Le dernier film de Gus Van Sant illustre une fois de plus l’immense talent du cinéaste.
Ce dernier s’intéresse ici aux conséquences psychologiques qu’un meurtre, commis comme par inadvertance, sous-tend chez un adolescent. Outre l’inévitable (et signalée à maintes reprises par la critique) étude de l’âge ingrat, l’oeuvre pointe du doigt l’extrême fragilité d’un quotidien lequel, en butte à quelque extraordinaire, s’effondre littéralement pour révéler son caractère artificiel. Le postulat n’est pas nouveau et se trouve même à l’origine d’un genre entier: le fantastique.
L’expérience de la mort fait donc exploser les principaux fondements du Familier pour entraîner notre criminel au sein d’une autre réalité laquelle, sans être jamais représentée, ordonne surtout une nouvelle lecture de l’événement . Redéfinir le stade adulte en termes de point de vue revient à octroyer à l’innocence enfantine une importance paradoxale car essentielle (c’est elle que l’on observe) et pareillement insaisissable (irréalité du Banal - lycée, petite amie, parents - occasionnant des ralentis, un éclairage particulier...). Finalement, Gus Van Sant se prête à associer le septième art au regard distancié, puisqu’ébahi, de l’adulte en devenir sur un vécu donné. Pour ce, le film exploite la focalisation interne à contre-emploi, la caméra prenant en compte les émotions d’un être “en crise”, dont la conscience semble s’être déjà désolidarisée de l’univers contemplé. Cette “schizophrénie existentielle” admet un seul et même sentiment: l’immense solitude d’un jeune garçon qui, nouvellement meurtrier, éprouve sa différence comme un exil irrémédiable. Occasionnée par toute tragédie intime (décès d’un proche, maladie grave...), l’impression de se trouver en décalage avec le monde de tous les jours s’éprouve comme un équivalent adulte / responsable de cet espèce d’idéalisme adolescent dont les envols de skateboarders signalent le point de non-retour.
À voir d’urgence.
Paranoid Park, Gus Van Sant, 2007
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Je suis sorti du film très partagé. J'avais détesté Last days et m'était honteusment emmerdé. 5 mois après sa vision, Paranoid park me laisse toujours aussi perplexe.
Ici le propos est moins abscons.
La qualité technique du film est au plus haut niveau (la photographie de Doyle reste toujours dans mon souvenir comme exceptionnelle)... mais je m'interroge sur le pourquoi du comment. Encore un film de skateurs en mal de vivre. Jeunesse désorientée, société déresponsabilisante ou existentialisme de pacotille?
Les scènes de skate avec caméra au ras de la planche, on en mange pendant près de plus d'un quart du film. la technique est là, irréprochable. on veut nous faire entrer dans le personnage. bien, ok. Mais la finalité m'échappe. J'ai peu l'impression de voir un peu le film année après année chez Van Sant. E
t même si au fond j'ai bien aimé la vision du film, ce n'est typiquement pas un film que j'aurai envie de revoir ou que je reverrai plus tard. Un peu comme si l'artmosphère véhiculée, bien qu'on comprenne vaguement ce qu'il souhaite faire, confine à la vacuité du discours.
Voir aussi, sur le sujet du film, le papier de Libé de mercredi denrier sur l'interview avec Gus van sant. Ca vaut le détour.
Ici le propos est moins abscons.
La qualité technique du film est au plus haut niveau (la photographie de Doyle reste toujours dans mon souvenir comme exceptionnelle)... mais je m'interroge sur le pourquoi du comment. Encore un film de skateurs en mal de vivre. Jeunesse désorientée, société déresponsabilisante ou existentialisme de pacotille?
Les scènes de skate avec caméra au ras de la planche, on en mange pendant près de plus d'un quart du film. la technique est là, irréprochable. on veut nous faire entrer dans le personnage. bien, ok. Mais la finalité m'échappe. J'ai peu l'impression de voir un peu le film année après année chez Van Sant. E
t même si au fond j'ai bien aimé la vision du film, ce n'est typiquement pas un film que j'aurai envie de revoir ou que je reverrai plus tard. Un peu comme si l'artmosphère véhiculée, bien qu'on comprenne vaguement ce qu'il souhaite faire, confine à la vacuité du discours.
Voir aussi, sur le sujet du film, le papier de Libé de mercredi denrier sur l'interview avec Gus van sant. Ca vaut le détour.
Oh really? Well then I'm sure you wouldn't mind giving us a detailed account of exactly how you concocted this miracle glue, would you ?
Le film souffre peut-être de l'inévitable comparaison que maintes spectateurs effectuent naturellement avec les oeuvres précédentes du réalisateur. Une thématique commune n'implique pas toujours une perspective similaire. Néanmoins, comme tout à chacun, j'avais des craintes à ce sujet sans que la chose n'affecte de trop mes prédispositions de réceptrice. De fait, l'identification a fonctionné. Point d' "existentialisme de pacotille" mais une peinture presque naturalisme d'un drame somme toute universel. Lorsque la réalité (la mort) dépasse la fiction (vision dématérialisée des skateboarders), l'être (adolescent ou non) se trouve d'abord en état de choc. Faute de bavardage, crise de larmes et autre poncif du genre, le cinéaste préfère nous confronter à la stupéfaction du personnage. Cette expression de la douleur est extrêmement crédible. La tragédie intime (décès d'un proche, annonce d'une maladie grave) déconnecte les gens touchés de ce que nous nommons Réel (le banal) et par élargissement des autres. Finalement, le métrage demeure très angoissant en ce qu'il nous fait éprouver une solitude (née du drame) qui peut se surgir à chaque instant de l'existence, peut-être lorsque les gens s'y attendent le moins.Superwonderscope a écrit : La qualité technique du film est au plus haut niveau (la photographie de Doyle reste toujours dans mon souvenir comme exceptionnelle)... mais je m'interroge sur le pourquoi du comment. Encore un film de skateurs en mal de vivre. Jeunesse désorientée, société déresponsabilisante ou existentialisme de pacotille?
