Wichita est une petite ville comme il en existe tant d'autres au Kansas. Aspirant au calme et à la tranquillité, c'est dans ce lieu paisible que le légendaire Wyatt Earp a décidé de s'établir. Sitôt arrivé, il fait la connaissance de quelques habitants des lieux, dont un vieil imprimeur sympathique et le maire, qui lui propose de reprendre dès que possible le poste de shérif. Earp refuse poliment mais fermement son offre. Mais, peu de temps après, une bande de hors-la-loi éméchés met la ville à feu et à sang. Le meurtre d'un enfant décide Earp à accepter l'insigne de shérif. Immédiatement, il fait interdire le port des armes dans les rues...

Un Jeu risqué (titre français) … ou comment Wyatt Earp s’est mis au service de la loi.
Mon second Tourneur catégorie western après Le Passage du canyon, et là encore c'est du tout bon. Grands espaces, belles couleurs, cinémascope totalement sous contrôle : déjà, dans la forme, c’est la grande classe. Ensuite, comme cela était d’ailleurs déjà le cas sur Le Passage du canyon, le film surprend par la concision et la clarté avec laquelle il mène une intrigue très riche multipliant les personnages secondaires. En filigrane d’une trame westernienne classique, on aborde ainsi des sujets touffus comme les dérives de l’affairisme, du lobbysme, mais en allant toujours brillamment à l’essentiel. La richesse, la générosité qui se dégage de cette intrigue me fait presque penser au futur cinéma de John Sayles par moment, le rythme trépidant en plus (avec quelques belles poussées d’adrénaline, comme lorsque McCrea se décide enfin à prendre les armes en pleine mise à sac de la ville).
Ajoutons enfin à cela une interprétation sans faille. Avec un Joel McCrea, solid as a rock, et une poignée de vilains charismatiques interprétés notamment par Lloyd Bridges et l’incontournable Jack Elam. Vera Miles fait en revanche un peu tapisserie au milieu de cet ensemble très viril mais, avec tout ce qu'il avait déjà à raconter sur seulement 1h20 de métrage, difficile sans doute pour Tourneur de s'attarder sur son histoire d'amour avec Earp. En résumé : du cinéma carré, humble, intelligent, limpide, qui se déguste comme un bon pinard. Lawrence Kasdan aurait dû y jeter un œil avant de réaliser son pesant Wyatt Earp.