Dur à cuire, gros buveur et fort en gueule, le capitaine irlandais Jack Connor est chargé d'enquêter sur les menaces d'évasion d'un groupe de prisonniers allemands conduits par le charismatique capitaine Schlüter. Si le commandant de camp n'a pu contenir les prisonniers, les méthodes peu conventionnelles de Connor permettent de résoudre le problème momentanément. Engagé dans une course contre la montre, Connor décide de tenter le tout pour le tout, en mettant au point un plan risqué qui fera de lui soit un héros, soit un homme mort ....

Dans la trame c’est un peu La Grande Evasion à l’envers, avec une bande de prisonniers de guerre allemands qui tentent de s’évader d’un camp d’internement en Ecosse pour rejoindre la côte où les attends un sous-marin allemand. Dans l’esprit en revanche, c’est autre chose. Le film date du début des années 70, une époque où l’héroïsme guerrier ne fait plus rêver, où la distinction entre les bons et les méchants se fait plus floue. Aussi, sans toutefois pousser le bouchon jusqu'à la démystification joyeusement agressive façon M.A.S.H – filiation que tente d’opérer l’affiche ci-dessus – The Mckenzie Break préfère lever le pied sur les exploits militaires pour s’intéresser aux hommes et nous proposer d’intéressants portraits de militaire, avec d’un côté Schlüter, officier allemand prêt à tout pour s’évader, et de l’autre Connor, l’irlandais baraqué du genre tête brulée. Le film nous offre son lot de séquences spectaculaires (émeutes, effondrement d’un baraquement et plus généralement tout ce qui concerne le final) mais joue donc tout autant la carte de l’étude de caractère, associée à une description se voulant sans folklore de la vie au quotidien dans un camp de prisonnier, avec ses problèmes de commandement chez les alliés, et ses tensions internes entre différents corps d’armée chez les allemands. L’évasion du capitaine Schluetter se distingue enfin par le ton désabusé de sa conclusion, là encore très ancré dans son temps.
De solides perf de Brian Keith (la vedette d’une des séries préférées de mon adolescence : Le Juge et le pilote) en irlandais bourru et tête de pioche et d’Helmut Griem en POW chez qui la fin semble définitivement justifier les moyens, une réalisation en retrait, fonctionnelle mais efficace de Lamont Johnson, ainsi qu’une belle photographie aérienne dans le dernier quart d’heure viennent garnir ce tableau guerrier de très bonne facture, tourné entre la Turquie et l'Irlande.
Dispo en DVD Zone 1 et 2 chez MGM.