The Dark Knight - Christopher Nolan (2008)

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Mercador
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Re: The Dark Knight - Christopher Nolan (2008)

Message par Mercador »

Comme l'Empire contre-attaque en son temps a surpassé Star Wars et s'est depuis hissé au rang de chef d'oeuvre inégalé de la saga, Dark Knight envoie direct Batman Begins dans les cordes ! C'est du grand spectacle, du pur cinéma mais qui ne sacrifie jamais les personnages, et quels personnages ! La folie et l'imprévisibilité du Joker ainsi que l'ascension et la déchéance de Harvey Dent, c'est autre chose que l'Epouvantail sous LSD et le chevalier Jedi Ra's Al Ghul !

Spoilers Comme ça a été déjà souligné, c'est un peu dommage que vers la fin, cela bascule vers des rails un peu plus conventionnels avec le "il y a du bon chez les habitants de Gotham" dans la séquence des ferries et une action qui vire un peu n'importe nawak avec la localisation du Joker via les téléphones portables avec Batman qui s'évertue à sauver absolument tout le monde... Spoilers

Mais à part cela, je n'ai pas boudé mon plaisir et ça fait même très longtemps (depuis Children of Men je crois) que j'ai eu envie de voir un film plusieurs fois. Vivement qu'il soit à l'affiche au Max Linder que j'y retourne !
Helloid a écrit :Ledger nous livre une ultime (malheureusement) performance impressionnante , chapeau bas
Pas tout à fait ultime, puisqu'il nous reste encore sa dernière prestation dans le prochain film de Terry Gilliam à découvrir.
Helloid
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Re: The Dark Knight - Christopher Nolan (2008)

Message par Helloid »

Ha ok , thanks pour l info , je ne savais pas . :wink:


Sinon tu crois que le Max Linder va le prendre ? Ce serait super et clair une bonne raison de retourner le voir .
Tutti "Fucking" Frutti !!

Chaque être humain a aisement les aptitudes a devenir un gros con ...
Dedcap
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Re: The Dark Knight - Christopher Nolan (2008)

Message par Dedcap »

Je suis desole mais je n'ai pas lu tout vos messages

Apres tout ce que j'ai entendu à propos de ce film, je n'espérais rien de spécial.
Ce n'est pas pour moi un grand Batman mais c'est un bon film qui m'a fait passer un bon moment.
Forcement, ce que l'on peut en conclure est que le réal s'est loupé avec moi puisque je ne pense pas que c'est un "Batman".

Spoil -> Ce qui m'a le plus gêné, c'est le monologue final, je n'arrive pas à décrire… stupide ? Idiots ? J’ai l'impression d'entendre mon ancien prof de phylo qui sortait des tirades dans l'unique plaisir de s'entendre les dire.
/spoil

Pourquoi je pense que c'est malgré tout un bon film ? Pour Harvey Dent et surtout le Joker.
Je n’ai pas eu l'impression de voir Batman ou Morgan Freeman mais ces deux personnages explosent l'écran et c'est magnifique. Et ça suffit amplement pour en faire un bon film à mes yeux.
Je reverrais ce film avec un grand plaisir rien que pour ces deux personnages.
Ded,
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niko13
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Re: The Dark Knight - Christopher Nolan (2008)

Message par niko13 »

Bon, vu lundi soir (malgre les 14 heures de TGV la veille :? ), et j'ai mis un peu de temps a trouver mes mots tellement la baffe dans la gueule fut grosse...

Donc oui, ce Dark Knight est bien le monstrueux coups de poing dans la face que j'attendais. Oui, il pulverise tout ce qui a ete fait sur le justicier de Gotham precedemment, et plus generalement il fout un peu la honte a toute adaptation de comic passe/present/futur.
Parce que le film de Nolan ne se limite pas qu'a etre une simple adaptation d'un univers de super heros, il ancre totalement le personnage de Batman dans notre epoque. Exit donc le cote fantastique et bariole inherent a chaque film ou un gus en collant course des super criminels. Ici, place a un justicier hi tech qui course un fou dangereux en se posant des interogations existentielles sur sa condition de heros, le tout servi dans une photo froide "a la Mann" avec une cruaute et une violence plutot inedite pour une film dit de "super heros".

