Alors leader du mouvement glam en Angleterre, Slade était en 74 le plus gros vendeur de disques au pays de sa majesté. Arborant un look des plus farfelus et particulierement kitch, mené par la voix de cockney eraillée et unique de Noddy Holder, Slade était les rois du glam pop, entre bonne humeur et folie pailletée.
C'est alors qu'ils décident de tenter l'expérience du grand écran à leur risque et péril et Flame voit donc le jour.
Slade n'y reprend pas son propre rôle mais celui d'un groupe de rock à la fin des 60s nommé Flame. L'action se situe dans la banlieue londonienne d'où les 4 membres sont issus et suit l'ascension, le succés et la décheéance du groupe en proie à leurs illusions et désillusions dans le monde cruel du show biz, pris dans la spirale du succés donc de l'alcool, de la drogue et du sexe.
Flame n'est jamais qu'une fois de plus le parcours d'un jeune groupe de rock trop zélé qui connaitra la folie de la gloire et le goût amer des desillusions et de la chute.
C'est l'infernale spirale à laquelle on n'echappe pas.. les épouses et amies fuient, les amitiés se brisent, on se noie dans le chaos, c'est le rejet du public jusqu'au passage a tabac du groupe par ses fans et sa dissolution, chacun ne se supportant plus.. de l'amitié à la haine.
Flame tente de décrire l'univers imptoyable du show biz et des producteurs avides d'argent n'ayant aucune honte ni remord à se servir de la crédulité et de la jeunesse de leurs artistes tant qu'ils peuvent en tirer de l'argent. C'est tout le systeme qui est ici montré comme un veritable moulin a broyer où seul l'argent qui en sort compte.
La bonne volonté du groupe, malgré leurs efforts et leur talent, on ne voit en eux qu'une vache à lait qu'on trait jusqu'à epuisement et dont on se sert sans jamais tenir compte de leurs envies ou avis. Fais ce qu'on te dit au detriment de ton talent et tout ira bien.
Le sujet n'est pas nouveau, Loncraine n'invente rien et on a déjà vu mieux.. ou pire.. mais Flame preche surtout par son coté realiste et un scénario fort convaincant.
Loncraine n'en fait jamais trop, ne donne jamais dans le sensationnel, pas de trash ou de complaisance ici.. plutot un ton un rien intimiste.
Même si Slade sont les vedettes du film, ce n'est pas un film sur eux, ils interprétent ce qu'ils sont dans la vie, des artistes. C'était là leur 1ere apparition et avouons qu'ils ne s'en tirent pas si mal.. Ils ont le naturel qu'il faut et la justesse requise, chaque membre donnant à son personnage un peu de sa propre personnalité.
Don Powell / Charlie interpréte le batteur travaillant la nuit dans une acierie comme Powell lui même. Jim Lea / Paul est un père de famille, serieux et attentif comme lea lui même, Dave Hill / Barry est un amateur de mode et de filles comme Hill au sein de Slade, il est responsable des extravagants costumes du groupe- et Noddy Holder / Stoker est le chanteur à qui on demande de ne jamais trop brailler.
Lea et Holder tiennent le film, Hills et Powell lui donnent son aspect par moment comique... et en pitreries Hill n'est jamais en manque!
A leurs cotés, on retrouve un tout jeune Tom Conti dont c'était là le premier grand rôle au cinema, déjà excellent, dans la peau de ce producteur vereux et impitoyable.
Hormis le manque d'originalité du film, son gros défaut est peut être que Loncraine n'a pas réussi à créer l'illusion, a faire ressentir cette nostalgie et ce drame, cette déchéance qui menera à cette cassure definitive. On reste dans le linéaire.
Il faut dire que le film étant destiné au départ aux fans de Slade et donc à un public adolescent, le script fut très largement edulcoré par rapport au roman dont il est tiré en ce qui concerne les scénes de sexe et de violence, ce qui nuit ici au film trop souvent gentillet.
Autre problème, Loncraine n'a pas réussi à illustrer le temps qui passe. Le film se déroule sur plus de 4 ans mais on a l'impression que tout se passe sur quelques mois... malgré le changement de tenues et look, de coiffure... Le temps pase et on ne vit rien.
Sans être memorable, Flame demeure un bon film sur le monde du showbiz et le monde du rock entrainé par une très belle BO composée par Slade pour l'album Flame justement.
Jadis le film fut un royal échec en Angleterre et demeura inédit en France. Massacré par la critique, le film fut boudé par les fans de Slade n'y retrouvant pas leurs idoles.
Pensant y voir le groupe scintillant dans leurs tenues extravagantes, faisant du Slade sur scene à l'écran, Holder hurlant ses compositions, ils trouvèrent leurs idoles degrimées, en civil, sans fard ni grimage.. jouant cette fois des compos plus personnelles.
Ce fut pour Slade le debut de la fin. Leurs fans les ayant vu sans maquillage, l'image glam brisée, ils ne pardonnèrent pas d'autant plus que l'ère glam lentement se mourrait.
Aujourd'hui, le film a été réconsidéré et a enfin trouvé son public.. les fans de jadis redecouvrant cette oeuvre avec des yeux nouveaux... Flame a enfin trouvé sa véritable place au sein des films musicaux d'alors.
Amateurs ou non de Slade, le film vaut un coup d'oeil.
Le corbeau aux ailes de feu!
