Pig -1998- R. Williams / Nico B. ( Public TRES averti)

Science-Fiction, Horreur, Epouvante, Merveilleux, Heroic Fantasy et tout le toutim du Fantastique !

Modérateurs : Karen, savoy1, DeVilDead Team

Répondre
eric draven
Messages : 6509
Enregistré le : ven. avr. 30, 2004 1:23 pm
Localisation : Dans la beauté du sale, la beauté du mal, sous les croix en feu, violant, déféquant...

Pig -1998- R. Williams / Nico B. ( Public TRES averti)

Message par eric draven »

En raison du contenu des images et des themes soulevés, âmes sensibles s'abstenir.. Un pur Draven movie pour feter le printemps! 8)

Si on peut voir en Pig qu'un assemblage de scènes SM sans véritable sens, c'est surtout et avant tout pour l'amateur de cinéma transgressif un film onirico-macabre sur le double de soi, sur l'égo, cette dualité qui existe en tout etre humain, une allégorie sur le Bien et le Mal, une plongée au coeur de ce que l'âme humaine recele de plus noir.

On suit donc un homme affublé d'une tête de cochon qui se vérifie sa malette renfermant ses outils: des seringues, des dominos, des instruments chirurgicaux, un livre pour enfant "Mr Pig and Sonny too" et une bible noire truffée d'incantations, de symboles funestes, chiffres et secrets de tortures parmi les plus raffinées. Il roule à travers la Vallée de la Mort et fait monter à son bord un homme errant (joué par Williams, leader des Christian Death), le visage recouvert de bandelettes. Il l'emmène dans une maison isolée et lui fera subir les tortures et humiliations sexuelles les plus incroyables, toujours consentant...

Pig n'est ni plus ni moins qu'un indescriptible voyage aux tréfonds de l'âme humaine dans ce qu'elle a de plus immonde.
Truffé de symboles, parfois clairs parfois plus flous, Pig à l'instar d'oeuvres approchantes telles que l'herétique Begotten demeure un essai experimental, surréaliste, profondement dérangeant proche des travaux de Rudolf Schwarzkogler, artiste autodestructeur, adepte de l'art corporel qu'on retrouve dans l'univers fermé du shockdoc.

Pig est une plongée dans la sexualité sadomasochiste et la violence extrême pimentée de références au travail de Gidget Gein dont un tableau apellé Why do God allow me to do these things et à certaines oeuvres de Richard Kern, specialiste de la photo de cadavres et autres mutilations et atrocités à échelle artistique et spectacles à l'avenant.

Omni-présent le malaise sera accru lorsqu'on sait que les séquences de tortures ne sont jamais simulées, ( Williams s'est réellement fait infliger les tortures décrites) donnant à Pig son aura d'oeuvre snuff qui rejouit alors un certain public.

Ainsi a t'on droit entre autres réjouissances particulièrement dures et choquantes, toutes filmées de façon cliniquement explicites: des tetons percés à l'aiguille puis cousus, sonde enfoncée dans le pénis afin d'en extraire le sang à gros débit, pénis ( et quel penis :oops: ) lié afin d'empecher d'uriner, tatouage à la lame de rasoir du mot Pig sur le torse, entonnoir enfoncé dans la bouche afin de forcer la victime a ingurgiter ce qui semble être du sang jusqu'au trop plein et aux spasmes...

Rien est ici gratuit, le bourreau suit à la lettre les directives de sa Bible noire justement nommée Why God permits Evil? Il s'agit en fait d'un livre qu'écrivit Williams, sorte de testament qui ne fut jamais publié.

La notion de Bien et de Mal est une des bases de Pig. Les 2 personnages sont masqués, l'une d'une tête de porc, l'autre de bandelettes.

Ni le Bien ni le mal n'ont de visage, ils ne font en fait qu'une seule et même entité qui sommeille au plus profond de nos âmes et ne demande qu'à emerger, laissant exploser nos instincts les plus bestiaux, qu'on peut voir ici representés sous cette tête de cochon.

Chacun à en soi cette prépondérance aux plaisirs de souffrir et de voir souffrir, indissociable là encore. Quand l'abominable cachot dans lequel est recroquevillé l'Homme s'ouvre n'est ce pas l'image même de la porte de notre âme qui laisse s'échapper nos pulsions les plus perverses?