On peut regretter ces parti pris moins glamours, cette esthetique qui s'eloigne d'une Gotham City gothique et d'un Batman plus comic book. C'est un choix, celui de ne pas fournir une adaptation litterale mais une vraie interpretation du personnage. Nolan, apres son premier volet fondateur, offre ici une nouvelle incarnation de Batman, coupant definitivement les ponts avec le style tres personnel de Burton, et celui de Schumacher tres influence par la serie tele. Du neuf donc, un Batman qui serait plus "inspire" que reellement "adapte" par la BD. Quoiqu'il en soit, ca fonctionne, surtout grace a un script qui frole la perfection.

Et pourtant le film a toujours un petit paquet de defauts, de pure forme comme c'etait deja le cas sur Batman Begins. Si Nolan a corrige le tir au sujet de ses scenes d'action, ca reste tout de meme un brin illisible par moments. Y'a du mieux mais c'est pas encore la panacee ! Et puis, pour un film de 2h30, ca parait trop rapide au depart (avec des ellipses pas trop maitrisees), et presque trop long au final. Ca, plus la voix de Batman (ah ben oui, pour le coup, ca c'est un chouilla ridicule)... :D

Oui mais voila, le film enquille les sequences monstrueuses, les situations dramatiques (ah, la derniere demi heure scotche bien au siege !) et les personnages probants, avec une regularite telle que les defauts sont tres vite oublies.
Film facho ? Film anar ? Ni l'un ni l'autre mon general, The Dark Knight met surtout au gout du jour la problematique que devrait poser chaque film sur les zouaves costumes qui font la loi: quelles sont les responsabilites a prendre en compte quand on endosse son zoli costume ? quelles sont les consequences d'un tel choix ? ou sont les limites ? peut-on assumer apres avoir depasse les bornes ?
Via le personnage de Batman/Wayne bien entendu, mais aussi via Harvey Dent.
Est-ce que The Dark Night est une allegorie (voire une apologie d'apres certains avis) des derives securitaires de notre siecle ? Je ne sais pas vraiment si on peut lui donner une telle importance, le film de Nolan permet surtout de remettre au premier plan le vrai dilemne qui accompagne le personnage de Batman: justicier ou vigilante ? La ou le Punisher (tel Bronson ! :D ) a fait un choix, la ou Daredevil en a fait un autre, Batman a toujours eu une place differente dans l'univers des super heros, car il a regulierement flirte avec la frontiere entre les deux roles. Parce que bon, quand on arretes des petits dealers ca peut encore aller, mais face a une vraie force de la nature, l'entropie incarnee, l'anarchie faite homme, qui poussent le Justicier auto proclame vers des extremites pas tres reluisantes, il y a des consequences et des responsabilites a assumer. Et il s'agit bien ici du sujet principal du film (yep, pour un peu, ca aurait meme pu etre l'adaptation ideale des Watchmen ! :wink: ).

Bale nous sert a nouveau un bon Bruce Wayne et un tres bon Batman. Pas super expressif il est vrai, mais pour incarner un psycho rigide et sa panoplie de balais dans le derche, il se debrouille tres bien. Dire que Batman est efface par rapport aux autre personnages n'est pas totalement vrai. Certes, essayer d'exister face au tsunami Joker et a la tempete Harvey Dent, c'etait pas facile, mais toute la dramatique du film repose quand meme sur les choix de Batman, sur son acceptation du role de Justicier de Gotham, et des consequences qui l'accompagnent (ou se situe la fameuse ligne a ne pas franchir, et comment assumer lorsqu'on depasse les bornes). De plus, il faut quand meme souligner qu'on voit beaucoup plus Batman que Wayne, ce qui en dit long sur la psyche detraquee du personnage, et on nous sort pas l'enieme coup du "masque dechire a moitie" comme dans n'importe quel film de super heros (Batman, c'est Batman bordel ! Et le soir, il se deguise en Wayne ! :D ).

