Gloria - Sidney Lumet (1999)

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manuma
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Gloria - Sidney Lumet (1999)

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A sa sortie de prison Gloria est bien décidée à se venger de Kevin, son ex-amant, pour lequel elle a passe trois ans sous les verrous sans rien avouer. Quand elle le retrouve, il est entoure de sa bande de tueurs. Ils séquestrent un enfant de sept ans, en attendant de décider de son sort, après avoir massacre toute sa famille pour récupérer une disquette qui compromet l'organisation mafieuse. Aussi désireuse de se venger que de sauver l'enfant, Gloria s'enfuit avec Nicky et la disquette. Elle vient de déclencher une traque qui a toutes les chances de leur couter la vie.

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Remake du classique de John Cassavetes du début des années 80 mettant en scène sa femme Gena Rowlands, Gloria se range dans la foisonnante filmo de Sidney Lumet parmi ces projets à l’intérêt sérieusement discutable, semblant souvent condamné à l’échec critique, artistique et financier avant même le premier tour de manivelle, qu’aime à entreprendre de temps en temps ce grand cinéaste entre 2 réussites. Difficile en effet de saisir ce qui le pousse à accepter des scripts aussi suspects sur le papier, parfois aussi dénué d’ambition, que ceux de The Wiz, The Morning after, A Stranger among us ou encore Guilty as sin … peut-être le goût du challenge, le besoin suprême de tourner ou plus raisonnablement la conviction de pouvoir en tirer quelque chose.

Quoi qu’il en soit, voila encore un remake qui ne s’imposait pas vraiment. Le cadre de l'histoire reste inchangé, le trame est globalement fidèle à celle du film d’origine, même si j’ai repéré cette fois quelles curieuses facilités au sein script comme par exemple
Spoiler : :
le fait que personne n’attende Gloria et le môme chez l’oncle du gamin alors que ceux qui les poursuivent viennent juste de le descendre … ils sont quand même un peu nouille ces mafiosos.
Sharon Stone singe maladroitement Gena Rowlands dans le rôle titre. Trop classe, trop désinvolte par moment, elle a du mal à convaincre en femme forte abimée par la vie et, à 2 ou 3 séquences près, n’y arrive d’ailleurs pas du tout. Quant à Jeremy Northam, on peut légitimement émettre des réserves sur le choix d’un acteur aussi typé british, aussi posé pour incarner un gangster à la solde de la mafia. Et le moins que l’on puisse dire est qu’il n’en impose pas beaucoup dans le rôle. Mais de toute façon personne ne fait vraiment forte impression là dedans malgré le grand George C. Scott en parrain mafieux et le renfort bienvenu de quelques seconds rôles italo-américains de New-york, pour certains habitués au cinéma de Lumet.

Maintenant ce n’est pas non plus irregardable (comme ne l’était déjà pas The Morning after, A Stranger among us et Guilty as sin). Sidney Lumet sait filmer New-York et son Gloria, à défaut de générer tension et / ou émotion, fonctionne comme une jolie ballade au cœur de la grosse pomme. L’implication est en partie absente mais l’œil et le métier demeurent. Le cinéaste nous offre en outre une belle course poursuite automobile, filmée à l’ancienne, sans fioriture stylistique, qui, à travers le lieu dans lequel elle se déroule, mais aussi dans son découpage et son recours osé à de larges panoramiques, m’a rappelé celle mythique de The Seven Up. Enfin, on peut également souligner la richesse du score d’Howard Shore, au croisement de son travail sur The Game, avec prédominance du piano au sein de la composition, et celui à venir sur The Departed, via une couleur latino très prononcée, notamment mise en avant par quelques chouettes morceaux pour guitare.

Voilà, c’est un petit Lumet, une œuvre globalement pas très utile mais qui ne mérite pas non plus qu’on la brûle sur la place publique. Et c’est CinéCinéma Emotion qui la diffuse en ce moment en VM.
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