L'objectif final est ici la Mort, le bourreau emballant l'homme nu dans une nappe en plastique d'où emergeront les pieds ( et les chaussettes OUIII!! :@ )avant que la victime ne se reveille pour s'unir à son bourreau lors d'un plan aussi surréaliste qu'effroyable, leur tête s'enveloppant de bandelettes pour ne plus faire qu'une.
Victime et bourreau, c'est ce que nous sommes tous, indissociables. Le voyage se terminera par une résurrection, l'Homme emergeant d'une carcasse aussi étrange qu'effroyable se dressant au milieu du désert en route vers un nouveau voyage. Ces notions de Bien et de Mal sont eternelles.

L'autre grande idée directrice de Pig est le suicide de son égo. Le bourreau à tête de porc n'est ni plus moins que le double, l'autre Moi de la victime, l'Homme aux bandelettes.
Ce tueur psychopathe aux pulsions SM dont on ne verra que le treillis et les rangers a pour double cette victime menottée qui le suit dans son trip. De la victime on ne verra qu'un oeil, inerte, consentant jusqu'à la mort.

Le meurtre de la victime est en fait le suicide du bourreau. Il se condamne lui même en torturant, humiliant et assassinant. Le masque du porc n'est que sa propre representation car c'est ce qu'il est, une bête. C'est la representation terrible de ses actes qui le répugnent pourtant.

Pig porte aussi l'empreinte de Christian Death, leurs références blasphematrices et certains de leurs shows notamment celui ou Williams se fit réellement crucifié sur scène laissant des stigmates à vie sur son corps.

Filmé en super 8, en N/B, il se dégage quelque chose de morbide, de suffocant, presque nauséabond. C'est une forme de cauchemar sans fin dont on aimerait sortir sans en être capable, un film extremiste, une forme d'introspection monstrueuse.

Tout est nu, le décor est froid, lugubre, cru, tout est là, pour susciter le malaise appuyé par la bande-son composée de bruits morbides, de sons étranges et maladifs, de cris, remplaçant toute forme de dialogues.

Pig est un film fascinant dans la beauté de son cauchemar et la réalité de ses scènes ( seule la mort de la victime fut feinte... précisons le :mrgreen: ), une plongée vertigineuse dans l'univers des obsessions et des peurs de son auteur mise en images sur 23 minutes dont 2 mn de noir absolu en guise de final.

Un film aujourd'hui culte dans les milieux underground et l'univers goth... et pour Eric qui s'en delecta sous la couette, ne connaissant aucune limite. 8) 8)

Pour tous ceux qui veulent tester leur endurance.. et la réalité des images.

La bio survolée de Christian death: viewtopic.php?f=32&t=23046&p=308976#p308976

Le corbeau qui est un petit cochon mais surtout une bête.. de sexe!! :lol:
Modifié en dernier par eric draven le mer. oct. 07, 2009 12:04 am, modifié 1 fois.
Je pourrais vous tuer mille fois jusqu'aux limites de l'éternité si l'éternité possédait des limites.

MES FILMS: http://sd-1.archive-host.com/membres/up ... lms_56.rtf
Seb2
Messages : 2062
Enregistré le : lun. mai 03, 2004 2:07 pm
Localisation : avec Louise Cliffe !!!!!
Contact :

Re: Pig -1998- R. Williams / Nico B. ( Public TRES averti)

Message par Seb2 »

en effet, en voila un court bien étrange ( 23 minutes ) et si barré !!! un dvd limité à 1334 exemplaires est plus ou moins dispo

Image

http://www.amazon.com/Pig-Limited-Rozz- ... 072&sr=1-1

avec pas mal de bonus, et un livret.... des plus étrange !!!!

Image

Image

effectivement, pour public averti !
ottorivers
Messages : 11
Enregistré le : mer. févr. 18, 2009 8:34 pm
Contact :

Re: Pig -1998- R. Williams / Nico B. ( Public TRES averti)

Message par ottorivers »

Oui mais un public avertit en vaut deux. :wink:

Je ne l'ai toujours pas vu, je m'attends un peu à un truc genre "Subconscious cruelty" de Karim Hussein, que j'ai voulu voir pendant longtemps et qui malgré des scènes chocs et bien barrées m'avait paru un peu long, là au moins ce ne sont que 23 minutes mais pour le même prix.
neomasta
Messages : 103
Enregistré le : ven. mars 10, 2006 6:17 pm
Contact :

