Adulte, Guy Maddin revient sur l'île où il a passé son enfance en compagnie d'une famille très particulière, entre sa mère envahissante, son père enfermé en permanence dans son laboratoire et sa soeur éprise d'un jeune garçon qui est en fait une jeune fille. Les souvenirs des multiples traumatismes ayant émaillé son enfance lui reviennent à la mémoire...
"Des trous dans la tête" est le dernier long métrage de Guy Maddin à avoir atteint les salles françaises, il y a deux semaines. Il avait la lourde tâche de succéder à la réussite incontestée de "The Saddest Music In The World". Maddin reste fidèle à son style imitant délibérément le cinéma muet des années 20 à l'aide de bidouillages en tous genres. On retrouve son humour très particulier, cette forme de délire un peu nonchalant, son sens aigue de l'auto-dérision, lui permettent de désamorcer l'impression de prétention que pourraient provoquer ces expérimentations - en cela, le cinéma de Maddin peut s'opposer à celui des frères Quay qui, dans un style proche, ont tendance à être assommant tellement ils se prennent au sérieux et tiennent à que cela se sente bien !
"Des trous dans la tête" n'est pourtant pas le Maddin le plus abordable. Rythmé de manière frénétique, assez répétitif dans sa première partie, il demande quand même que le spectateur soit assez familiarisé avec son univers et se montre assez patient avec un métrage qui parait au départ assez aride et lassant. Néanmoins, plus on avance, plus on retrouve ces scènes délirantes et ces bouffées d'inspiration aussi hilarantes que surréalistes dont Maddin a le secret : tout ce qui tourne autour de la mort du père par exemple est vraiment mémorable...

Evidemment distribué dans un réseau de salles Art et Essai pointues, comme le MK2 Beaubourg ou l'espace Saint-Michel.