Michael Caine est plus efface que dans le premier volet, mais il a toujours la classe. De toute facon, dans toute sa carriere, Caine a toujours eu la classe (meme en jouant dans des navetons, ce gars est un dieu ! 8) ). Le remplacement de la mignonette Katie Holmes par la soeur de Donnie Darko est judicieux, tout simplement parce que Maggie Gyllenhal fait beaucoup plus femme que jeune fille, ce qui est important au regard du personnage. Et puis bon, elle a un charme fou !! 8)) 8)) 8)) 8))

Le fadasse Eckhart est surprenant en Harvey Dent. Il en devient meme tres inquietant apres sa "transformation", et tout ca sans le cabotinage execrable que nous avait servi Tommy Lee Jones chez Schumi.

Et puis, il y a le Joker. :shock: )8 §£ 8))
Comment qualifier la performance de Heath Ledger sans user de superlatifs pompeux ? Il vampirise le film, renvoie le grand Nicholson a ses etudes, tetanise a chacune de ses apparitions. Certes, le travail d'ecriture du film est admirable (bien joue les Nolan brothers !), mais la prestation de Ledger est plus que bluffante, elle est carrement fascinante. A tel point que lorsque le panneau final dedie a la memoire de l'acteur apparait lors du generique de fin, nous rappelant brutalement la triste realite, j'ai ressenti beaucoup de tristesse en me disant qu'on n'assiterai plus a une telle performance de sitot. Une courte carriere, mais quel talent. Quelle tristesse, quelle perte. :cry:

Donc voila, en termes d'adaptation de comic book, il y a bien eu un avant Dark Knight et il y aura un apres. Avec ce film, Nolan pose la barre tres haut, sans meme etre sur s'il saura relever lui-meme le defi d'un troisieme volet forcement attendu au tournant. Un script en beton qui definit son personnage principal avec une grande maturite, une realisation efficace mais perfectible et une prestation hallucinante du bad guy, le Dark Knight va etre difficilement surpassable.
Le Begins etait bien et remettait deja les compteurs a zero, ce film lui met les pendules a son heure et donne le tempo pour les prochains films de heros costumes.
Brillant ! :twisted:
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Re: The Dark Knight - Christopher Nolan (2008)

Message par Fatalis rex »

En fait, Batman est un remède pire que le mal. Il gêne les affaires de la Mafia et fait peur aux petits voyous, mais ses activités de vigilante font naître des super-vilains bien pires que la Mafia. Si le Joker existe, c'est parce qu'il veut être l'opposé de Batman, et d'ailleurs INCASSABLE analyse très bien ce principe du super-vilain qui n'existe que par opposition au super-héros. Et une fois le "clown sorti de sa boîte", comme le dit Gordon, il transforme Gotham en terrain de jeu pour fous psychopates (Dent n'est sûrement que le début). C'est bien à cause de Batman que Gotham se transforme progressivement en une ville de cinglés où tout le monde veut se déguiser pour donner libre cours à ses fantasmes.
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Re: The Dark Knight - Christopher Nolan (2008)

Message par kookaburra »

Fatalis, pour rebondir sur ce que tu disais concernant les origines du joker je ne pense pas qu'il faille prendre comme une vérité ce qu'il dit lorsqu'il parle de l'origine de sa défiguration. A un moment il évoque son père, à un autre il parle de sa femme puis vers la fin du film il s'apprète à raconter une autre historire à Batman. Trois versions différentes, autant de mensonges à mon avis...
I will hold the candle... till it burns up my arm
Oh, I'll keep takin' punches... until their will grows tired
Oh, I will stare the sun down... until my eyes go blind
Hey, I won't change direction and I won't change my mind.

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Re: The Dark Knight - Christopher Nolan (2008)

Message par niko13 »

kookaburra a écrit :Fatalis, pour rebondir sur ce que tu disais concernant les origines du joker je ne pense pas qu'il faille prendre comme une vérité ce qu'il dit lorsqu'il parle de l'origine de sa défiguration. A un moment il évoque son père, à un autre il parle de sa femme puis vers la fin du film il s'apprète à raconter une autre historire à Batman. Trois versions différentes, autant de mensonges à mon avis...
Exactement, je l'ai compris de la meme facon moi aussi.
Il n'a pas de plan, un passe vague, pas d'identite, pas de visage...il est fou, imprevisible donc diaboliquement effrayant. Le mechant ultime !
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Re: The Dark Knight - Christopher Nolan (2008)

Message par Fatalis rex »