Les scènes de skate avec caméra au ras de la planche, on en mange pendant près de plus d'un quart du film. la technique est là, irréprochable. on veut nous faire entrer dans le personnage. bien, ok. Mais la finalité m'échappe. J'ai peu l'impression de voir un peu le film année après année chez Van Sant. E
J'adhère totalement aux remarques de Sws... on ne perçoit que les intentions, notamment dans ces longues séquences de Skate... pour ce qui est de savoir si c'est opérant, il faut être sensible aux grosses métaphores.
C'est un peu le même film depuis quelques années, sauf qu'avec le temps, ca perds en pertinence, ce que le film gagne en éternelle figure imposée. Le film échappe de peu au maniérisme creux.
Reste le tableau social et ces ados filmés comme des anges déchus. (ah bah tiens, on me glisse à l'oreillette que c'est le chef op de Wong Kar Wai derrière la chose)
Je conseille d'y aller defoncé -quoique pas pratique pour lire les sous-titres-
Moi je dis gros bof sur ce coup là.

C'est un peu le même film depuis quelques années, sauf qu'avec le temps, ca perds en pertinence, ce que le film gagne en éternelle figure imposée. Le film échappe de peu au maniérisme creux.
Reste le tableau social et ces ados filmés comme des anges déchus. (ah bah tiens, on me glisse à l'oreillette que c'est le chef op de Wong Kar Wai derrière la chose)
Je conseille d'y aller defoncé -quoique pas pratique pour lire les sous-titres-
Moi je dis gros bof sur ce coup là.
Ca c'est de ma faute, je reconnais... devant le cast du film, j'ai pas de prédisposition réceptrice.Néanmoins, comme tout à chacun, j'avais des craintes à ce sujet sans que la chose n'affecte de trop mes prédispositions de réceptrice


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- SPOILERS -
Avis plutôt positif pour ma part. Le point de vue développé par mercredi est intéressant, surtout que le héros du film se sent "doublement" seul et en décalage puisqu'il ne peut en parler à personne. Paradoxalement, je trouve que le découpage très particulier habituel de Van Sant dessert le film. Tous allers retours entre une période assez courte en plus ne trouvent à aucun moment une justification.
L'interprétation du jeune garçon est superbe, on ressent tout à fait son anéantissement.
Pour toutes les séquences de skate en super 8 c'est honnêtement du déjà très vu (ne serait ce que dans les vidéos de skate), mais c'est beau. Je suis toujours un peu dubitatif quand on essaye de voir trop de chose derrière, c'est juste du skate.
Un petit mot sur la fin, ça se termine un peu à la va comme je te pousse mais finalement le pauvre kid est détruit quoi qu'il fasse (qu'il s'en sorte ou qu'il aille en taule). Voilà pourquoi ce qui lui arrive "physiquement" a finalement peu d'importance
En conclusion pas un film de skateurs de plus
Avis plutôt positif pour ma part. Le point de vue développé par mercredi est intéressant, surtout que le héros du film se sent "doublement" seul et en décalage puisqu'il ne peut en parler à personne. Paradoxalement, je trouve que le découpage très particulier habituel de Van Sant dessert le film. Tous allers retours entre une période assez courte en plus ne trouvent à aucun moment une justification.
L'interprétation du jeune garçon est superbe, on ressent tout à fait son anéantissement.
Pour toutes les séquences de skate en super 8 c'est honnêtement du déjà très vu (ne serait ce que dans les vidéos de skate), mais c'est beau. Je suis toujours un peu dubitatif quand on essaye de voir trop de chose derrière, c'est juste du skate.
Un petit mot sur la fin, ça se termine un peu à la va comme je te pousse mais finalement le pauvre kid est détruit quoi qu'il fasse (qu'il s'en sorte ou qu'il aille en taule). Voilà pourquoi ce qui lui arrive "physiquement" a finalement peu d'importance
En conclusion pas un film de skateurs de plus
"Regarde moi avec ma cocaïne !!!" Robert Zdar in "Heat Street"
Re: Paranoid Park, Gus Van Sant, 2007
Après la débâcle de l'inutile "Last Days", Gus van Sant nous revient avec un film un peu plus pertinent, formellement plus intéressant, avec un peu plus de fond, cherchant à se renouveler un peu tout en creusant toujours un peu le même sillon. Le propos (après s'être timidement approché d'un univers de marginaux qu'il idéalise, un adolescent voit son existence complètement basculé), est abordé en demi-teinte, de façon distante, voire molassonne. Court et agréable à l'oeil, "Paranoid Park" ne manque pas d'intérêt cinématographique, mais Van Sant ne semble pas avoir grand chose tout de même, étirant des traveling aux ralentis et autres scènes de skate pour remplir, parfois laborieusement, ses 80 minutes de métrage.
Aujourd'hui, le bonnet d'âne est pour l'éditeur belge cinéart qui annonce le film fièrement en "1.33 (16/9)" sur la jaquette, mais propose en fait une copie 1.78 tronquée en haut et en bas. Le film a en effet été tourné pour un visionnage 1.33 en principe...
Aujourd'hui, le bonnet d'âne est pour l'éditeur belge cinéart qui annonce le film fièrement en "1.33 (16/9)" sur la jaquette, mais propose en fait une copie 1.78 tronquée en haut et en bas. Le film a en effet été tourné pour un visionnage 1.33 en principe...