ST est un petit film sorti d’une autre epoque, tant une curiosite qu’une rarite.
Au niveau du realisme, l’amateur de film de guerre risque d’etre un peu « dephase » par le spectacle qui oscille entre la comedia dell’ arte dans sa caracterisation « genereuse » de la faune si pitoresque qui hante la cite phoceenne, et le drame sous-jacent a l’occupation et aux hommes qu’elle cree des deux cotes.
L’ambiance generale semble souvent preferer l’exagerration (souvent "romantiques"), rendant le film parfois aussi realiste qu’une « Grande Vadrouille », impression contre-balancee par des soudaines irruptions de drames et de violence beaucoup plus « realistes » dans le recit.
Ainsi, si les evades britanniques semblent avoir du mal a rester caches, mais le fait que tout-le-monde parlent couramment la langue de Shakespeare dans le port les aident neanmoins.

Les allemands quant a eux, semblent avoir un mal de chien a controller la cite, certains diraient naguere que les forces de police semblent avoir le meme probleme encore de nos jours

L’introduction d’un « docteur Petiot » local dans le recit, parait pour le moins incongrue, mais renvoit aux deux facettes de la population des territoires occupes, les collaborateurs et profiteurs d’un cote, et les resistants passifs ou actifs de l’autre. A noter neanmoins, que pour ce qui est essentiellement une serie B britannique, realisee par un argentin de surcroit, le film a le bon ton de ne pas brocarder nos amis francais et de plutot les regarder d’un oeil attendri.
Ainsi, souvent le metrage donne l’impression d’etre un melange de plusieurs recits qui meriteraient tous leur traitement separe. En fait, pour un recit aussi touffu, une serie tv aurait peut-etre ete plus judicieuse, et aurait permis un meilleur equilibre dans la narration.
La realisation de Fregonese, transfuge d’Argentine, se montre a l’aise dans toutes situations, humoristiques ou non, et donne le relief necessaire a tous les personnages quelles que soient les situations. D’autres « faits d’armes » du realisateur seront plus tard Die Todesstrahlen des Dr. Mabuse (1960), un Mabuse tardif, Old Shatterhand (1964), un euro-western de marque « Winnetou » et Los Monstros del Terror (1970), un Paul Naschy.
A la vue de ce metrage, et surtout de son final superbement maitrise aux relents de film-catastrophe, l’on ne peut que se demander pourquoi le talent de Fregonese n’a pas ete plus demande dans l’industrie.
A l’arrivee, et meme si l’on ne peut que se demander ce qui a pousser les producteurs britanniques a se lancer dans cette entreprise et de l’approche desiree a la base (entre le drame et l’humour—volontaire quand meme—elle reste effectivement un tantinet floue), l’on ne peut que leur donner credit d’avoir tourne sur les lieux meme, car ayant donne un role au plein sens du terme a cette ville si pitoresque.
A voir, pour l’interpretation juste des acteurs et surtout, pour Marseille, l’eternelle enfant terrible, et ce, quel qu’en soit le « maitre des lieux».
Seven Thunders : 3.75 / 5