Je sais, d'ailleurs je crois l'avoir dit en avançant le fait qu'il mente, soit parce qu'il ne se souvient plus, soit parce qu'il est fou. Mais c'est la même chose dans THE KILLING JOKE, on ne sait pas très bien si c'est la vérité.
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Re: The Dark Knight - Christopher Nolan (2008)

Message par kookaburra »

niko13 a écrit : Il n'a pas de plan, un passe vague, pas d'identite, pas de visage...il est fou, imprevisible donc diaboliquement effrayant. Le mechant ultime !
Clairement!
Le méchant ultime qui serait même près à mourrir de la main de sa némésis pour aller au bout de sa théorie selon laquelle n'importe qui peut basculer de l'autre côté. SPOILERS: Je pense au face à face Joker-Batman en moto (qui fait suite à l'ENORME scène avec les trucks :shock: ) durant laquelle le joker balance son "come on, do it, do it", que Batman hurle parce qu'il meurt d'envie de l'allumer et que le Joker parait presque déçu qu'il ne l'ait pas fait! FIN SPOILERS


En tous cas ça fait plaisir de voir un Batman borderline et enfin un vrai vilain psychopathe dans une adaptation de comic-book. Malgré le fait que je sois totalement accro à la trilogie arachnéenne de Raimi, il faut quand même reconnaitre que les vilains ont quand même toujours une excuse de devenir ce qu'ils sont et trouvent toujours plus ou moins un moyen de se racheter...
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Re: The Dark Knight - Christopher Nolan (2008)

Message par Fatalis rex »

Cette scène, comme d'autres, fait clairement référence au rapport sado-masochiste entretenu entre Batman et le Joker ("J'aime avoir mal" ; "Alors tu vas m'aimer" :shock: ).

Par contre, quand on dit que le Joker n'a pas de plan, qu'il est une force anarchique... Pour quelqu'un qui n'a pas de plan, il arrive à rouler tout le monde : la Mafia, la police, Dent et Batman !
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Re: The Dark Knight - Christopher Nolan (2008)

Message par kookaburra »

Oui il a clairement un plan, il le dit lui même: "it's all part of the plan" !
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Re: The Dark Knight - Christopher Nolan (2008)

Message par choy »

Putain, y a personne dans les alentours de marignane qui veut se le faire ? j'invite la séance à plan si on me transporte ^^... ralala pas de caisse, pas de pote à fond... non je veux pas le voir sur ma télé celui là.
woops
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Re: The Dark Knight - Christopher Nolan (2008)

Message par Duncan Idaho »

yep yep yep... ça y est, j'ai enfin réussi à le voir. C'était ça ou me payer des hordes de mômes hystériques devant wall.E...
j'en suis ressorti retourné. C'est du grand art !!!!!!
Evidemment, je parle essentiellement -pour ne pas dire exclusivement- du jeu de Heath Ledger qui HABITE le personnage du Joker, et qui nous offre un spectacle tel qu'à côté de dark khight, tous les épisodes précédents de Batman peuvent gentiment aller se rhabiller. Dans cet épisode, le Joker représente la quintessence même du cauchemard ultime pour tout redresseur de torts qui se respecte : l'homme seul qui fait le mal sans autre but que celui de faire le mal. Et là, on sent bien que le Batman, malgré son équipement high-tech, n'arrive pas à suivre. Parce qu'il ne comprend pas son adversaire, parce que celui-ci ne se fond dans aucun schéma comportemental préétabli. P'têt aussi que Batman est un peu con, dans le fond.
C'est noir à souhait, ça défouraille à mort, ça pête, ça se prend pas trop la caboche, ça louche clairement du côté des BD d'anthologie du vengeur masqué, et ça fait peur, surtout quand le Joker fait son jeu.
Et voilà, une fois que j'ai dit pourquoi le Joker PETE l'écran, j'ai plus rien à dire. Si ce n'est que j'aurais aimé voir le film en VO, je suis sûr que le jeu de Ledger est encore supérieur avec sa vraie voix.
dog
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Re: The Dark Knight - Christopher Nolan (2008)

Message par dog »

