Le travail de Friedkin ne se voit pas vraiment. Tout d'abord, le film s'ingénie à respecter surtout la théatralité d'origine (l'auteur de la pièce à succès étant par ailleurs le scénariste et le producteur du film). Ce qui donne assez peu de distance au sujet. Lui et Friedkin devienrent assez proches, au point d'enqueter sur les moeurs de drague gay sur Fire Island (dixit le scénariste).
Le tout étant un catfight allant crescendo, le jeu des acteurs est ainsi assez outrancier et le dernier quart d'heure vaut son pesant de hurlements, crises de larmes et autres prises de valium.
Le film fit sensation à sa sortie, car il s'agissait du premier film traitant d'un sujet où les gays étaient vus non pas comme des seconds roles s'agitant dans tout les sens, mais occupant le devant de la scène et donc parlant de la scène gay.
N'étant pas un succès commercial, il connut néanmoins des critiques qui approuvèrent le sujet et le traitement.
Pour ma part, mêm après sa troisième vision en 13 ans, je reste partagé entre l'appel d'air que fut le film à son époque (pour une fois que les gays n'étaient ni des victimes suicidaires, des folles hurlantes -tout du moins pas tous

Le final où Kenneth Nelson est secoué de crises de larmes est pathétique, une réminiscence de Shirley McLaine dans le final de La Rumeur où elle s'accuse de salissure et de tous les maux du monde en révélant son amour pour Audrey Hepburn.
Seul le personnage de Frederick Combs (qui fit son coming out après, d'ailleurs, et qui hélas mourut du Sida, comme la majeure partie du casting d'ailleurs, en 1992) demeure le moins ridicule, le moins drama queen du lot. Car c'est bien d'un combat de drama queens auquel on assiste pendant 115 minutes, au sein d'un appartement. Maintenant, ui, les gays sont capables de scènes de ménage come pour Qui a peur de Virginia Woolfe. Bon, et alors?
Ce qui m'émerveille (et m'énerve au point de vouloir me jeter dans le cadre de la TV et coller un cassage de gueule collectif aux interprètes), c'est cette capacité à vouloir donner en pature une introspection d'une certaine idée de la gay-titude au public, mais immanquablement en donnant à voir ce qu'il ya de pire et de plus cliché, même en indiquant vouloir l'éviter.
Si on ne peut nier une certaine fraicheur du propos pour l'époque, cette emphase sur l'amertume, la haine progressive que chaque protagoniste révèle les uns envers les autres, ne cadre décidémment pas totalement avec ce qu'offraient les années 70. Plus de compréhension les uns envers les autres et une ouverture sur le monde.
D'un point de vue strictement dramatique, le film se tient plutot bien, générant une tension graduelle qui est palpable. Les dialogues, acérés comme des dents de requins, débitent un lot impressionnant de vacheries et répliques acides. ce sot eux qui rythment le plus l'action, allant de pair avec les acteurs étant au top de leur forme pour leur personnage propre.
Ceci dit, pour un film étant plus proche d'une photographie à l'instant i de l'homosexualité aux USA et sans condescendance, narcissisme ou autre idées reçues, autant voir A Very natural Thing, de Christopher Larkin. parler de sexualité, de placard et d'un groupe d'amis pouvant donner autre chose que ce Boys in the Band.
Une pierre d'angle dans le cinéma parlant d'homosexualité mais au bout du compte, un film assez médiocre.
Vu sur la VHS Pal CBS Fox sortie en 1993.