
Si on peut voir en Pig qu'un assemblage de scènes SM sans véritable sens, c'est surtout et avant tout pour l'amateur de cinéma transgressif un film onirico-macabre sur le double de soi, sur l'égo, cette dualité qui existe en tout etre humain, une allégorie sur le Bien et le Mal, une plongée au coeur de ce que l'âme humaine recele de plus noir.
On suit donc un homme affublé d'une tête de cochon qui se vérifie sa malette renfermant ses outils: des seringues, des dominos, des instruments chirurgicaux, un livre pour enfant "Mr Pig and Sonny too" et une bible noire truffée d'incantations, de symboles funestes, chiffres et secrets de tortures parmi les plus raffinées. Il roule à travers la Vallée de la Mort et fait monter à son bord un homme errant (joué par Williams, leader des Christian Death), le visage recouvert de bandelettes. Il l'emmène dans une maison isolée et lui fera subir les tortures et humiliations sexuelles les plus incroyables, toujours consentant...
Pig n'est ni plus ni moins qu'un indescriptible voyage aux tréfonds de l'âme humaine dans ce qu'elle a de plus immonde.
Truffé de symboles, parfois clairs parfois plus flous, Pig à l'instar d'oeuvres approchantes telles que l'herétique Begotten demeure un essai experimental, surréaliste, profondement dérangeant proche des travaux de Rudolf Schwarzkogler, artiste autodestructeur, adepte de l'art corporel qu'on retrouve dans l'univers fermé du shockdoc.
Pig est une plongée dans la sexualité sadomasochiste et la violence extrême pimentée de références au travail de Gidget Gein dont un tableau apellé Why do God allow me to do these things et à certaines oeuvres de Richard Kern, specialiste de la photo de cadavres et autres mutilations et atrocités à échelle artistique et spectacles à l'avenant.
Omni-présent le malaise sera accru lorsqu'on sait que les séquences de tortures ne sont jamais simulées, ( Williams s'est réellement fait infliger les tortures décrites) donnant à Pig son aura d'oeuvre snuff qui rejouit alors un certain public.
Ainsi a t'on droit entre autres réjouissances particulièrement dures et choquantes, toutes filmées de façon cliniquement explicites: des tetons percés à l'aiguille puis cousus, sonde enfoncée dans le pénis afin d'en extraire le sang à gros débit, pénis ( et quel penis

Rien est ici gratuit, le bourreau suit à la lettre les directives de sa Bible noire justement nommée Why God permits Evil? Il s'agit en fait d'un livre qu'écrivit Williams, sorte de testament qui ne fut jamais publié.
La notion de Bien et de Mal est une des bases de Pig. Les 2 personnages sont masqués, l'une d'une tête de porc, l'autre de bandelettes.
Ni le Bien ni le mal n'ont de visage, ils ne font en fait qu'une seule et même entité qui sommeille au plus profond de nos âmes et ne demande qu'à emerger, laissant exploser nos instincts les plus bestiaux, qu'on peut voir ici representés sous cette tête de cochon.
Chacun à en soi cette prépondérance aux plaisirs de souffrir et de voir souffrir, indissociable là encore. Quand l'abominable cachot dans lequel est recroquevillé l'Homme s'ouvre n'est ce pas l'image même de la porte de notre âme qui laisse s'échapper nos pulsions les plus perverses?
L'objectif final est ici la Mort, le bourreau emballant l'homme nu dans une nappe en plastique d'où emergeront les pieds ( et les chaussettes OUIII!!

Victime et bourreau, c'est ce que nous sommes tous, indissociables. Le voyage se terminera par une résurrection, l'Homme emergeant d'une carcasse aussi étrange qu'effroyable se dressant au milieu du désert en route vers un nouveau voyage. Ces notions de Bien et de Mal sont eternelles.
L'autre grande idée directrice de Pig est le suicide de son égo. Le bourreau à tête de porc n'est ni plus moins que le double, l'autre Moi de la victime, l'Homme aux bandelettes.
Ce tueur psychopathe aux pulsions SM dont on ne verra que le treillis et les rangers a pour double cette victime menottée qui le suit dans son trip. De la victime on ne verra qu'un oeil, inerte, consentant jusqu'à la mort.
Le meurtre de la victime est en fait le suicide du bourreau. Il se condamne lui même en torturant, humiliant et assassinant. Le masque du porc n'est que sa propre representation car c'est ce qu'il est, une bête. C'est la representation terrible de ses actes qui le répugnent pourtant.
Pig porte aussi l'empreinte de Christian Death, leurs références blasphematrices et certains de leurs shows notamment celui ou Williams se fit réellement crucifié sur scène laissant des stigmates à vie sur son corps.
Filmé en super 8, en N/B, il se dégage quelque chose de morbide, de suffocant, presque nauséabond. C'est une forme de cauchemar sans fin dont on aimerait sortir sans en être capable, un film extremiste, une forme d'introspection monstrueuse.
Tout est nu, le décor est froid, lugubre, cru, tout est là, pour susciter le malaise appuyé par la bande-son composée de bruits morbides, de sons étranges et maladifs, de cris, remplaçant toute forme de dialogues.
Pig est un film fascinant dans la beauté de son cauchemar et la réalité de ses scènes ( seule la mort de la victime fut feinte... précisons le

Un film aujourd'hui culte dans les milieux underground et l'univers goth... et pour Eric qui s'en delecta sous la couette, ne connaissant aucune limite.


Pour tous ceux qui veulent tester leur endurance.. et la réalité des images.
La bio survolée de Christian death: viewtopic.php?f=32&t=23046&p=308976#p308976
Le corbeau qui est un petit cochon mais surtout une bête.. de sexe!!