Mon premier commentaire la séance terminée se résumait à ça : pfiiiouuu ! Et puis après je suis sortit de la salle pendant que le public applaudissait et j’ai trouvé Paris tout petit, tout étriqué, tout vieux. Je ne sais pas si c’est le fait d’avoir eu le nez sur l’écran ou l’aspect technologique et action non stop du film mais toujours est-il que le monde du dehors semblait beaucoup moins intéressant que celui du film. Et si la dimension immersive du cinéma y est sûrement pour quelque chose, il est rare qu’elle se généralise à ce point à tout un univers. C’est précisément l’essence même des geeks, celui de préférer l’imaginaire au réel. Comme Spiderman 2, The Dark Knight a parfaitement saisi les enjeux, le plaisir et la dimension romanesque et narrative que les amateurs de super héros trouvent dans leurs lectures favorites. Parce que justement contrairement à certain sous produit désolant (Daredevil, Ghost Rider par exemple) qui n’ont compris que le côté juteusement commercial de leur sujet (et même pas du reste vu les résultats au box office) ce film saisi toute l’essence non seulement de ce qu’est un super héros mais également de la condition humaine d’un surhomme.

Le Joker a raison où Nietzches se trompe totalement, ce qui ne te détruit pas ne te rend pas plus fort mais différent (donc bizarre pour l’Autre) et les multiples prismes de lecture que contient le film le démontrent. Il y aurait d’ailleurs à mon sens une thèse à dimension psychanalytique à écrire sur le choix de Batman à devenir à la fois le proscrit et le héros de la cité. Quasi une dimension christique si au lieu de se faire torturer délibérément pour laver les péchés de l’humanité, le barbu avait décider d’endosser la place du diable. Un sacrifice pour redonner aux êtres humains espoir en eux même qui aurait sans doute évité ce dégoût général qui pousse l’humanité à s’entre tuer pour savoir qui de Mahomet ou Moïse a la vérité avérée. Peu importe la vérité répond le scénario, ce qui compte c’est l’espoir que nous portons sur nous et l’autre.
Je n’avais pas énormément adhéré à Batman Begins, l’interprétation lourdingue de Liam Neeson Ce côté super ninja entraîné dans les montagnes mystérieuses de l’Asie pas moins mystérieux et surtout la partie Gotham dont le décor ramenait aux sérials des années 40 ne m’avait pas spécialement enchanté. Sauf pour l’aspect mythologique qu’il donnait au personnage en devenir de Batman (mémorable punchline dans la prison : « I’m the devil ! » « no you’re not the devil, you’re morning exercise ») et qui curieusement rapprochait pour moi le personnage d’un genre de James Bond. Cet impression bondienne perdure du reste dans le film de Nolan. Sans doute le côté réaliste du film puis le mélange de playboy milliardaire et d’homme d’action, mêlé à l’arrogance de Bruce Wayne, même si Bond n’a pas cette dimension sado-masochiste propre au night crusader. Il y a également l’invraisemblable arsenal de gadget et ce côté je fais le con avec les jouets que me confectionne Q. Mais Batman n’est pas au service d’un gouvernement mais à l’idée qu’il se fait de la justice et qui est aussi extrême et chaotique que le sont ses ennemis.

Or le sous-texte à peine caché du film, l’ennemi ici personnifié par le Joker, et sa réponse (Batman donc) est le terrorisme. Si le Joker est un terroriste dans son expression la plus unidimentionnel, à savoir vierge d’idéologie pour masquer sa volonté de destruction, un mercenaire qu’on emploie pour cette seule raison, comme Carlos à son époque, Batman est un peu un soldat d’élite, drogué à l’action, pas vraiment capable de se débarrasser de sa condition et pour autant conscient qu’il n’est non seulement pas un héros mais un mauvais exemple. Comme lui fait remarquer Arthur avec ses exemples prit sur son expérience birmane, il est en guerre, et comme avec l’Amérique de Bush, cette guerre totale qui consiste à « brûler la forêt » ne s’embarrasse pas de démocratie ou de demi mesure. L’histoire des portables connectés faisant directement écho au Patriot Act et à la chasse à Ben Laden. Ici, le Joker (magnifiquement interprété du reste, ça tout le monde l’a dit mais c’est pas grave c’est vrai) donne (au cours d’un monologue brillantissime du reste et auquel j'adhère totalement) une définition même du terroriste. Un individu qui par la violence veut obtenir un changement de condition de la société mais qui en réalité ne saurait quoi en faire s’il l’obtenait. Il rejoint ici les anarchistes du début du siècle dernier pour qui l’essentiel résidait à tout foutre en l’air, démanteler la société et la mettre face à elle-même. Il ne cherche pas à démontrer qu’il a raison mais que les autres ont tord. Face à cet agent du chaos il n’y a qu’une réponse radicale qui est plausible et la société en danger cesse un moment donné d’être démocratique pour faire place à un homme qui y mettra bon ordre.

