
L'un des tous premiers films tournés en Cinemascope avec 4 pistes stereo magnétiques et le second tourné par Nunnally Johnson (plus célèbre pour son très beau 3 visages d'Eve et le scénario des 12 salopards, entre autres), il s'agit d'un whodunit assez classique. Rendu plus classieux via le traitement du format Scope, d'autant plus curieux qu'il se déroule pratiquement toujours en intérieur. Black Widow emprunte pas mal de codes du film noir en les restituant dans un environnement plus moderne.
C'est l'un des problèmes du film, son côté statique et théâtral,même si son origine n'estpas une pièce de théatre... les décors sont magnifiques & spacieux quelques jolis mattes d'extérieur de New York, mais on sent que le réalisateur ne sait pas très bien comment faire pour utiliser ce format au mieux.
Sur les 95 minutes du métrage, il y a bien 30 minutes d'exposition et le tout raconté en flash back, ce qui - même après la vision du film- demeure un choix assez curieux. Cela porte sur l'arrivée de la jeune fille à New York et le pourquoi de son ascension sociale. C'est assez lent et mou, malheureusement. Passé ce cap, le suicide (ou meurtre?) intervient et l'histoire apparemment simple se complique. le retour d'Iris, l'implication de ses "amis" et la tentative de Peter de se soustraire à la police (un George Raft moulé dans de la cire)afin de comprendre qui était réellement Nancy font que le scénario arrive finalement à provoquer du suspense.
Côté acteurs, c'est Ginger Rogers qui vole la vedette à tout le monde. Son rôle de bitch aux répliques cinglantes (et il y en a des belles) lui va à ravir. Si bien que le reste du casting apparait singulièrement fade. Y compris Gene Tierney, scandaleusement sous employée dans un rôle limite potiche. Peggy Ann Garner, étoile météorique, sait donner petit à petit de l'épaisseur à son rôle de jeune ingénue pas si innocente que cela. Son rôle fait d'ailleurs beaucoup penser à Ann Baxter dans le rôle d'Eve de Joseph Mankiewicz.
C'est aussi l'un des premiers films à traiter de Greenwich village comme étant le refuge des artistes en t tous genres venant "tenter leur chance à New York". Même si Hollywood tardera à en effectuer une représentation réaliste (voir My Sister Eileen un an après)
Le mystère se révèle classique dans sa résolution, avec juste ce qu'il faut de retournements de situations pour soutenir l'intérêt. Presque 60 ans après, il est clair que cette Veuve Noire (explication donnée en début de métrage sur la raison du titre) est le représentant du cinéma "comme on en fait plus". Avec un rythme (trop?) posé, le soin apporté à la reconstitution, des enjeux scénaristiques et du jeu de personnages peut être dépassés aux yeux de certains. Mais avec une touche de classe inégalable. Ceci dit, Nunnally Johnson fera beaucoup mieux plus avec son Homme au Complet Gris et les 3 visages d'Eve.
Le transfert sur le Z1 est absolument splendide! Magnifiques couleurs (on sent le travail des décorateurs et du DP sur les contrastes et jeux de lumière pour donner de la profondeur) respectant le format 2.50:1 d'origine - avec 16/9e.
Son 4.0 surround avec st français et anglais. Très beaux effets de stéréo, qu'il s'agisse des effets sonores, dialogues ou musique.
des extras en rafale (sur Gene Tierney et la fin de sa carrière, Ginger Rogers, la piste isolée du score (superbe musique par ailleurs), film annonce, et la collection Fox Film Noir, etc..).
Si le film n'est pas un incunable, loin s'en faut, le DVD est vraiment de toute beauté.