
Snuff: Et si on mourait pour de vrai??
Snuff est probablement le film qui dans les années 70 fit le plus couler d'encre et devint tristement célèbre, se trainant une bien sulfureuse réputation qui allait engendrer toute une vague de scandale notamment aux USA puis à travers le monde.
En fait, Snuff est du pur cinéma d'exploitation dans ce qu'il a de plus abject, par conséquent de plus interessant pour les amateurs comme nous.


La réalisatrice et son mari s'inspirèrent du massacre de Manson et de l'assassinat de Sharon Tate pour ce qui allait devenir au fil du temps un cult-movies dans les milieux underground.
L'histoire n'a que peu d'importance, elle n'a même aucun réel sens et on s'en moque, le but profond du film étant d'exploiter jusqu'au bout cette tragedie dans ce qu'elle a de plus dramatique en usant et abusant de ce qui fait la base même de ce type de cinéma: le sexe et la violence.
Afin d'entretenir une aura de mystère, les Findlay tournèrent le film en Argentine, pays où alors tout était possible mais surtout pays où naissait alors une rumeur, celle de ces fameuses oeuvres snuff, autrement dit, ces films-verité underground où la mort ne serait jamais feinte.
On suit donc les pérénigrations de quatre veritables garces, dans toute leur splendeur hippie, dont une nommée The greedy bitch

Parallèlement, on assiste aux amours d'une jeune actrice ambitieuse éprise d'un jeune heritier richissime qui autrefois sortait avec une des quatre bouillantes et héroinées harpies.
Les deux parties du scénario se rejoignent en fin de film lors du massacre de la famille de l'heritier.
Sur papier, cela peut paraître interessant. Il en va differemment à l'écran. Snuff est en fait l'exemple parfait de ces Hippie-movies 70s, sorte de grindhouse noyé dans une constante musique rock woodstockienne, un trip qui se voudrait sous acides mais est au final totalement inoffensif.
Déçu sera celui qui s'attendait à un déluge de sang et sexe puisqu'il ne se passe rien durant quasiment 80 minutes.
Par delà l'ennui qu'il peut générer, Snuff n'est pourtant pas si désagréable encore moins ininteressant. Tout l'interet du film se situe en fait ailleurs.
D'une part, c'est cette étrange atmosphère qui s'en dégage venant essentiellement de son coté amateur et maladroit, cet indicible malaise qui en découle, cette envie d'exploiter avec quelques misérables dollars un triste fait divers et en ce sens les quelques scenes un rien trash ont ce pouvoir de fascination propre à ce type de cinéma même si ici elles sont assez maladroites elles aussi.
Ainsi, outre l'aspect ordurier des dialogues ( on ne compte plus les putes, salopes, femelles et autres joyeusetés), on dénombre quelques séquences interessantes comme la torture d'une des garces, l'interieur des orteils tranché au couteau, les soumissions sexuelles de Satan et conséquence directe, le viol d'une de ses putains ( Putain! Soumet toi comme une femelle doit se soumettre lui ordonne t'il l'obligeant a le sucer a quatre pattes, croupe offerte


Plus étonnant sera pourtant ce contraste entre ces amorces de séquences trash et le coté très soft de l'ensemble. En effet, tout est plus ou moins avorté ou suggéré, on reste décent dans un climat qui se veut obscène, on reste sage dans une ambiance qui tend gentillement pourtant vers le sordide, générant donc une certaine frustration mais aussi cette tout aussi gentille fascination.
Toujours aussi contradictoire, très peu de nudité ici, si ce n'est quelques paires de seins blanc neige nus sur corps bronzés



Il en va de même pour les plans de prises de substances illicites, on suggère plus qu'on ne montre.

C'est surtout l'aspect psychedelique des séquences, leur coté trip hallucinogène et cette indicible brise de violence latente fortement amateur qui donne au film son interet et cette force d'attraction auprès du spectateur se gorgeant de malsain.

Mais ce qui restera de Snuff c'est son hallucinant final, la fameuse séquence dite snuff que rajouta le producteur, Allan Shackleton, ex prod de porno douteux.
Une rumeur courait alors comme quoi il existerait ces fameux snuff movies qui circuleraient dans les milieux underground.
Shackleton, qui jusque là n'avait jamais réussi à trouver la gloire ni à produire un film à succés, vit là le moyen d'accéder à la renomée et utilisa la rumeur à des fins bassement commerciales.
Il baptisa definitivement le film Snuff et tourna cette ultime scène dans sa villa. Snuff devint un film dans un film. Lors du massacre final tourné par les Finlay, l'image s'arrete soudain et on découvre une équipe technique dans ce salon tant bien que mal transformé afin d'assurer une continuité avec la séquence des époux.
Le pseudo-réalisateur devient hystèrique et se met à découper a la scie circulaire son actrice devant la caméra tout en hurlant: Filmez! Filmez avant de l'eventrer et de lui sortir les entrailles. Pas de generique, pas de mot FIN, tout s'arrête là!
Ce ridicule final greffé portera pourtant ses fruits. Shackleton le vendra comme un véritable snuff movies, terme qui sera dés lors plus d'actualité que jamais, entretenant sa réputation et son mystère. L'affaire tombe non seulement au sein de la police et du FBI mais Snuff voit toutes les ligues feministes se soulever contre une telle aberration. Il faudra plusieurs années pour que le film soit reconnu comme « a real scrap / une vraie merde » dixit le Times square, Shackleton continuant pour sa part d'entretenir le suspens bien ridicule en déclarant: si c'est un vrai meurtre, je serais fou de l'admettre, si ce n'est pas un vrai meurtre, je serais fou de l'admettre! »

Ainsi il eut son heure de gloire et trouva ce qui lui faisait tant défaut: l'argent et la renommée.. Tous les moyens sont bons. Eric rit!


Hormis donc ce final grotesque, Snuff n'est qu'un simple hippie-movie, un drug-movie approximatif trés ancré 70s particulièrement bavard noyé dans une bande-son woodstockienne très sympathique et d'où herbes, seringues et poudre ne sont jamais vraiment absents.
L'interprétation est des plus quelconque, la plupart du casting étant argentin. On y admirera les corps d'ephèbes, splendides, du sublimissime Clao Villanueva




Les autres s'épancheront sur les hippies girls tout en franges et bandeaux, biker-girls mini-jupées et catins patchouli à savoir la Caro, la Amuschastegui, la Fernandez Bianco et la réalisatrice elle même la Finlay.
Très amusant aujourd'hui, on peut se demander comment alors on put se laisser prendre au jeu tant ce final est grotesque.
Une curiosité psychè rince l'oeil qui fit la joie d'Eric!

Le corbeau gourou jamais docile, grand maitre de la secte de l'exploitation!