Re: Pig -1998- R. Williams / Nico B. ( Public TRES averti)

Message par neomasta »

eric draven a écrit :On y extrait deux grands thèmes: une allegorie sur le Bien et le Mal, la dualité présente en tout un chacun et le suicide de l'Autre, son double, son égo.
(...)
Ainsi a t'on droit entre autres réjouissances particulièrement dures et choquantes, toutes filmées de façon cliniquement explicites: des tetons percés à l'aiguille puis cousus, sonde enfoncée dans le pénis afin d'en extraire le sang à gros débit, pénis ( et quel penis :oops: ) lié afin d'empecher d'uriner, tatouage à la lame de rasoir du mot Pig sur le torse, entonnoir enfoncé dans la bouche afin de forcer la victime a ingurgiter ce qui semble être du sang jusqu'au trop plein et aux spasmes...


Je dois pas être assez "averti"... Mais comment dire.. Tout ça pour ça ?! :lol:
Chacun son truc, je ne me risquerais pas à critiquer les personnes aimant ce genre de film, mais je m'interroge: aime t'on ce film pour un véritable message plus ou moins philosophique et allégorique ? Ou plus pour sa rareté, sa dimension hors-normes et extrême de la violence ?
Est-ce que les deux manières de percevoir ce film sont réellement complémentaires, ou n'y en a t'il pas une des deux qui sert de prétexte à l'autre ?
N'ayant pas vue la chose, je sais que du coup je devrais la fermer, mais je dois dire que décrite comme telle, cette oeuvre m'inspire ce que j'appellerais de la "barbarie confortable" :lol:
eric draven
Messages : 6509
Enregistré le : ven. avr. 30, 2004 1:23 pm
Localisation : Dans la beauté du sale, la beauté du mal, sous les croix en feu, violant, déféquant...

Re: Pig -1998- R. Williams / Nico B. ( Public TRES averti)

Message par eric draven »

Comme la plupart de ce type d'oeuvres, que ce soit Subconscious cruelty, divided into zero et autre Begotten, films qui se rapprochent de Pig dans leur fond et leur forme, on peut y voir beaucoup de choses.. chacun peut y trouver ses interprétations donc il est assez difficile d'en tirer une seule explication..
Mais ici les deux thèmes principaux selon moi sont complementaires et il faut avoir à l'esprit que Pig est en premier lieu la mise en image des obsessions et peurs de Williams, une projection de ses cauchemars les plus profonds, et ainsi fourmille tout au long de ces 23 minutes moultes references a sa vie et a Christian Death également que les puristes et fans de première heure pourront expliquer de long en large et en longs débats..

Quant à pourquoi aime t'on ce type de films, voila un autre débat.. sur lequel je ne m'aventurerais pas ici. Chacun trouve son plaisir ou il le souhaite et trouve dans le cinéma ce qui le rend joyeusement ou morbidement heureux... Quant à moi, on connait mes gouts je pense. Mais j'aime beaucoup le terme "Barbarie confortable" que tu emploies..

Revenons à Pig..
Ecrit par Rozz Williams donc et mis en scéne par Nico Bruinsima dit Nico B. un ami hollandais de Williams... un travail de longue haleine qui prit un an et demi en tout.. mais malheureusement Williams se suicida avant la sortie du film qui connut une première aux USA avant d'être banni un peu partout dans le monde.

L'histoire de Pig débute le jour où Williams découvrit un masque de porc et l'acheta, fasciné, obsédé par cette chose jusqu'a vouloir lui donner vie et en faire lentement un double de Lui.. L'animal qui est en nous. Ainsi naquit Pig...

Williams y mit beaucoup de lui même, Pig devait être le reflet de ses pires peurs et obsessions.. Nico y rajouta quelques séquences par la suite.
Adepte du SM, James Hollan, ami de Williams, subit toutes les tortures vues dans le film.. 23 mn en tout dont 2 d'écran noir total en guise de fin.

Le film fourmille d'indices et de symboles religieux, de references a Christian death que le fan saura remettre comme le chiffre 1334, chiffre fétiche de Williams qu'on retrouve souvent dans sa discographie.. et aussi le titre Dec. 30 1334 qui debute par cette phrase: By the time you hear this message, i'll be gone.. evidente signe de son suicide prochain.. mis en scene dans Pigs comme une forme de premeditation.

