The Argyle Secrets - Cyril Endfield (1948)

[Superwonderscope]

J'aime bien THE ARGYLE SECRETS, en effet. Même si je dois avouer être relativement tolérant sur les séries B des années 40, ce film possède pas mal de charme.
Un héros journaliste en effet assez peu avenant (dans le role, le personnage et son physique), qui se bat pour retrouver le fameux album Argyle contenant des secrets qui attisent les convoitises diverses allant jusqu'au meurtre (dont, à l'instar du faucon Maltais, on saura assez peu de choses sur cet album et son contenu).

L'intrigue est en effet assez confuse, avec énormément d'intervenants, probablement du à son origine radiophonique (c'était en effet une pièce radio écrite par Cy Endfield dont le film est de ce fait vaguement inspiré). Le budget n'aura sans doute pas permis de s'extraire de ce carcan, tout en concentrant sur 64 mn une intrigue qui aurait pu être plus "aérée" (et bénéficier de moins de dialogues explicatifs) sur une durée plus longue. Des films adaptées de pièces radio comme le magnifique SORRY, WRONG NUMBER d'Anatole Litvak (un des meilleurs suspens qui soient!) sont là pour témoigner de cet état de fait.

il y a quand même pas mal de plans inventifs : la scène où se héros se fait passer à tabac est suivie d'une scène de cauchemar bien troussée, où le profil du héros se trouve en premier plan, puis en second les bustes de ses assaillants qui s'animent à partir d'un flou, puis une spirale hypnotique en surimpression. des travellings avant assez lents sur un port brumeux (ou l'on devine des maquettes de bateaux), et une scène de suspense avec l'un des bad guys armé d'un chalumeau qui fait son plus bel effet.

L'héroïne (qui se fait étrangler, puis embrasser et encore une fois étrangler par le héros!) demeure tout aussi nébuleuse que l'intrigue. Est-elle mauvaise? Succombe-t-elle au charme du héros? Travaille-t-elle en seconde main.? est-elle le cerveau de l'opération? Le mystère demeure au long du film, tout comme le héros qui n'est jamais défini de manière claire (bon? mauvais? les deux?)

On sent à la fois l'influence du film noir mais aussi de la période post-guerrière et des relents d'espionnage, des préoccupations sociales en toile de fond...
Ce ARGYLE SECRETS est tout sauf une réussite. mais malgré le scénario qui en rajoute sur les fausses pistes, la pléthore de personnages assez curieux... le film garde un charme, une patte indéniable d'un cinéaste en devenir. Aussi via la carte de l'humour et du second degré. Et quelques brefs instants d'une scène en plan extérieur, assez brute (le héros s'échappant par des escaliers extérieurs d'un building) qui donne un côté très Joseph H. Lewis au look de Gun Crazy.

Le film est assez rare, ce qui fait une raison supplémentaire de se bouger les fesses (pour celles et ceux qui le peuvent, bien sûr). Le film n'existe apparemment pas en DVD ou même en VHS, à ma connaissance.

A noter enfin que l'héroïne Marjorie Lord n'est autre que la mère de l'actrice Anne Archer (qui est, rappelons-le, la Directrice de la Commission Education de la secte de la Scientologie)