
Au XIXème siècle, le très british Phileas Fogg fait le pari de faire le tour du monde en 80 jours seulement grâce aux moyens de transports modernes. Il part dans ce voyage insensé en compagnie de son nouveau valet, nommé "Passe-Partout"...
Lancé dans la foulée du succès de "20 000 lieues sous les mers" version Disney, "Le tour du monde en 80 jours" est un projet pharaonesque lancé par le producteur Michael Todd pour promouvoir le Todd-AO, son nouveau procédé spectaculaire supposé concurrencer le CinémaScope de la Fox, le Cinérama de Merian C. Cooper ou le Vistavision. Il s'agit d'un format de tournage en 70mm (le Panavision 70mm n'était pas encore lancé), à défilement vertical (contrairement au Vistavision) , sans compression anamorphique de l'image (contrairement au cinemascope). Le film devait être projeté sur un écran courbé et le son était réparti sur 6 pistes magnétiques. Particularité : pour plus de fluidité, la caméra tourne à 30 images. Cela impliquait d'ailleurs de tourner le film avec deux caméras (une à 24 images/s classique et une à 30 images/s) pour pouvoir aussi tirer des copies compatibles avec les projecteurs traditionnels. Cela signifie que si ce film vient à sortir en HD prochainement, la copie la plus proche du format Todd-AO devra proposer une image en 30p/s (ou 60, ce qui est compatible avec le format video hd sans difficulté) !
Après toutes ces considérations, revenons au film : il s'agit donc d'un spectacle grand public, très familial, conçu pour être projeté sur très grand écran et proposer des moments de prise de vue très spectaculaires (changements d'échelles violents, très gros plans, grands paysage avec immense profondeur de champs...). Evidemment, vu aujourd'hui dans des conditions domestiques, il ne reste plus forcément grand chose de ce spectacle, à part des plans parfois longuets de trains serpentant dans les parcs naturels américains, de bateaux voguant au large du Japon, des numéros de danse, de corrida (inoffensive), de cirque, assez longuets, etc... Si beaucoup de plans ont été ramenés des quatre coins du monde par des secondes équipes (dont des vues prises du sacré coeur à Paris), pas mal de choses ont aussi à l'évidence été tournée en studio (le décollage de la montgolfière a très vraisemblablement été tourné au studio Universal, avec sa cathédrale tronquée issue du "Notre-Dame de Paris" avec Lon Chaney) !
Le film est aussi connu pour son casting de vedettes internationales. David Niven dans le rôle de Phileas Fogg bien sûr, Shirley McLaine hélas translucide en princesse indienne, mais aussi toute une floppée d'invités du monde entier, qui ne passent parfois que le temps d'une réplique ou d'un clin d'oeil : John Gielgud, Trevor Howard, Fernandel, Marlène Dietrich, Frank Sinatra, Buster Keaton, Martine Carole, etc... Mais à force de se disperser sur son procédé technique, ses jolis paysages, ses multiples vedettes et autres attraction, "Le tour du monde en 80 jours" tend à en oublier son histoire principale et son sens. Cette course contre la montre, cette urgence de tous les instants, les idées audacieuses de Fogg ou Passe-partout tendent à se diluer et à ne plus servir que de prétextes dans un grand cirque rétro, certes charmant, mais manquant de tonus et de rigueur dans sa narration.
Vu sur TCM dans une copie scope correcte, un peu sale, mais assez précise quand même pour du câble. Comme toujours chez TCM, que du mono (assez enrhummé) au niveau son...


