En l'an 303 ad J.C, l'empereur Diocletien persecute les chretiens. Le jour de la fête de la naissance du Soleil, Sebastiane prend la défense d'un jeune page accusé d'homosexualité. Il est alors déchu et envoyé avec d'autres soldats ds un avt poste en plein désert où chacun dévoré par ses désirs inavouables vont s'adonner à l'homosexualité à l'exception de Sebastiane, chretien convaincu et futur martyr...
Réalisé en 1976 par Derek Jarman, Sebastiane fut un enorme scandale lors de sa sortie et fit l'effet d'une bombe non par pas le scabreux des images mais du propos, Jarman mélangeant la religion chretienne et l'homosexualité, véritable fable homo-erotique fantastique à la limite du surréalisme, sorte de rêve aux relans SM, une fantasmagorie païenne où Jarman déploie toute l'imagerie gay.
Sebastiane s'ouvre sur une étonnante fête païenne vouée au Soleil qui n'est pas sans rapeller les délires hystériques de Ken Russel ds Les diables et l'univers monstrueux du Satyricon de Fellini. Des danseurs outrageusement maquillés et affublés de pénis géants, carnaval endiablé, dansent en transe jusqu'à l'apothéose de la fête, l'éjaculation faciale sur le maitre de céremonie et la mise à mort d'un jeune page accusé d'homosexualité, la gorge arrachée à pleine dents tel un animal dans un par un garde noir feroce.
Le jeune Sebastiane, chretien convaincu, favori de l'empereur et chef de la garde pretorienne, ayant pris sa défense se voit déchu et envoyé en plein désert en compagnie d'autres soldats sous la houlette de Severus, un centurion cruel qui va s'eprendre de Sebastiane.
Dés lors, tout le film se déroule dans ce désert de rocs et de sable sous un soleil de plomb, désert bordé par la mer et quelques lagunes cristallines.
Ce décor à la fois idyllique et désolé achève de donner au film cette aura surréaliste, intemporelle, décor sublimé par une photographie magnifique.
C'est alors au long calvaire de Sebastiane qu'on assiste, refusant de s'adonner à la violence et à l'homosexualité, repoussant les avances de Severus, clamant sa foi au Christ. Un fou Eric dit!!

Vivant nus, livrés à leurs désirs sexuels brulants qu'ils ne peuvent contenir ds cet univers aride, propice à ts les fantasmes mais exempt de tte femme ou putain, ils se laissent aux joies de jeux et d'amours homosexuelles entrainant une passion torride entre Anthony et Adrian.
Ceci donne à Jarman l'occasion de nous offrir une superbe séquence où les deux soldats s'ébattent ds les flots de la lagune cristalline sous l'oeil avide de Severus, longue et langoureuse scène filmée au ralenti où les deux corps d'albâtres s'enlacent, s'ebrouent, s'aiment, plongent tels de joyeux poissons ds l'onde pure qui explose en milles goutelettes ruisselant sur leur corps fievreux.
Jarman déploie tt l'erotisme cliché-gay ds un songe aquatique baigné de soleil.
Risée de ses compagnons de débauche, Sebastiane devant son obstination et sa fidelité à Dieu va devenir un martyr.
Ne pouvant plus contenir son attirance pour Sebastiane qui l'obsède et le rend fou, Severus le torturera jusqu'à ce qu'il cède. Fouetté, battu, brulé à la flamme, le corps enduit de cire chaude sur lequel Severus ecrase du sable, attaché sous le soleil brûlant...
S'instaure alors entre Sebastiane et Severus un jeu de plaisir et de douleur, de désir et de luxure, un rapport de force entre amour et haine, folie et obsession. Si Sebastiane est tenté, sa foi est plus forte et son combat est encore plus dur puisqu'il doit lutter contre cette attirance interdite.
Severus quant à lui est incapable de montrer ses sentiments par l'amour, il le fait donc à travers la souffrance et la violence condamnant Sebastiane au supplice ultime, la crucifixion.
Monté sur la croix, Sebastiane sera transpercé de flèches, les jets de sang fusant de son corps meurtri.
Sebastiane est un conte gay fébrile, hallucinogène, irréel et mystèrieux noyé ds une poésie homoerotique et SM de bon aloi même si les scènes de sexe st quasiment absentes alors que le sujet s'y pretait.
L'aspect mystèrieux et irréel est renforcé par les dialogues ésotériques déclamès comme des poèmes lyriques et chose rarissime voire unique ds les annales du cinéma, le film est entièrement touné en latin


Le coté hallucinogène est qt à lui amplifié par la musique planante de Brian Eno, magnifique, partition qui trouve tte sa force ds la scène finale où la caméra à travers une lentille deformante prend la place de l'oeil de Sebastiane agonisant sur la croix, regardant ses bourreaux.
Sebastiane est une fable sans aucun discours social, sans message sous-jacent, juste une fable héretique sur la religion et l'homosexualité, le retour de l'homme à ses instincts et pulsions primaires lorsqu'il est mis ds un contexte isolé et brutal uniquement régi par le sexe et la religion.
Tourné en Israel, Sebastiane est aujourd'hui tombé dans l'oubli général et Eric est fier de le faire revivre paralèllement à sa sortie DVD.

Niveau casting, un casting qui les trois quart du film est nu, on retrouvera l'ephebe albatre Leonardo Treviglio dans le rôle de Sebastiane, qu'on pourra revoir ds pas mal d'oeuvres italiennes par la suite dt Morirai a mezzanotte de Lamberto Bava, le blond Barney James abonné aux series TV incarne Severus et le trashoïde Lindsay Kemp est le danseur fou.
Sebastiane, un film d'homme pour nous les hommes avec que des hommes et plein de zolies zezettes glorieuses et enfin sans radasses aucune! Un délice en somme!

