Après le succès - purement critique et de scandale - du "Chien andalou", Salvador dali et Luis Bunuel s'attaquent à un format plus long (une heure environ) avec "L'âge d'or", moyen métrage sonorisé et parlant, film surréaliste à l'intrigue bien entendu totalement irracontable. On passe sans cesse d'une époque à l'autre, d'un groupe de personnage à un autre, etc... Néanmoins, il y a tout de même une histoire d'amour - fou, il va sans dire - entre l'Homme et la Fille de Madame X qui sert de fil rouge au métrage. Mélange de farce noire, cri de révolte anti-bourgeois et - surtout - anti-clérical, "L'âge d'or" aligne les séquences blasphématoires et les situations provocatrices (pédophilie, viol, meurtre d'enfants) sans jamais tomber dans la facilité ou la gratuité. C'est sans doute un des atouts permanents du cinéma de Bunuel, cette faculté à pouvoir filmer les situations les plus sordides ou les plus agressives sans que jamais cela ne paraisse plaqué ou facilement racoleur...
Le coeur du métrage est bien évidemment sa longue séquence érotique très anti-conventionnelle, dans le jardin, sur fond de musique wagnerienne : un miracle d'invention et de mise en scène. On remarque un travail sur le son aujourd'hui encore extrêmement novateur (les cloches des vaches et les grelots, bruitage que Bunuel réutilisera plus tard dans sa filmographie). Et l'on n'oubliera pas de sitôt la dernière séquence du film, ultime blasphème, ultime provocation, faisant du Christ un personnage de bourreau dans "Les 120 journées de Sodome" de Sade !
Vu sur le dvd anglais du British Film Institute. Il s'agit en fait d'un coffret réunissant "L'âge d'or" et "Un chien andalou". Les copies sont catastrophiques pour les deux films, des espèces de vieux masters betamax avec des halos, des noirs sans profondeur, des blancs qui bavent, et des gros soucis d'entrelacement. Sur "Un chien andalou", les sous-titres anglais sont imposés (en fait : brûlés), mais pas sur "L'âge d'or". On a du mal à comprendre comment le chroniqueur de dvd beaver qui a testé ces disques a pu leur mettre la note maximum...
"Un chien andalou" a eu une bonne édition en France, avec une bien meilleure copie (chez Montparnasse), mais il ne semble pas qu'il y ait de meilleur dvd de "L'âge d'or" que ce très passable disque anglais. Ce coffret contient quand même une quantité avantageuse de bonus (livret très fourni, un documentaire de 90 minutes sur Bunuel, etc...).
Le dvd us, qui reprend a priori la même copie que le disque anglais, mais avec les habituels soucis de Kino (ghosting + sous-titres imposés)