Moonbase 3 (1973) - Ken Hannam & Christopher Barry

[bluesoul]

Le quotidien au jour le jour d'une mission scientifique sur la lune.

D’apres la rumeur public (imdb), les seuls masters encore existants ont ete decouverts dans les archives d’une chaine de tv canadienne, les originaux ayant ete effaces dans les grandes purges s’etant abattues sur les archives de la BBC.

Quasiment oublie de nos jours, toute tentative pour remettre dans leur contexte une co-production entre la 20th Century Fox et la BBC est donc condamne a echouer.

On ne peut que speculer / supposer que la serie s’est faite dans l’enthousiasme de la conquete de la lune (1969) et des missions spatiales qui ont suivies.

Quant a la question la plus importante--si oui ou non la serie a tenue le coup apres 35 annees ; cela dependra d’un tout a chacun.

Il faut d’abord se rappeller qu’il s’agit d’une serie se passant dans un avenir lointain (2003), et pourtant deja depasse de nos jours.

Ainsi, l’idee de depart avec ses cinq base lunaire permanente (USA, Russie, Europe, Chine, Bresil) est encore a quelques annees-lumieres de se realiser. L’on peut aussi douter de la facon dont cette prophetie se realisera. Le choix des nation peut poser interrogation, d’autant plus que les membres de la bases russe font plus penser a l’epoque de l’U.R.S.S., qu’a l’actuelle Federation Russe. La participation a l’aventure spatiale du Bresil parait a ce stade aussi plus que douteuse.

Cote design, les degats sont limites. L’on sent que beaucoup de soin a ete investit pour eviter que la serie ne date trop et trop vite. On pourrait meme penser que l’apport americain a pu favoriser l’acces a des donnees scientifiques de pointe (de l’epoque, en tout cas). Ainsi les vetements, uniformes et le materiel informatique et scientifique est credible, car neutres.

La tenue vestimentaire de rigueur est ainsi « business casual », l’on est ainsi loin des « pyjamas » de l’equipe de Star Trek. Les ordinateurs presentent ainsi des ecrans vieillots (ressemblant plus a des prompteurs de studio qu’autre chose), mais ne sont au moins pas munis de lupiottes fesant « blip » en reponse a toute manipulation humaine.

Comme prevu pour l’epoque, aucun CG a perte de vue. La base lunaire et terrain environnant ne sont que des maquettes qui ont du creer leur effet a la diffusion originale, et qui ont plutot bien vieillis. La surface de la lune est grise et terne, rien n’a change a ce titre.

Les vehicules tout-terrain lunaires et les vaisseau spatiaux ressemblent certes a des « tonnelles » (certains diraient des « poubelles sans pedales »), mais en y regardant bien, a part la navette americaine tres distincte, les modules spatiaux n’ont pas vraiment change de formes en presque 40 annees. Idem pour les combinaisons spatiales. Donc, ici aussi, la serie vieillit plutot bien.

Les decors internes a la base sont spartiates. Difficile de dire quel a ete l’element prepoderant ; le budget alloue par la BBC (qui a toujours rechigne a investir dans les decors de ses productions ou la rigueur scientifique dans les designs). A la vue du soin donne a la production, l’on peut donc lui donner le benefice du doute.

En fait, ce qui a le plus « vieillit » dans la conception de la serie, est sans doute qu’une gravite artificielle predomine dans la base. Ici, aucun doute possible, imperatif de production et realisation en sont la raison. Mais, a nouveau, cela ne nuit pas a l’ensemble.

Dans l’ensemble, la serie a tres bien vieilli donc.

Au niveau du concept, on est loin de l’epopee spatiale de "L’Etoffe des Heros" (1983) ou de l’aventure science-fictionnelle par excellence « 2001 » (1968).

Ici, pas d’heroisme, pas de fiers pilotes dans leurs droles de machines, pas de voyage vers l’inconnu siderale. Non, seulement un travail de scientifique dans un laboratoire en banlieue non pas d’une ville, mais d’une planete—la notre.

La serie n’interessera de par son concept et sa narration pas un public jeune. Tous les personnages sont adultes, la moyenne d’age est elevee. Les recits sont centres sur leurs activites, leurs routines, leurs caracteres et leurs interrelations.

Par moment, on pourrait presque comparer MB3 au Loft, un espace limite, quelques personnages (le nombre de membres que possede la base, n’est jamais reellement clair) sur lesquels sont centres les differents recits ; l’administrateur scientifique, bourru et par moment dictatorial, mais pret a risquer sa carriere pour un ami ; la psychologue, de par son status et sa mission de surveiller l’etat mental de tout le staff, se trouvant au-dessus d’eux, ce qui ne l’empeche pas de commettre certaines graves erreurs ; le responsable financier, impopulaire car responsable de la bonne utilisation et allocations des fonds—francais de part de-dessus le marche(!), le responsable technique, fonction dont depend neanmoins la survie de la base et de son staff ; un scientifique qui a la tete dans les nuages, et que de l’avoir dans la lune lui donne le spleen ; son meilleur ami, un scientifique arriviste et autocrate revant de la gloriole appelle « Nobel » .

A vu de ceci, on ne peut pas dire que ce casting soit tres « sexy » sur papier. Neanmoins, la n’est pas le propos. Tous ces personnages avec leur points forts et leurs travers vont marquer la vie de la base, ainsi que parfois sceller des destins. La psychologie des personnages est ainsi mise en adequation avec les lieus ; exigues, mornes (pour ne pas dire « lunaires »), ou seul la routine permet de garder sa raison. Il n’y a pas a dire, cette serie ne presente pas l’aventure spatiale comme « glamour », mais comme un sacerdoce. A nouveau, un point pour le realisme.

Les histoires sont bien menees, sans temps morts. L’on se prend vite au jeu d’avoir ses personnages favoris ou honnis. Mais quelque part, tous gagnent a etre connus. Tous gagnent leurs gallons d ‘ « humanite » en bordure de la derniere frontiere. Au passage, chapeau bas devant l’interpretation. Interpretation qui sera surtour comprise par un public adulte, les situations n’etant que des variations « recherche spatiale sur la lune » des relations d’entreprise qui deroutent / que redoutent autant les adultes.

Cette une serie rare. Une serie qui sans le budget de Space (serie de (1985) sur la conquete spatiale) et toute une floppee de series / films / telefilms mettant en scene l’avenir du futur, qui met plutot en scene la realite du futur. Plus que la « glorieuse aventure de la routine spatiale », elle mettrait en scene la « routine de la glorieuse (?) aventure spatiale ». Routine qui n’en est pas moins dangereuse, ainsi qu’en temoigne le (assez eleve) taux de mortalite de la base (surtout sur une serie aussi courte).

Une serie qui pluto que de mettre en scene ceux qui posent le pied sur d’autres astres et ainsi effectuent de grands pas pour l’humanite, s’attache a ceux qui ne prenant pas de moins grands risques leur mettent les pieds a l’etrier, tout simplement.

Une serie a voir absolument, car chainon manquant entre le roman de la conquete spatiale et la fable du space-opera.

Moonbase 3 : 4.5 / 5

[KX69]

Un DVD sortit en UK mais en VO seul semble t-il