Cependant à travers Batman le scénario l’affirme, les individus n’ont pas besoin d’un César qui garde le pouvoir, d’un exemple radical de soldat d’élite mais d’hommes intègres, courageux, qui utiliseront les armes légales pour combattre le chaos sans masque. Sur cet exemple une société se construit. Finalement the Dark Knight c’est un peu l’illustration de la Prière du Parachutiste, ce chant guerrier qui réclame qu’on lui donne ce dont personne ne veut, la souffrance, la guerre, parce que c’est le lot qu’il s’est choisi en s’engageant sur cette voie et sachant que c’est parfois nécessaire parce que nul autre ne peut ou ne veut le faire. Comme disait un des mercenaires de Rambo, quand Dieu s’absente c’est au diable qu’on demande de faire le boulot. Cet aspect du scénario ne fait pas seulement que l’enrichir mais il pause également une question sur ce que l’on veut, jusqu’où on est prêt à aller. La réponse est double, il y a celle des extrémistes Batman et le Joker et celle de monsieur tout le monde, sur le bateau, qui finalement refuse d’être confronté à cette obligation de détruire l’autre, même s’il s’agit de sauver sa peau et même si cet autre est ce criminel que l’Amérique de Bush (du moins celle en laquelle il voudrait croire) aime voir griller sur une chaise.

Maintenant que dire de ce Batman là si on devait les comparer à ses prédécesseurs. Passons sur la version campy de Schumascher qui semblait non seulement resté scotché à sa vision gay du personnage (et en cela à 1000 lieux de ce qu’en comprenaient et en attendaient les fans) mais qui plus est n’en avait retenu que la vision donné par la série des années 60. Vision gagesque, limite second degré qui avait du reste déteint sur le Frelon Vert (même producteur après tout) au grand damne de Bruce Lee. Bref Schumascher n’avait rien compris, voir méprisé le cœur des lecteurs de Batman à une époque où tant d’artistes et de scénaristes avaient revisité de fond en comble le mythe du super héros en leur donnant une dimension humaine voir fascisante (The Watchmen) déjà présente depuis le départ chez un Spiderman (et qui explique en grande partie son succès immédiat). La version de Burton avait pour elle d’amener la vision gothique de son auteur. Le choix de Michael Keaton, choix atypique s’il en est, avait ceci de surprenant et de jouissive que le Batman devenait un être normal et en même temps tordu, là où Bale avec ses vingt kilos de muscles est le super personnage qu’on attend, et face à ça, le Joker ou le Pingouin n’était jamais très éloignés de leur nemesis en individu rejetés, cinglés, produit ou de leur propre folie ou d’une anomalie congénitale. L’auteur se les appropriait pour les faire rentrer dans son univers particulier et cauchemardesque d’enfant rejeté et sombre. Cette vision collait en grande partie au héros (et à son réalisateur comme une projection). En revanche, là où j’avais plus de mal, et encore plus aujourd’hui, c’était le cabotinage (certes nécessaire sans doute) incessant de Jack Nicholson (qui du reste depuis ne s’est jamais arrêté on l’a vu récemment chez Scorcese) dans l’éternel rôle du fou de service. Le Joker de Nolan n’est pas à proprement parlé un fou, c’est un adepte de la terreur, du chaos, qui fait les choses par mépris pour la condition humaine, la société et son organisation, c’est un anarchiste pur et dur qui ne respecte même pas sa condition de méchant, fait un pied de nez à tout et à tous, un punk, et contrairement aux criminels ordinaires n’a rien d’un esprit simple. Bref un personnage riche et complet qui donne une version moins simpliste du super vilain tel qu’on l’a vu jusqu’ici. Ce en quoi le réponse du feu par le feu de Batman entraîne vers une ambiguïté du discours et des méthode à employer pour arrêter la catastrophe que renforce l’aspect hyper réaliste donné au film et l’inscrit dans le réel. N’est-ce pas d’ailleurs du reste ce que tendent à faire les plus récents illustrateurs de Batman, le plonger et le confronter au contexte du réel et d’en étudier les possibilités autant que les limites. Bref du grand art qui n’empêchera jamais hélas les executives de considérer qu’un super héros est une petite chose amusante (comme dit Besson quand il parle d’un film…) pouvant rapporter plein d’argent sans se poser de question sur ce que ces personnages apportent à leur lecteur, comme hier le faisait Hérakles et autre demi dieu de l’antiquité. Mais c’est un autre débat.

