Cette série commence en 1933, en plein âge d'or du cinéma fantastique. La Universal a produit au cours des années précédentes "Dracula", Frankenstein" et "La momie" avec les succès qu'on sait. "L'homme invisible" est un projet qui est dans l'air chez ce studio depuis un moment, afin d'en faire un nouveau titre mettant en vedette Boris Karloff. James Whale tout auréolé de divers succès chez Universal, dont "Frankenstein", se montre très intéressé par ce projet et choisira même l'acteur principal Claude Rains, comédien anglais britannique pratiquement jamais apparu au cinéma jusqu'alors - et qui allait devenir la Star que l'on sait les années suivantes avec "Mr. Smith au sénat" ou "Casablanca".

Dans "L'homme invisible" de 1933, Claude Rains est Jack Griffin, inventeur d'un sérum d'invisibilité qu'il teste sur lui-même. Malheureusement, il ne parvient plus à redevenir visible, et le sérum contient un composant chimique dangereux, provoquant délire et agressivité chez le sujet. Griffin ambitionne alors de devenir un génie du crime grâce à son pouvoir et multiplie les forfaits, au nez et à la barbe de la police britannique...
Dans "L'homme invisible", Whale s'éloigne de l'horreur gothique pure pour faire un film mélangeant allègrement les genres : SF, horreur, policier, comédie, thriller (on pense en particulier aux premiers Hitchcock parlants réalisés en Grande Bretagne pour l'ambiance). Sorti la même année que "King Kong", le film est aussi un incessant festival de trucages optiques et physiques, qui pour la plupart nous semblent encore aujourd'hui très réussis. L'inventivité de ces séquences et leur astuce technique en font un spectacle fantastique toujours renouvelé. Par ailleurs, "L'homme invisible", c'est aussi une excellente prestation de Claude Rains, à la fois siphonné et touchant, par exemple dans l'excellente scène où il confesse à sa fiancée qu'il commet tous ces crimes par amour pour elle.
Période pré-code Hays oblige, nous avons aussi le droit à quelques scènes de violence impressionnante de cruauté (le train, le faux accident de voiture). L'homme invisible, c'est aussi un look, le visage couvert de bandages (qui s'animent quand il parle à l'instar d'un étrange visage) et les yeux "cachés" par d'opaques lunettes noires : une apparence impressionnante et effrayante rendant terrifiant le non visible. Certes, les passages de comédie peuvent parfois un peu paraître déplacés (les cris hystériques d'Uma O'Connor sont un peu répétitifs au début), le rythme frise parfois la frénésié, mais "L'homme invisible" n'en reste pas moins un classique, dont la richesse de la mise en scène et l'invention ne sont jamais pris en défaut.
Vu sur le coffret "Legacy" zone 1 : copie assez fatigué, avec quand même pas mal de rayures et saletés (notamment la première bobine). Heureusement, l'image bénéficie d'un beau piqué et d'un travail numérique honorable. Avec VO et sous-titre français...