A la recherche d’un voleur en pleine campagne, un policier arrive dans un village recule, village bien peu hospitalier, car peuple de cannibale. Le voleur en question et le policier n’auront pas d’autre choix que de s’allier pour survivre.
Apres son succes critique, mais echec public de Butterfly Murders, Tsui Hark decide de frapper plus fort et va pour un premier choc frontal avec le public. Si le public prefere a sa « revolution » cinematographique un cinema de genre et de convention, il va lui en propose un comme il n’en a jamais vu.
Depuis les annees 60 / 70, le public Hong-Kongais etait habitue a tous les melanges possibles et imaginables de genre dans les films populaires locaux. Meme le genre-phare du film d’epee ou de Kung-Fu n’echappa a la mode du « tout combine » a un moment ou un autre. Films de voyous, d’agents secret, comedie, comedie-romantique, films de samurai, sf ; tout a toujours ete soluble dans le cinema made in Hong-Kong, et meme Tsui Hark a en a profite pour « dissoudre » plusieurs genres dans son Butterfly Murders.
En calculant que le public voulais du cinoche balise, du Kung-Fu, par exemple, il decide donc de le matiner d’un genre non-encore importe : le film de cannibale !
Apres tout, si la violence des films d’arts martiaux est si bien acceptee par le public, autant pousser cette meme violence dans ses derniers retranchements : le cannibalisme , et jeter le resultat en pature au public.
A l’arrivee, l’on se retrouve donc en presence de comedie cantonaise, de Kung-Fu, de cannibalisme ou des campagnards et le sort qu’ils reservent aux voyageurs egares n’envie rien au voyageurs egares dans les series B et Z horrifiques made in US de la meme epoque. Decidemment, la campagne est habitee dans n’importe quel pays par des tares congenitaux qui se font les crocs sur des citadins en villegiature

Inutile de dire que le film et en filigrane sa reflexion sur la societe « cannibale » de Hong-Kong, ne trouva pas cette fois non plus son public, mais sera egalement rejete par la critique.
La reponse de Hark au rejet de ses declarations enflammees au cinema et demande d’amour du publique, resultera en une confrontation encore plus violente par le truchement de Don’t Play with Fire ( qui sera d’ailleurs tout autant rejete, y compris par la censure, cette-fois).
Reste, un film etonnant, pour ne pas dire deconcertant, melange improbable entre un Jackie Chan et 2000 Maniacs. Un film bancal. Un film decadent. Quelque part « marrant » dans son bordelisme foutraque
A voir, peut-etre pour l’experience (bonne ou mauvaise) que peut etre, parfois, le cinema populaire peut procurer.
Histoire de Cannibales : 2.75 / 5