Victime des déchets toxiques déversés dans son marécage, un alligator mutant, devenu géant, s'attaque aux habitants de la petite ville voisine en passant par les égouts. Personne ne croyant les rares témoins ayant aperçu le monstre, les meurtres se multiplient. Une scientifique et un flic mènent l'enquête ...
Suite / remake de l’Alligator de Lewis Teague, réalisé 10 ans plus tôt, Alligator II the Mutation tente à l’évidence de retrouver la recette gagnante de son modèle en misant sur la même approche décalée que celle imaginée précédemment, à savoir un savoureux mélange d’horreur et d’humour teinté de considérations sociales, ainsi qu’en rassemblant un beau casting de gueules bis / has been, pour le coup presque aussi séduisant que celui du film d'origine. Malheureusement le résultat, qui se traine une sale réputation, se révèle être une sévère déception qui ne réitère pas l’exploit accompli par l’Alligator version Teague, must du film de croco serial killer.
Les raisons de cet échec ne manquent pas, même si fondamentalement la différence qualitative entre les 2 films peut se résumer en 1 nom : John Sayles, scénariste du premier opus, remplacé ici par un certain Curt Allen, lequel se contente de recopier besogneusement la copie de son camarade. Absence de motivation d’une part, manque de créativité de l’autre : scénaristiquement parlant le film n’a rien à offrir, et comme c’était là la grande force du premier opus, Alligator II part avec évidemment un sérieux handicap. L’humour est donc poussif, la satire sociale tombe à l’eau et la partie suspense horrifique totalement absente du récit. Et lorsqu’on se surprend à sourire, c’est généralement au détriment du film, qui aligne tout de même un bon paquet de scènes ridicules (telle celle où le méchant promoteur du film flinguant le maire au milieu de la fête foraine) dont je ne peux croire qu’elles le soient volontairement. Venant ternir un peu plus ce sombre tableau, la partie attaque animalière de l’intrigue n’est guère plus satisfaisante. La bestiole ne fait pas beaucoup de victimes, pour la plupart très ciblées d’ailleurs, et ses attaques meurtrières ne s’autorisent aucun débordements gores. Enfin, alors que les personnages ne cessent de nous répéter qu’il s’agit d’un animal hors norme par la taille, une chose mutante tenant davantage de la machine que de l’être vivant (dixit plus ou moins Dee Wallace), on nous offre à voir un alligator aux dimensions tout ce qu’il y a de plus banales. De ce décalage nait évidemment quelques sourires en coin de plus, d’autant que lorsque les auteurs délaissent leur vrai croco pour une créature activée mécaniquement, notamment lors des séquences d'attaques terrestres, l’embarrassante absence de charisme de l’animal franchit dès lors allègrement les limites de l’acceptable.
Maintenant je me dois aussi de remarquer que l’ensemble, aussi peu inventif et par moment mollasson soit-il, a au moins le mérite de proposer une belle variété de décors – l’antre de l’animal est même plutôt réussie, dégageant un appréciable petit parfum old school - et une figuration assez généreuse dans les scènes de foule. Bref, on a l’impression de voir un film de cinéma et non une production fauchée destinée directement au marché domestique. Et ça, c’est quelque chose qui fait toujours plaisir. Enfin, il va sans dire que le principal attrait du film demeure sa chouette distribution, au sein de laquelle émerge Richard Lynch en chasseur d’alligators à l’accent cajun. De son côté, Steve Railsback demeure stoïque dans son rôle de vilain, mais son personnage est si désespérément caricatural qu’on ne peut lui imputer intégralement cette décevante performance.
La critique du DVD Zone 2 sur le site :
http://www.devildead.com/indexfilm.php3?FilmID=836