La Bible Noire est celle de Williams lui même, testament qu'il avait écrit.. rempli de chiffres, taches, symboles et signes esoteriques entre deux dessins morbides... ouvrage débutant par ces mots: j'ai arrêté de lutter et j'ai fait ce que Dieu attendait de moi.. phrase qui sert de point de départ au film: cesser de lutter contre nos instincts ey obeir à ce Dieu nous aime sales meurtriers et laids.

Quant aux references et influences de Williams il faut les trouver notamment chez Schwarzkogler, artiste maudit et auto-destructeur, fasciné dans ses travaux par la exualité sado-masochiste, la violence extrême et la complexité du symbolisme mais aussi par les instruments chiriurgicaux qu'on retrouve ici.

Autre influence: celle de Richard kern, artiste maudit encore obsédé par les cadavres et la fascination morbide de la mise en image de la Mort... des mutilations, des atrocités elevées au rang d'oeuvres d'art morbides et repoussantes...
L'amateur verra aussi une reference notoire a un de ses films les plus connus mais dont il est impossible de parler ici, vu son contenu innommable :(, The right side of my brain ( axé sur la sexualité maladive et morbide d'une femme, 20 mn au dela de toute description, un classic du film dit snuff) tout comme a un autre film Death valley 69 pour le décor..

Des influences il y a aussi de Ron Athey, là encore fasciné par le coté chirurgical et grand performer live des pires atrocités sur scene: urologie, scatologie, SM, perversions sexuelles extremes, mise à mort d'animaux.. necrophilie..
Les travaux de Gein également dont un tableau nommé Why do god allows me to do all these things?

Et cette question est la ligne directive du film finalement..

Tout ceci pour dire que rien n'est gratuit dans Pig.. Le cinéphile pourrait même y voir des references à Lynch notamment Eraserhead auquel parfois il fait songer.
Mais pour certains Pig ne sera qu'un interminable étalage complaisant et gratuit de provocations, un écoeurant n'importe quoi heretico-pervers.. C'est la loi de ce type d'oeuvres..

La bande-son composée par Williams lui même fut terminée par Chuck Collison après le décés de Williams.. Bande-son compsée de cris, de suffocation, de bruits étranges et terrifiants qui rapellent l'album experimental de Williams: Premature ejaculation.

Il existe un DVD du film, très jolie galette agrémentée d'un obscur livret grimoire.. mais il est certain que ce type de film n'est pas a mettre entre toutes les mains.. au risque de faire fuir ou ecoeurer.. encore moins devant des esprits obtus.

Et une Bible en la matiere pour tout decouvrir sur Kern, Scharwkogler, Gein, Athey et bien sur Pig et tous les mondos et shockdoc, le magnifique ouvrage: Killing for culture: the legend of snuff films.

Eric adore, un de mes films de chevet avec outre Salo, Subconscious cruelty et autre Divided into zero.. Le cinéma que j'aime et me rend heureux.

Le DVD: magnifique jaquette 8)

Image

Quelques images:

Image

Un oeil terrifié mais apathique et consentant dans la violence la plus extreme

Image

Le terrible cachot ou le symbole de notre ame dans ses pires retranchements

Image

L'incroyable et surréaliste union de la victime et du bourreau en une seule entité

Image

Image Image

Bois ton sang jusqu'a plus soif!

Image

Pour le novice, un exemple en lien des oeuvres de Shwarzkogler:

http://veganarkist.free.fr/pics/pig/sch ... _ar_06.jpg

Et le tableau de Gein Why do God allows me to do these things?

http://veganarkist.free.fr/pics/pig/deargod.jpg
Je pourrais vous tuer mille fois jusqu'aux limites de l'éternité si l'éternité possédait des limites.

MES FILMS: http://sd-1.archive-host.com/membres/up ... lms_56.rtf
eric draven
Messages : 6509
Enregistré le : ven. avr. 30, 2004 1:23 pm
Localisation : Dans la beauté du sale, la beauté du mal, sous les croix en feu, violant, déféquant...

Re: Pig -1998- R. Williams / Nico B. ( Public TRES averti)

Message par eric draven »

Un petit lien donnant sur une interview de Nico B. le réalisateur..

http://www.hipmagazine.com/nicob.htm
Je pourrais vous tuer mille fois jusqu'aux limites de l'éternité si l'éternité possédait des limites.

MES FILMS: http://sd-1.archive-host.com/membres/up ... lms_56.rtf
Répondre