Niccolo Farra, cinéaste, travaille a un projet de film ou scénario et personnages ne sont pas encore définis. La liaison fugitive qu'il noue avec Mavi, une belle et énigmatique aristocrate, ne sera pas sans conséquences sur sa future création.

Je suis peu familier du cinéma d’Antonioni, ni trop tenté par celui-ci d’ailleurs (même si Profession : reporter, découvert récemment, m’a bien botté), mais son Identification d’une femme, avec son casting bien bis – Lara Wendel, Marcel Bozzuffi, Stefania D’Amario et Veronica Lazar entourant un Tomas Milian d’une impressionnante sobriété (prestation, il va sans dire, à des années lumière de celle d’Escroc, macho et gigolo de Bruno Corbucci, livrée par l’acteur la même année) – m’a toujours attiré. Je lui ai donc donné sa chance à l’occasion d’une diffusion sur Ciné Cinéma Club en VM.
Sur le fond j’avoue n’être pas intégralement convaincu et trouver l’ensemble légèrement nébuleux dans ses intentions, son discours. J’imagine qu’il y a un petit côté autobiographique à tout ça et qu’il faut voir le personnage de Niccolo Farra, cinéaste en panne d’inspiration, à la recherche de la femme qui l’inspirera, comme un double fictionnel d’Antonioni. Mais sorti de ça j’avoue avoir l’impression d’être en partie passé à côté de la réflexion Antonionienne sur la création artistique, réflexion relayée pourtant par quelques chouettes trouvailles narratives (les flash-back sur le personnage de Mavi, que l’on ressent un peu comme la construction mentale d’un film dans la tête de Niccolo). Antonioni agrémente son sujet de quelques considérations socio-politiques sur l’Italie, sa bourgeoisie, sa corruption, son cinéma, sans que cela n'apporte grand-chose à son histoire et sa thématique première ... ou alors je n’ai pas saisi la finalité de ces digressions. En revanche la conclusion m’a vraiment séduit, à la fois joliment ouverte et énigmatique (à la Profession : reporter) et plus limpide dans son discours métaphorique sur la femme vue comme le soleil du créateur (enfin, c’est ce que j’ai cru comprendre).
Dans la forme je suis en revanche totalement conquis. La photo de Carlo Di Palma, les éclairages et cadres (dont un très beau plan d’ouverture en trompe l’œil), comme plus généralement le rythme du film : C’est à tous les niveaux du travail particulièrement soigné mené de main de maître, qui intrigue et envoute sans tomber dans l’esbroufe.
Voilà, sans doute pas le film le plus limpide et le plus absorbant que j’aie vu récemment, mais l’un des plus travaillé visuellement. Et puis pour les fans de Tomas Milian c’est quand même une curiosité. A noter enfin que pour un film seulement déconseillé au moins de 10 ans, Identification d’une femme comporte plusieurs séquences d’accouplement pour le moins explicites.