On déblatère sur le DVD mais aucune review sur cette splendeur.. Comblons là cette nouvelle vacuité!
Avant de détruire le mythe de Dracula, le tandem Warhol/Morrissey s'attaquèrent à un autre mythe, celui de Frankenstein même si le réalisateur n'est autre que Margheriti malgré la marque décadente évidente de Warhol et l'ombre de Morrissey qui ici se contenta de donner quelques avis et conseils de mise en scène.
Dés la fin des années 60 avec la trilogie Flesh/Trash/ Heat, le duo Warhol-Morrissey offrait une peinture sociale fort sombre, offrant des tableaux où le sexe tenait une place importante à travers l'homosexualité, la prostitution, le travestisme le tout sur fond de drogues et de déchéance.
On retrouve cela dans Chair pour Frankenstein, véritable délire Warholien où contrairement à Du sang pour Dracula Morrissey ici en ombre s'abstient de toute forme de satire sociale ou politique si ce n'est dans sa vision de la décadence bourgeoise à travers ce Frankenstein dépravé offert à tous les vices.
Le film sous ses airs baroques est en fait une véritable parodie, une farce grotesque et poussée à l'extrême où toutes les audaces sont permises jusqu'à devenir absurdes.
Chair pour Frankenstein peut être vu comme une pièce de théatre où tous les protagonistes s'en donnent à coeur joie, certaines séquences comme celles des repas pris en famille ou le final grandiose où tous les acteurs se retrouvent dans le laboratoire semblent être filmées comme tel, sorte de scène vivante où on s'attendrait presque à un tomber de rideau.
Tout est ici permis et sous l'oeil de Warhol le célèbre baron est désormais un être pervers vivant une relation incestueuse avec sa propre soeur qu'il a épousé, lui donnant deux enfants consanguins

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Outre l'inceste et la consanguinité, il traine sur le film une ombre d'homosexualité latente. Frankenstein vit reclus dans son laboratoire avec son assistant tout aussi frustré. Le baron nourrit une haine féroce pour les femmes, monstres répugnants et abjectes s'adonnant à une sexualité toute aussi répugnante. Comment un homme peut il prendre du plaisir face a leurs mouvements de hanches abjectes??
Son assistant semble lui incapable d'éprouver du plaisir si ce n'est dans la mort, trahissant une forme d'impuissance refoulée.
Cette ombre pédéraste est également tangible entre le fermier et son jeune ami.
Ce dernier ignore totalement la gente feminine et ne parvient jamais à avoir la moindre érection y compris face à la splendide créature femelle créée par le Baron- ce qui donne ici une séquence haut en couleur

- tandis que le fermier semble cacher derrière son amitié pour le jeune homme un relan d'interet plus qu'amical mais bien dissimulée.
La sexualité est ici montrée comme quelque chose de bestial, Frankenstein préférant « baiser » sa créature en la penetrant par le foie, rentrant en elle en lui ouvrant les entrailles. « You must fuck life by the liver » clame t'il. on atteint un paroxysme de betise quand il jouit dans la plaie béante.
Le femme est ici representée comme une putain pachydermique quand elle n'est pas une créature hypocrite cachant ses vices sous ses principes.
Ainsi, la soeur-épouse du baron sous ses airs de femme vertueuse est la derrnière des putains, s'adonnant à tous les vices avec son employé de ferme sous l'oeil indiscret de ses enfants qui ne perdent aucune seconde de leurs coupables ébats. Voyeurisme malsain pour un film qui bien souvent caresse les limites du porno soft.
A cette ambiance délurée, dépravée, s'ajoute une idéologie douteuse. Les experiences de Frankenstein rapellent étrangement les experimentions nazi. Le baron désire créer une race superieure et parfaite, ne reculant devant aucune horreur aussi abominable soit elle. Ce sentiment est renforcé par les noms allemands que portent les protagonistes et l'étrange accent germanique dont ils sont affublés.
L'histoire se passant en Serbie, Frankenstein désire créer le serbe parfait, cela passant par le nez et les performances sexuelles. Voilà qui peut faire surnoisement penser au si vilain nez juif, totale imperfection et erreur de la nature, tandis que cette nouvelle race mise au monde par le biais de ces deux créatures renvoie à la race superieure que visaient les nazis naguère.
Tout se mélange alors dans le plus parfait capharnaum, étalage de vices, d'idées, de perversions, de tares et d'audaces verbales qui frisent le plus souvent le comique fini.
Malsain, le film l'est d'un bout à l'autre, rien ni personne n'est epargné pas même les enfants, tout aussi pervers que leurs parents incestueux.
Perversion, cruauté éclatent lors des scénes finales où ils prendront la relève de leurs défunts géniteurs pour que l'aventure continue. Pouvait on rêver plus noir et pessimiste? La perversion est dans les gènes et se perpétue de générations en générations.
A ces tares on ajoutera la nécrophilie elle aussi présente lors d'une scène sanguinolente où Otto fait l'amour à la vieille servante dont les organes pendouillent dans le vide!
Tout est absurde, poussé à l'extrême y compris dans les dialogues d'une stupidité bétifiante et dans l'interprétation survoltée des acteurs, Udo Kier en tête.
Le gore est omni-présent, véritable massacre d'où giclent des effusions de sang et de tripailles, effet renforcé par la 3-D. Tout est là pour ecoeurer le spectateur et le mettre mal à l'aise, tout est passé au détail, y compris la bande sonore qui appuie les effets gore jusqu' a l'extrême.
Le film est d'une beauté plastique étonnante pourtant, tout est là pour rappeller un certain cinéma gothique transalpin dont on retrouve tout l'aspect baroque.
Udo Kier, plus beau que jamais, s'agite en tout sens, déblatérant des dialogues d'une stupidité étonnante mais avec une telle joie qu'elle en devient communicative.
A ses cotés, l'allemand Arno Juerning en fait des tonnes dans la bêtise tandis que le warholien Joe Dallesandro fait ce qu'il sait le mieux faire: se mettre nu et embrasser des scènes aux limites du porno soft avec l'aisance qu'on lui connait.

et l'icone gay ravira ses fans, le nu frontal est de mise!!
La belge Monique Van Mooren est une baronne vertueuse cachant sous ses principes une vraie catin remplie de vices, lechant goulumment la transpiration de son fermier

, se transformant en fin de bande en une véritable harpie de sexe.
On notera la prestation de la petite Nicoletta Elmi, la plus perverse des enfants du cinéma italien, Nicoletta et ses tresses rousses une fois encore veritable petite garce, froide et perverse comme elle le fut également dans La baie sanglante, Profondo rosso, Emilie enfant des ténèbres avant de devenir une splendide jeune femme en inoubliable ouvreuse de cinéma dans Demons.
Nicoletta est aujourd'hui psychiatre pour enfants à Milan... une belle reconversion!
On ne présente pas la Di Lazzaro, splendide créature, qui ici entamait doucement sa carrière.. une route s'ouvrait à elle, quelques films dont La ragazza dal pigiama giallo où elle était eblouissante mais un destin tragique l'attendait.. le sort s'abattit sur elle et aprés un accident qui la paralysa quelques années puis la mort de son fils, elle n'a jamais pu retrouver la carriere qui lui était promise.
La créature masculine est jouée par le yougoslave Sdjran Zelenovic, ex top modèle dont ce fut le seul role. Dommage!
Chair.. est un vrai régal qui aujourd'hui n'a rien perdu de son coté jubilatoire. Grotesque, stupide, extreme, voilà un délire pelliculaire d'une extravagance particulièrement osée. Du pur cinéma d'exploitation.