Il y aurait encore beaucoup à dire sur le montage impeccable qui rend l’action lisible et en même temps chaotique, les contre plongée vertigineuse qui du reste mon collé le vertige, la photo magnifique qui offre à Gotham et à Hong Kong toute leur essence urbaine et technologique (et c'est vrai qu'on pense pour les scènes de nuit pas mal à Mann dans Miami Vice et Collateral) , mais à ce stade du superlatif on ne sait plus quoi ou comment le dire. Ce qui est con c’est que j’ai tellement prit mon pied avec ce film que j’ai envie d’y retourner dans la foulée et c’est pas possible demain je bosse et plus tard je vais être à cours de thune, c’est pas grave j’attendrais et je sais que le plaisir sera le même. Merci monsieur Nolan.
Se faire traiter de con par des imbéciles est un plaisir de gourmet.

"Les anglais sont timides, charmants et monotones. Un peu comme du veau de choix dans une assiette à fleurs."
Alexandre Vialatte
Jarlow
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Re: The Dark Knight - Christopher Nolan (2008)

Message par Jarlow »

Oulah...

Grand moment de n'importe quoi en roue libre totale, ou l'on transforme Batman en un mélange entre James Bond et GI JOE... Je comprends vraiment pas comment on peut être extatique devant un tel machin.

Donc comme dans Batman Begins on nous explique bien que c'est très très réaliste, que les bidules du détective masqué sont le fruit de recherches technologiques poussées. Ensuite on les utilise dans des situations abracadabrantes histoire de faire un doigt au spectateur. Je suis absolument pas contre l'invraisemblance au cinéma, j'ai juste l'impression que quand on tente ainsi de la justifier, on me prend pour un gros benêt.

Batman est totalement omnipotent dans l'univers du film (il en maitrise absolument toutes les images, toutes les vies avec des écrans de controle, il se joue des lois de la physique avec son super grappin ou sa super moto) mais sans trop qu'on sache pourquoi tout le monde le déteste, ce qui est assez difficile à avaler puisqu'on nous explique d'abord que les habitants de Gotham sont des cons, puis qu'ils sont des personnes responsables (la scène des bateaux).

Le Joker n'a pas de plan, mais son chaos est sacrément bien organisé: il est lui aussi capable de controler totalement Gotham, de faire exploser des bombes ou et quand il veut, etc... Je pointe là des facilités scénaristiques qui ne m'auraient pas choquées si le film s'était assumé pour ce qu'il est, une adaptation de comic book, plutôt que de se prendre pour un polard réaliste la moitié du temps et un serial de bas étage par ailleurs.

Je passe sur la tarte à la crème absolue, les métaphores transparentes et le "message" du film, post 11 Septembre bien sur. C'est du niveau d'une discussion de comptoir sur la politique, sans jamais élever le débat ou dresser un portrait un temps soit peu nuancé de la situation en Amérique.

Alors bien sur Nolan a fait des progrès dans le filmage des bastons, ce qui n'était pas dur, bien sur les acteurs sont plutôt bons (et pas seulement Heath Ledger, Aaron Eckhart a vraiment un sacré potentiel et Bale s'en tire avec les honneurs, même si le coté Bruce Wayne passe quasiment totalement à la trappe) mais ça ne sauve pas pour moi un film bien faible, qui offre une relecture originale d'un univers sans jamais dépasser ce fait en temps que principe. Il ne suffit pas d'avoir des idées, faut encore les travailler un temps soit peu...
Nouveau numéro de Torso, revue de cinéma: JOE DANTE !!!
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