Organise Crime and Triad Bureau - Kirk Wong- 1993

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dog
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Organise Crime and Triad Bureau - Kirk Wong- 1993

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Un an avant The Heat, le très pugnace Kirk Wong réalisait ce polard hard boiled sur le même canevas que l'opéra de Mann, l'affrontement sans rémission entre un policier acharné et un voyou non moins acharné. Dans le rôle du premier, Danny Lee qui prète toute sa rage et ses traits nerveux à l'inspecteur San Lee, responsable de l'OCTB, un fondu de travail, un flic à deux cent pour cent, à la tête d'une équipe de fanatiques pas moins acharnés.

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Face à lui Tung, Ho Ti Tung, braqueur, tueur, chef de bande, et sa maitresse, qu'il a vengé d'un viol. Avec dans le rôle le métisse Anthony Wong, classé à tord Cat III actor depuis son apparition dans le craspec Bunman, et dont l'aura de décadence, de batard au nez rond comme dirait un chinois, convient parfaitement à ce personnage qui se décrit lui-même comme une bête. Un type sans manières qui baise les filles en les insultant pratiquement sous les yeux de sa régulières. Mais qui n'en demeure pas moins un homme amoureux.
Car il y a quelque chose de notable qui défend OCTB contre le schémas de Heat, c'est un certain manichéisme, du moins si on pouvait résumer cela ainsi. Parce que le manichéisme de Mann est sur deux niveaux, d'une part celui de la raison contre la déraison, les décisions qu'on prend et auxquels on s'attache, de la société contre ses sociopathes, de l'ordre contre contre ceux qui n'obéissent qu'à leur loi, et d'autres part la présence implicite de la destruction et du mal dans le monde du crime. Les flics de Mann sont des professionels de l'espèce technicien, ils agissent vite, efficacement, leur brutalité est technique, ils sont propres tandis qu'au contraire, dans l'équipe de De Niro, se cache le serpent, le vice, l'authentique salopard qui détruira tout, le bel Eden du beau voyou, celui qui voulait tout, tout le pommier. Un face à face entre deux hommes impliqué, déterminé, corrompu dès le départ par la présence d'un psychopathe.

Dans le film de Kirk Wong les limites ne sont pas aussi dicernables. L'équipe de l'OCTB pour autant professionel qu'elle soit est d'une brutalité inoui, torturant les suspects, frappant à tout va, déchainés, mais également une équipe et un chef devant apprement lutter contre ses propres services, harassé par l'équivalent chinois de l'IGS. Son pouvoir contesté, devant subir par la même les humiliations devant un collègue mieux aimé, qui est partit en plus avec sa petite amie. En face le voyou, s'il apparait d'abord comme un grossier personnage, fou amoureux de sa maitresse, et poursuivi sans relâche par les flics transformés en fauve, on nous montre son véritable visage au détours non pas d'une scène graphique où le hors champs comme dans le Mann ne fait que renforcer l'agiographie de violence, mais par quelques clichés crus et sans doute véritable, prit auprès d'un des amis que Wong ou Lee possèdent dans la police, de cadavre découpé par les soins du criminel.

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Ainsi ce tueur amoureux est à lui seul toute l'équipe de De Niro moins ce côté beau mec, au sens voyou du terme et gravure de mode, c'est un voyou plus rablaisien qu'anglo-saxon, un voyou chinois. Quand à l'inspecteur, c'est un homme non pas conquérant comme celui d'Al Pacino mais simplement obstiné à ne pas se laisser conquérir, déplaçant tout à la fois son orgueil et sa quasi foi dans sa volonté à mettre un terme à sa carrière. Pour autant ces deux là se respectent, comme dans le Mann, ces deux là ont tout vu. Mais il reste une notable différence. L'amour n'a aucune place dans Heat. Des hommes affutés, seuls, et tranchants, des gens seuls, partout, qui se croisent, tandis qu'il a toute la sienne dans OCTB. C'est une histoire d'amour qui défait l'inspecteur et s'en est une autre qui aura la peau du voyou.

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Enfin à la cerise du gâteau, la trahison n'est pas, comme dans Heat dans le monde du voyou. On ne le trahit pas celui là. Sa violence lui assure autant la sécurité que l'admiration et le respect, car il est aussi redoutable que généreux. Mais dans celle d'un flic, une trahison en forme de constat, les véritables vainqueurs dans cette affaire seront toujours les criminels, les flics ne peuvent pas faire leur travail, harcèlement, corruption, qui pourrissent le système et une lutte inégale entre ceux qui se permettent tout et ceux qui ne peuvent pas tout se permettre. A la fin du Mann, les choses retourne vers l'ordre, la raison revient, et tout parait sur l'instant bien inutile. Dans OCTB, le combat est presque perdu d'avance pour tous, il n'y a pas d'ordre, seulement des hommes et des femmes soumis à leur propres lois.
Se faire traiter de con par des imbéciles est un plaisir de gourmet.

"Les anglais sont timides, charmants et monotones. Un peu comme du veau de choix dans une assiette à fleurs."
Alexandre Vialatte
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