
Voilà un film qui jadis fit le bonheur des video clubs jusqu'à gagner au fil du temps une solide réputation, s'enorgueillant même d'un statut de cult movie.
Nightkill est un efficace thriller redoutablement intelligent dont le retournement final en laissera pantois plus d'un.
Ted Post nous concocte là une histoire de vengeance certes classique mais d'un machiavélisme sidérant.
Katherine est mariée à un riche industriel, homme cynique et méchant qui prend plaisir à humilier sa femme. Il n'ignore pas qu'elle a un amant et accepte avec ironie la situation jusqu'au jour où l'amant le tue sous les yeux effarés de la jeune femme. Dés lors, d'étranges evenements vont survenir dans la vie de Katherine jusqu'au jour où en lieu et place du corps de son mari, bien caché dans le congelateur, elle decouvre celui de son amant. S'il est clair que le mari n'est pas mort et se venge, les apparences sont parfois bien trompeuses. Folie, diabolique complot, qui est réellement qui, qui est impliqué dans quoi, Post nous l'apprendra lors d'incroyables revelations finales...
Si la trame du scénario est en soi classique, c'est ici son traitement qui le rend si original. Nightkill est un thriller qui sous ses airs de déjà-vu brille par ses qualités au demeurant fort nombreuses.
Post entretient un suspens qui va crescendo et tient en haleine d'un bout à l'autre du métrage le spectateur qui tente de résoudre cette enigme, fort de ses certitudes et des apparences. Tout lui semble donc clair si ce n'était l'habileté de Post à renverser le jeu lors d'un final brillant, cruel et totalement inattendu, aussi froid que le marbre de la villa de l'heroine surplombant une colline.
Et ce suspens ne retombera plus jusqu'à l'ultime seconde lorsque le mot Fin apparaît à l'écran, laissant admiratif devant une telle perfection. Car s'il faut parler de perfection, Nightkill en est l'incarnation, Post ayant réussi le tour de force de mettre en images le crime parfait, ne laissant derrière lui aucun détail, aussi minutieux et implacable que son assassin.
A la force de l'intrigue s'ajoute la beauté des décors, luxueuse villa servant quasiment d'unique décor à l'action, et l'inquietante partition musicale qui sert de score au film, renforçant son aspect angoissant.
Si Nightkill n'est pas très sanglant, Post se laisse tout de même aller par instant à quelques séquences violentes ou scènes choc sans oublier la terrible et douloureuse agonie de l'heroine.
Ce qui surprendra beaucoup est l'incroyable distribution que rassemble Nightkill, surprenante réunion d'acteurs de prestige, tous plus excellents les uns que les autres et tous coupables potentiels de cette machination.
C'est ainsi qu'on retrouve Robert Mitchum, énigmatique et éblouissant lors du final, James Franciscus en amant vengeur, Mike Connors en mari indigne, Fritz Weaver en avocat libidineux et notre hyperpulmonée blonde, la trés mammaire Danning en éditrice jalouse.
On regrettera simplement que les apparitions d'Angus Scrimm aient été coupées au montage final.
Le film offrait le premier rôle à Jaclyn Smith, Kelly, l'ex-Drôle de dames, alors en plein déclin. Ses personnages au cinema n'ayant pas réussi à lui donner sa chance au grand écran, Post lui en donnait une seconde.
Delicieusement fragile, au bord de la folie, la Smith donne ici son maximum, osant même se faire défigurer lors de la douloureuse séquence de cloture. Malgré sa performance, le cinéma ne lui ouvrit point ses portes d'autant plus que Nightkill aurait du sortir en salles aux USA mais fut vendu au dernier moment aux chaines TV, le transformant en simple téléfilm tandis que la France lui sortit directement en video.
Adieu reve de carrière pour la Smith!

Nightkill demeure aujourd'hui un parfait exemple de thriller totalement abouti qui n'a en rien perdu de sa force et fera encore longtemps le bonheur des amateurs de suspens et de machiavélisme diabolique.
Le corbeau, incarnation de la perfection, qui pourtant n'a pas encore élaboré le crime parfait

