarder sans déplaisir de par ses qualités visuelles. Tourné en scope, la photographie y est superbe, les couleurs vives et les décors très agréables. Et très interessant, la violence des meurtres. On retiendra le meurtre du prêtre, le visage écrasé à coups de ciboire, d'une brutalité etonnante ou le meurtre hyper sanglant de la nurse à coups de rasoir.
On retiendra aussi la séquence d'ouverture et celle du cauchemar de Johanna en robe blanche, seule au milieu d'un champs de fleurs jaunes tentant d'échapper à un inquiètant maniaque dont le visage se réflete dans ses lunettes avant son assassinat brutal au couteau!
De Martino enchaine les plans où il laisse seule son heroine clouée sur son fauteuil dans des endroits solitaires et souvent d'une tristesse évidente: ce pic surplombant la mer, le pont désert du bateau ou ce jardin public immense.. Beau mais dans un tel contexte de banalité, l'effet retombe.
On retiendra le final où la pauvre paralytique doit lutter contre son agresseur avant de basculer par la fenetre devant par la seule force de ses bras tenter d'éviter la chute.. mais même sauve, l'agresseur est coriace et mode oblige, rien ne peut le tuer.
On soulignera la belle partition synthetique et lancinante de Francesco De Masi.
On retrouvera la Nagy dans le rôle de Johanna, la Nagy qui a aucun moment n'inspire la pitié que son personnage devrait refleter.. Clouer sur son fauteuil dans ses robes a col dentelles, elle inspire plus la niaiserie que la condescendance, credule, attendant son prince charmant.
Carol Blumemberg en nurse jalouse, veritable garce n'a en rien l'étoffe de son rôle et de garce elle n'en a que l'apparence.
Quant à David Warbeck, il nous fait du Warbeck et si cela marche dans ses productions Bis, ici, on a bien du mal a croire a son rôle d'amant eperdu et psychopathe.
Formule pour un meurtre n'est pas un film désagréable mais il a échoué dans sa mission: renouer avec un genre alors moribond en sombrant trop dans la banalité et le déjà vu desservi par la molesse de l'ensemble mais le tout est sauvé par les grandes qualités visuelles du film et les meurtres brutaux.
Apres le n'importe quoi honteux de L'homme puma et un Miami Golem desastreux, un ultime sursaut qui redore un peu une fin de carrière laissant à désirer.
La formule a à demi échoué!!
Et Manuma trépigne de le voir..
