A Minuit, j'emporterai ton âme (1963) Jose Mojica Marins

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Jeremie
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A Minuit, j'emporterai ton âme (1963) Jose Mojica Marins

Message par Jeremie »

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Pour bien commencer l'année, un petit coup de Mojica Marins, ça fait pas de mal :lol:


Icône suprême de l'horreur au Brésil, et hélas un peu moins connue chez nous, Zé dé Caxao (prononcé "Cassao") en était là à sa première aventure...aventure alors toujours vivace puisque le troisième volet tant attendu pointe en ce moment le bout de son nez.

Jose Mojica Marins se ruina alors pour la réalisation de ce petit film cultissime, s'inspirant d'un personnage qu'il avait vu dans un de ses cauchemars, et qu'il incarnera donc lui-même : croquemort plus occupé à faire monter le niveau de mortalité ou à abuser des jolies femmes de son village qu'à prendre soin des défunts, Zé du cercueil aura droit à deux film dans les années 60, avant d'apparaître plus ou moins furtivement dans la plupart des films de Jose Mojica Marins.

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What is life ?
It's the beginning of death
What is death ?
It is the end of life
What is existence ?
It is the continuity of blood
What is blood ?
It is the reason to exist



A la vision de ce fabuleux A Minuit, j'emporterais ton âme, on est alors frappé par deux choses : l'audace absolue de Marins, suivant les pélégrinations d'un personnages absolument abject, assassin et violeur à ses heures, et des éruptions macabres et violentes annonçant déjà les débordements du cinéma d'exploitation des 70's (un viol très rude, mais aussi une noyade, une main éclatée au tesson de bouteille, une flagelation, des cadavres putréfiés...).

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Sans parler du climat lugubre à souhait, quelque part entre Bava et Bunuel, avec cette bande-son saturée de hurlements et de gemissements spectrals. Les spectacteurs de l'époque devaient sûrement faire des nuits blanches après ça :lol:
Et la comparaison avec Bunuel n'est pas fortuite, puisque Zé est un anti-héros assumant totalement son ateisme, allant même jusqu'à dévorer de la viande devant une procession religieuse le jour du Vendredi Saint...et dès les premières minutes !
Une suite d'un niveau égal (c'est à dire excellent) fera son apparition peu de temps après, célébre pour sa fameuse séquence en couleurs complétement branque !
Manolito
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Message par Manolito »

Un classique très étonnant, à la fois très primaire et très expérimental, très bricolé et très élaboré. Avant tout un film porté par la très forte personnalité de son créateur. Trop rare en France en tous cas (ni vidéo, ni dvd)...
fantomas 2
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Message par fantomas 2 »

Ce sera la honte éternelle du Jury du 3ème Festival de Paris du Film Fantastique et de Science Fiction (en 1974, au Monge-Palace) d'avoir ignoré Marins et son oeuvre. Je me suis retrouvé "secrétaire" dudit Jury, et ai donc assisté à leurs débats, au cours d'un déjeûner. Mon rôle n'était évidemment pas d'influencer les jurés en quoi que ce soit. Mais après avoir noté les différents prix attribués par eux, je me suis étonné de l'absence de toute mention de José Mojica Marins, dont le Festival avait permis de découvrir quelques films. Je n'ai obtenu en retour que des regards apitoyés, et des mines consternées. Sans commentaires. :evil:
Otis
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Re: A Minuit, j'emporterai ton âme (1963) Jose Mojica Marins

Message par Otis »

Un très bon moment : son cynisme et sa cruauté sont un poil théâtraux mais Marins est vraiment bon dans ce rôle. J'aime sa façon de réaliser dans un espace confiné : on a l'impression que du bar à la maison en traversant par la forêt, il n'y a qu'un pas. J'aime bien ce rendu. Le début est remarquable. C'est un peu dommage de montrer les meurtres qui suivront lors du générique de début. Les délires finaux sur les apparitions sont vraiment bien trouvées, j'apprécie l'audace, la fougue de ce film. Ténébreux, excessif, dionysiaque, il incarne le Manfred de la nuit avec un discours délicieusement profane. Y a de la superstition, des prophéties, une confrontation pureté/corruption, c'est foisonnant, inventif, et va jusqu'au bout de son hybris : viol, araignée, noyade, vers sur des cadavres... Sans oublier ces yeux de fou à la fin, sous les coups infernaux de cette horloge de nulle part. Du très grand cinéma.

Par contre Manolito, je ne comprends pas ta comparaison avec Accattone ; Pasolini ne joue pas dans son métrage, et on suit le destin du personnage éponyme, interprété magistralement d'ailleurs par Franco Citti.
Manolito
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Re: A Minuit, j'emporterai ton âme (1963) Jose Mojica Marins

Message par Manolito »

Otis a écrit : Par contre Manolito, je ne comprends pas ta comparaison avec Accattone ; Pasolini ne joue pas dans son métrage, et on suit le destin du personnage éponyme, interprété magistralement d'ailleurs par Franco Citti.
Je parle seulement de la scène où le personnage voit son propre enterrement, scène qu'on trouve dans "Accatone"... :wink:
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