Good night and good luck - George Clooney (2005)

[The Wall]

Sujet : Dans les années 50, la croisade du journaliste Ed Murrow qui compte dénoncer les agissements du sénateur Mac Carthy (à la tête de la commission chargée de traquer les communistes).

Attention, film dossier ! Si vous recherchez un film avec une histoire poignante, trépidante et qui vous donnera son lot d'émotions, passez votre chemin. Clooney a décidé de réaliser un quasi documentaire sur la résistance d'un homme, Ed Murrow, contre un système écrasant la liberté d'expression (la chasse aux sorcières de Mac Carthy). Le réalisateur suit pas à pas les actions de ce journaliste courageux, ainsi que de ses collaborateurs. Ici, pas de temps pour développer des personnages ou leur psychologie, ce qui compte, ce sont les images historiques et les discours de cet homme se battant pour la liberté d'expression. On sent bien que le message politique s'adresse à l'Amérique d'aujourd'hui, par le biais du film historique. Les passionnés de cette période trouble de l'histoire américaine (les années 50) seront convaincus par le propos très juste de l'auteur et pourront consulter de nombreux documents d'archives. Les autres risquent de s'ennuyer ferme devant ce film à thèse très bavard, uniquement destiné aux mordus d'histoire contemporaine.

XX

[Superwonderscope]

la critique ci-dessus est un peu réductice, quand même.

Le film s'avérant passionnant en un temps relativement court, grâce à une mise en scène inspirée, donnant il est vrai un aspect quasi-documentaire parfois.
Film-dossier? Mmmmm, là aussi c'est trop rapide. tant tout d'abord cette liberté d'information fait défaut chez nous (c'est que récemment que le Minsistère de l'Information a disparu en France, tout comme la libéralisation des ondes!), alors qu'en 1953 elle était déjà soumise aux pressions & lobbies économiques.
Le noir et blanc est un choix visuel sagace, au diapason d'une intrigue resserrée et d'une direction d'acteur précise. les acteurs sont tous formidables, àcommencer par le formidable David Strathairn, un des meilleurs acteurs actuels, scandaleusement sous-employé (sauf par John Sayles qui a su capter toute sa versatilité dans Limbo , return of the Seacaucus 7 ou encore Passion Fish). Patricia Clarkson, lumineuse, aporte là aussi un éclairage tout en nuance à son interprétation.
Il s'agit un autre regard, étonnament moins binaire que certains films tratant de cette période du Maccarthysme, moins partisane quoiqu'on trouvera un étrange sentiment de déjà vu aux vues de qui s'est passé récemment aux USA.
A savoir la chasse aux sorcières qui a été pratiquée par les medias pro-Bush et les lobbies derrière eux lors du début de la guerre en Irak.

Un film qui avance ses pions de manière précise, le nte mais sûre. Avec un effet final garanti.

[Manolito]

Le playboy libéral d'Hollywood se fend ici d'un film au style effectivement sévère, bien qu'élégant, n'étant pas sans rappeler les huis-clos engagés de Sidney Lumet ("Douze hommes en colère" et "Point Limite"). Du cinéma engagé de qualité, tourné en décors quasi-unique, sans aucun extérieur, avant tout concentré sur le développement de son discours, l'intégrité du style cinématographique et la qualité d'une distribution époustouflante.

Un film concis, qui ne fait pas dans la gaudriole, donc, mais qui développe un discours précis sur la réalité historique du McCarthysme : un phénomène d'hystérie collective politique et médiatique, où les Etats Unis abiquèrent pendant un temps les bases les plus minimales du Droit, pour des "procès" où des dénonciations anonymes et autres informations inexactes tenaient lieu de preuve, où des hommes puissants et intelligents cédèrent presque inexplicablement face à un fanatique illuminé.

George Clooney ne signe pas un film exaltant ou une oeuvre définitive sur son sujet. Mais il propose un long métrage très honorable, tout en retenue et en intégrité.

[comte vonkrolock]

Les passionnés de cette période trouble de l'histoire américaine (les années 50) seront convaincus par le propos très juste de l'auteur et pourront consulter de nombreux documents d'archives. Les autres risquent de s'ennuyer ferme devant ce film à thèse très bavard, uniquement destiné aux mordus d'histoire contemporaine.

XX

C'est vrai que c'est relativement long, du coup le propos du film s'en trouve très alourdi, un comble Pour moi un film très moyen de msiou Clooney même si on est pas dans le même type de film, ces confessions d'un homme très dangereux est beaucoup moins académique et bien plus originale. Voilà

[Manolito]

Je trouve au contraire que dans le cinéma d'aujourd'hui, "Good Night..." est beaucoup plus original et personnel que "Confessions...", qui marche un peu trop sur les traces rabachés de Scorsese and co...

[Prodigy]

J'aime beaucoup ce film effectivement plus subtil et moins partisan qu'il n'y paraît, les discours de Murrow qui ouvrent et ferment le film sont hélas prémonitoires et reflètent parfaitement l'état du journalisme et de la presse dans le monde, y compris en France.

Strathairn est effectivement un acteur admirable et trop sous-employé, et la mise en scène de Clooney est pleine d'élégance. Ne faire parler McCarty que via des images d'archives est une idée certes pas très glamour dans une époque où on aime bien surligner des soi-disant idées à coups de violon ou de flons flons, mais ô combien honnête. L'homme dans ses propres mots et ses propres réactions, même si bien sûr on pourra toujours argumenter du fait que les extraits et les phrases ont été choisies, montées et donc potentiellement sorties de leur contexte.

Le film m'a amené à lire le bouquin de Friend Friendly (le personnage du producteur joué par Clooney), Due to Circumstances Beyond Our Control , livre passionnant qui explique comment l'audimat et les sponsors publicitaires ont peu à peu bouffé l'intégrité des news rooms qui ont dû se plier à la recherche d'audience et sabrer des sujets pour ne pas déplaire aux annonceurs ni au plus grand nombre. Le ver dans un fruit aujourd'hui complètement pourri