
"Hansel et Gretel" est sans doute un des contes de fée du répertoire occidental qui frise le plus avec l'univers de l'horreur, en particulier avec sa sorcière mangeuses d'enfants. "Suspiria" ne devait-il en effet pas, dans un premier temps, être une adaptation directe de cette histoire ?
En 1954, le producteur de spectacle new yorkais Michael Myerberg en tourne, avec le support du studio RKO, une version cinématographique jouée par des marionnettes animées image par image. J'ai d'ailleurs lu quelque part que c'était le premier long métrage américain entièrement réalisé avec uniquement cette technique (pas d'acteurs live à aucun moment) ; je ne sais pas si c'est exact, mais je n'en connais effectivement pas d'autre auparavant ? Il s'agit avant tout d'une transposition de l'opéra de Humperdinck. A l'instar de "fantasia", il s'agit donc de réconcilier cinéma pour enfants de qualité et musique classique.
Tourné en Technicolor, "Hansel & Gretel" est donc un spectacle assez fin, élégant, magique, dont les forêts de fantaisie ou la caverne de la sorcière renvoient aux souvenirs de fantastique germanique. L'animation est la plupart du temps extrêmement soignés, osant même des mouvements de caméra très complexes au vu de la technologie employée. Une jolie fantaisie, assez soignée donc... Il n'a pas à rougir de la comparaison avec les travaux de Harryhausen et autres Zeman.
S'il avait eu du succès, "Hansel & Gretel" aurait du être le premier d'une série de contes de fée animé image par image et produit par Myerberg. Néanmoins, il n'y eut pas de suite. "Hansel & Gretel" est devenu un petit classique du cinéma familial à la TV US, avant de ressortir en dvd en 2001 aux USA, chez View. Ce petit éditeur new yorkais propose une copie très passable de ce film, qui sent la betamax un peu fatiguée, avec drops de temps en temps. Le désentrelacement "cinéma" n'est ainsi pas vraiment envisageable. La bande son, fatiguée aussi, est mono. En bonus, il y a une petite featurette d'époque sur le "making of" du film qui montre comment les marionnettes de Myerberg pouvaient être animées électroniquement, par des commandes électriques. Néanmoins, en regardant le film, il est clair que dans le long métrage, c'est de la "stop motion" classique.